Dans son numéro de novembre 2013, la Harvard Business Review a publié un article écrit par des universitaires américains, titré : « Décider comment décider ». Si les auteurs estiment qu’il est impossible d’éliminer le risque associé à n’importe quelle décision stratégique, il est néanmoins possible de le limiter. Les outils actuels, notamment ceux qui aident à l’élaboration de scénarios, sont bien sûr performants, mais ils ne fonctionnent de façon optimale que lorsque l’environnement est plutôt stable, avec un accès à suffisamment d’informations.
Toutefois, ils perdent en efficacité s’il s’agit de s’aventurer sur un nouveau terrain (un nouveau modèle d’affaires, par exemple), ou lorsque l’environnement économique devient très fluctuant, comme c’est le cas aujourd’hui. Et les outils décisionnels, qui prolifèrent sur le marché, supposent que les managers qui s’en servent ont accès à la bonne information, de bonne qualité. Les auteurs de l’étude estiment que les biais proviennent de trois sources : la sous-estimation de l’incertitude, la lourdeur des processus organisationnels, qui faussent ou ralentissent la prise de décision, et la mauvaise appréhension du moment où il faut prendre la décision.
Ils suggèrent ainsi, avant d’investir dans un outil décisionnel, de répondre à trois questions : connaît-on les variables qui déterminent la performance ? Peut-on identifier l’éventail des options possibles ? Quel est le degré de centralisation de l’information disponible ? Ainsi, dans un contexte où l’on connaît toutes les variables, toutes les options possibles et où l’on dispose, de manière centralisée, d’informations en quantité, on n’utilisera pas les mêmes outils que dans un contexte de réelle incertitude.
Cela paraît évident mais, à constater comment les entreprises ont investi en outils décisionnels, qui sont souvent surdimensionnés, mal utilisés et peu évolutifs, il n’est pas inutile de rappeler que le travail en amont est toujours profitable et que la remise en cause des idées reçues s’avère pertinente