L’un des obstacles les plus souvent cités à toute stratégie technologique, ou digitale pour faire moderne, concerne l’absence de vision. Ou plutôt la persistance d’une myopie numérique. Une notion intéressante, car on peut facilement établir un parallèle entre la vision stratégique et la vision physique.
Rappelons qu’un sujet atteint de myopie a une vision de loin floue, sans possibilité d’auto-compenser ce trouble. Par contre, la vision rapprochée est parfaitement nette. C’est le même phénomène pour la vision stratégique : les directions générales et les managers ont une vision claire de ce qui les entoure à un moment donné, car ils disposent de faits et de chiffres pour bien décrire la réalité.
Mais la vision de loin, à un horizon stratégique à moyen ou long terme, se trouve altérée. Pour les individus, la myopie est corrigée par des lunettes. Mais comment faire pour corriger la vision stratégique ? On peut imaginer des lunettes stratégiques à double foyer.
Le premier consiste à apporter un regard extérieur, par exemple avec des consultants qui disposent d’un recul nécessaire pour replacer les enjeux dans un contexte, de méthodologies pour se focaliser sur l’essentiel ou d’idées que les managers et les directions générales, entravées par la gestion du quotidien, ont du mal à exprimer naturellement.
Le deuxième consiste à corriger la vision stratégique avec un regard interne, par exemple en favorisant la créativité, l’innovation et l’autonomie des collaborateurs pour faire éclore de nouvelles idées. Il reste l’opération laser, qui va redonner une vision de loin. En matière de transformation numérique, c’est cette vision à long terme qui manque souvent aux directions générales et au management intermédiaire.
C’est bien sûr compréhensible, tant le poids du quotidien, du reporting et des décisions qui ne peuvent attendre, est lourd. Mais faut-il prendre le risque de trébucher, voire de chuter, faute de n’avoir pas vu les obstacles ?