Les hyperscalers face aux datacenters de proximité

Dans notre monde où les données sont devenues la nouvelle matière première, les datacenters se sont imposés comme des infrastructures essentielles. Ces immenses entrepôts de données, véritables cerveaux du monde connecté, sont au cœur de nombreux enjeux : souveraineté, compétitivité, innovation, et même environnement. Et sur ce marché, deux modèles principaux s’affrontent : les hyperscalers, géants mondiaux du cloud, et les datacenters de proximité, acteurs locaux misant sur la souveraineté et la proximité.

Les hyperscalers dominent le marché

Les hyperscalers, tels que Google, Amazon Web Services (AWS) ou Microsoft Azure, dominent le marché mondial avec leurs infrastructures colossales. Ils proposent des services cloud à l’échelle planétaire, séduisant les grandes entreprises par leurs économies d’échelle, leur large gamme de services et leur disponibilité quasi infinie. Ces géants technologiques investissent massivement dans le développement de nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle ou le machine learning, offrant ainsi des solutions innovantes à leurs clients. Cependant, leur modèle centralisé soulève des questions de souveraineté, de dépendance technologique et de concentration des données.

Beaucoup d’entreprises qui avaient opté pour les gros acteurs du cloud public tels que AWS, Microsoft Azure et Google Cloud Platform, en reviennent désormais. Les raisons sont simples : le coût élevé de ces solutions et le verrouillage technologique qu’elles induisent. Les entreprises décident donc de plus en plus fréquemment de réintégrer une partie de leur IT en choisissant une configuration on-premise, soit au sein d’une salle serveurs hébergée chez elles, soit au sein d’un datacenter de proximité.

Les datacenters de proximité : de plus en plus une alternative

En face, les datacenters de proximité se positionnent comme une alternative plus souple et plus sécurisée. Ces infrastructures, souvent de taille plus modeste, sont implantées au cœur des territoires et répondent aux besoins spécifiques des entreprises locales, des collectivités territoriales et des acteurs de l’économie numérique. En misant sur des technologies européennes et un actionnariat local, ils offrent une solution de stockage de données plus souveraine, permettant ainsi aux entreprises de garder le contrôle sur leurs données sensibles et de respecter les réglementations en vigueur.

La localisation des données est un enjeu stratégique pour les États et les entreprises. Les datacenters de proximité permettent de réduire la dépendance vis-à-vis des acteurs étrangers et de renforcer la sécurité des données. De plus, en étant répartis sur le territoire, ils contribuent à renforcer la résilience des systèmes d’information en réduisant les risques de panne et de cyberattaques. Les datacenters de proximité sont souvent au cœur de clusters d’innovation, favorisant l’émergence de nouvelles entreprises et de nouveaux services numériques. Et le développement de l’edge computing, qui consiste à rapprocher les traitements de données des sources de données, pourrait renforcer le rôle des datacenters de proximité.

Mais les défis des datacenters de proximité sont nombreux. Il est difficile pour les acteurs locaux de concurrencer les géants du cloud en termes de prix et de capacité. De plus, la construction et l’exploitation d’un datacenter nécessitent des investissements importants. Les datacenters de proximité doivent également convaincre les entreprises de leur apporter leur confiance et de migrer leurs données.

Le marché des datacenters est en constante évolution. On observe une tendance à l’hybridation, avec des entreprises utilisant à la fois les services des hyperscalers et les infrastructures des datacenters de proximité. Cette approche permet de bénéficier des avantages de chaque modèle tout en maîtrisant les risques. Le duel entre les hyperscalers et les datacenters de proximité est donc loin d’être terminé. Les deux modèles ont leurs atouts et leurs faiblesses. Le choix d’une solution dépendra des besoins spécifiques de chaque entreprise et des enjeux de souveraineté numérique de chaque pays.

 

Cet article a été rédigé par Damien Desanti, fondateur de Phocea DC