Imaginons un DG sur le départ qui, dans son dernier discours-bilan devant ses actionnaires, souhaite attribuer/léguer les lauriers d’un système d’information particulièrement performant : va-t-il en attribuer tout le mérite au DSI, avec qui il travaille depuis longtemps, qu’il a lui-même recruté et qui l’a accompagné dans la construction du système d’information pendant de nombreuses années ? Ou bien au nouveau Chief Digital Officer, arrivé plus récemment dans l’entreprise, qu’il a également choisi et adopté, mais avec une nouvelle compagne qui s’appelle la transformation numérique. Et de qui il est très proche, sans pour autant renier les liens technologiques avec le DSI.
Qui seraient donc les héritiers du numérique et ce qui en a fait le succès, en l’occurrence le système d’information qui existe depuis longtemps ? Si le DG, sous la pression des actionnaires séduits par la transformation digitale, lègue toute la fortune immatérielle de l’entreprise au CDO, le DSI pourrait arguer que c’est lui qui a largement contribué à la faire fructifier, par ses choix judicieux, sa capacité de travail et sa maîtrise des coûts. Et ce n’est pas la nouvelle compagne digitale, qui a su séduire le DG par sa jeunesse et son modernisme, qui pourrait remettre en cause les liens historiques entre l’IT et la croissance vertueuse de l’entreprise. Ce dilemme pourrait rapidement virer au procès d’intention. Surtout pour s’attribuer la propriété des données…
A moins que ce soit finalement le droit californien qui s’applique, parce que toutes les data sont stockées chez Amazon ou Google et que personne n’a lu les conditions contractuelles… Si Johnny Hallyday avait été DSI, il en aurait tiré le principe suivant de management du SI : « Rien ne sert d’allumer le feu si tu veux garder quelque chose de ton SI ! »