A l’ère de la communication généralisée, de l’invasion des réseaux sociaux et de la surabondance d’informations, il est tentant de manipuler l’information. Dix techniques principales sont utilisées et qu’il est bon de connaître, soit pour les utiliser à son profit, soit pour ne pas se laisser berner.
Les professionnels des médias et de la communication ont acquis un savoir-faire en matière de présentation de l’information. Dans son ouvrage (« Le viol des foules par la propagande politique », Gallimard), déjà ancien (il est paru au début des années 1950). S. Tchakotine souligne que le journaliste est «un ingénieur d’âmes, il connaît parfaitement l’instrument sur lequel il joue, tout le clavier des pulsions et instincts humains, de leurs bas-fonds, de leurs sublimations ; il doit pouvoir provoquer à dessein, dans les multitudes, les réflexes conditionnés acquis, inhiber les uns, en désinhiber d’autres, en créer de nouveaux, déclencher des actions. (…) il a la possibilité (et il s’en sert couramment) de faire appel à l’émotivité du lecteur», notamment par l’abus de la « langue de coton », l’oubli d’éléments essentiels, ou des sous-entendus. » Des techniques que l’on retrouve toujours aujourd’hui, notamment à travers les informations diffusées par les communicants.
Comment manipuler l’information, qu’elle soit écrite ou exprimée lors d’interviews ? On peut utiliser dix techniques principales :
– La contre-vérité non vérifiable : lorsqu’il n’y a pas de témoin ou d’explications d’experts indépendants, le lecteur aura davantage de difficultés à identifier la vérité.
– Le mélange vrai-faux : par exemple, avec des témoignages contradictoires ou flous.
– La déformation du vrai : on reconnaît les faits, mais avec ironie ou contre-questions.
– La modification du contexte : avec des variations sur les causes, les conclusions, etc.
– L’estompement : on noie le fait vrai dans un flot d’informations sans réel intérêt.
– Les vérités sélectionnées : avec l’utilisation de détails véridiques mais incomplets.
– Le commentaire appuyé : les faits ne sont pas modifiés, mais la conclusion générale est hors contexte.
– L’illustration : on passe d’une problématique générale à des faits particuliers, qui constituent l’événement.
– La généralisation : avec le recours aux concepts, aux valeurs universelles, etc.
– Les parts inégales : on utilise des commentaires de tiers, mais avec une sélection en fonction de l’objectif poursuivi, d’où une information partiale.