Le cloud et ses coûts : la vigilance s’impose

Selon le cabinet Markess, la part des dépenses en solutions cloud (SaaS, PaaS, IaaS), dans les budgets IT des entreprises françaises, aura été multipliée par 1,7 entre 2017 et 2020, passant de 26 % à 44 %.

« A fin 2020, les entreprises anticipent que 48 % de leur parc applicatif sera dans le cloud public et une entreprise sur quatre anticipe une proportion de plus de 75 % » affirme Emmanuelle Olivié-Paul, directrice associée de Markess. Une tendance confirmée par Teknowlogy Group : pour Mathieu Poujol, vice-président sécurité, cloud et infrastructures du cabinet, qui est intervenu lors des derniers Cloud Days organisés par Outscale, « en 2022, il y aura plus d’IT dans le cloud (52 %) que d’IT qui n’y sera pas (48 %) », alors que la proportion était, en 2018, plutôt de 70 % pour le non-cloud et de 30 % pour le cloud.

« La première justification de migrer dans le cloud n’est pas le coût mais l’agilité, si l’entreprise n’a pas de besoins de flexibilité, c’est moins coûteux d’avoir des infrastructures dédiées », assure Laurent Maury, vice-président SI critiques et cybersécurité de Thalès. C’est le cas de PSA, par exemple : « Nous ne cherchons pas des économies avec le cloud », assure Noël Cavalière, Chief Technical Architect chez PSA. Le groupe automobile a une stratégie cloud hybride, mais pas de migration massive dans le cloud public. « Nos systèmes Legacy ne sont adaptés et cela demanderait trop d’efforts. Le cloud public est toutefois utilisé pour rechercher l’agilité, accéder à de nouvelles technologies ou fonctionnalités, ou pour se déployer là où nous ne sommes pas. »

Des économies potentielles de 30 à 40 %

Lors des rencontres du cloud 2019, qui se sont tenues le 4 juillet, une table-ronde a fait le point sur la problématique des coûts du cloud, avec les témoignages de Bonduelle, Exide Technologies et Mappy. Bonduelle a fait le choix, il y a deux ans, de migrer 100 % de son Legacy chez Amazon, essentiellement pour des questions de Time to Market. « Avec le cloud, on gagne 30 % sur les coûts, mais il faut suivre de très près la consommation », précise Marie-Charlotte Bouchery, DSI de Bonduelle, qui a mis en place une démarche Finops.

« Nous avons des règles d’or pour limiter les coûts, car l’agilité sans cadre coûte très cher. Par exemple on ne peut dépenser plus de 500 dollars par mois pour une sendbox qui ne doit pas être utilisée plus de deux semaines. Il faut plus généralement sensibiliser les utilisateurs des services dans le cloud, parce que ça coûte cher, notamment pour des applications de Big Data. » En termes d’économies, la DSI de Bonduelle, estime que les gains se réalisent principalement sur la maintenance, l’hébergement et les ressources humaines.

Sylvie Charissoux, CTO d’Exide Technologies, a rappelé que son entreprise, fabricant de batteries, a connu de nombreuses difficultés financières et a stoppé ses investissements. « Il nous fallait quand même gérer l’obsolescence de nos systèmes, en particulier des AS/400, d’où l’intérêt de migrer dans le cloud, avec des modèles financiers justifiés, basés sur du pur Opex », explique-t-elle. Pour Sylvie Charissoux, le cloud permet, avec un engagement sur plus de cinq ans, de gagner jusqu’à 40 % sur les coûts.

Chez Mappy, la fermeture du datacenter a entraîné la migration de 4 500 serveurs chez Google et Azure : « Le premier mois, nous n’avions pas d’outils de monitoring pour identifier qui fait quoi, d’où des surcoûts de plusieurs dizaines de milliers d’euros, juste pour la phase de tests », explique Cyril Morcrette, CTO de Mappy. Depuis, l’entreprise a imposé des garde-fous, « en termes de courbe d’apprentissage sur le monitoring et de culture d’entreprise, pour préciser qui a le droit de faire quoi et comment on assure le monitoring. »

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