Fabernovel apublié une analyse sur l’IA générative, rédigée par Diego Ferri, directeur de la stratégie et Cyril Vart, associé EY Fabernovel. Après la grande messe annuelle des développeurs pour les environnements Apple (le 10 juin 2024), l’Apple Worldwide Developers Conference ou WWDC, il est intéressant de décrypter ce qu’il s’y prépare en coulisse, en prenant de la hauteur sur toute cette année marquée par l’omniprésence de l’IA générative et où le géant à la pomme s’est fait plus discret.
La discrétion, marqueur du géant à la pomme
Si le géant à la pomme a été souvent critiqué ces derniers mois pour son positionnement discret sur les technologies d’IA générative face aux grandes annonces d’investissements, de coalitions et de surenchères dans la sortie de modèles de LLM généralistes toujours plus efficaces des géants du numérique, il n’en demeure pas moins, actif en coulisse.
Une des spécificités de la marque a toujours été de proposer des produits et services aboutis dès leurs sorties. Alors que les éditeurs comme Microsoft nous ont habitués à tester des technologies directement sur le marché puis de les améliorer en continue, “test and learn”, Apple applique cette méthode, mais dans le plus grand secret.
Dire que l’entreprise est en retard par rapport à cette révolution de nouvelles technologies génératives semble donc prématuré.
Avec ses logiciels comme Siri pour son assistant vocal, le FaceID lancé il y a 6 ans en passant par la connectivité avec Airdrop ou même côté hardware avec ses montres connectées pour suivre et prédire ses niveaux cardiovasculaires sans même courir sur un tapis roulant d’hôpital, l’entreprise embarque l’IA depuis des années sans que nous nous en rendions compte.
Et c’est sans doute la différence : sa vision de l’IA fait partie de son expérience utilisateur globale, le fameux “sans friction” qui demande aucun effort pour l’utilisateur, en gardant une proposition de valeur forte. Discret donc, mais actif.
Vers le awareness AI
Si demain, nos applicatifs devenaient encore plus intelligents ? Les américains l’appellent déjà le nouveau “Awareness AI”. Quand on préparera son prochain voyage par exemple, l’expérience sera augmentée avec une IA capable de me proposer le meilleur parcours clé en main tant sur les créneaux de trains que sur un agenda personnalisé de vacances, en fonction de mes goûts devinés de mes photos et selon le budget disponible sur mon compte bancaire…
Pourquoi me demande-t-on encore aujourd’hui de mettre des étoiles à un film que j’ai arrêté au bout de 5 minutes par exemple ? L’expérience utilisateur gagnerait encore à être simplifiée. Et qui de mieux qu’un acteur qui communique depuis des années sur l’importance de la sécurité et de la protection des données personnelles pour s’emparer de ce nouveau niveau d’expérience ?
Sans compter qu’il est le seul éditeur à maîtriser la fabrication de ses puces et que l’autre défi de l’IA étant la consommation d’énergie, l’edge computing qui est une des solutions demandera à s’implanter directement dans le hardware. Une meilleure expérience est paradoxalement la possibilité de nous faire gagner du temps et de réduire celui passé sur nos écrans.
Alors que nous sommes submergés par une multitude d’applications d’IA, sans toujours savoir laquelle choisir ni à laquelle s’abonner, tout comme les nombreuses plateformes de streaming vidéo qui peuvent occuper notre portefeuille, nous attendons le moment où l’IA générative sera plus directement intégrée dans nos applications et usages actuels, en améliorant notre expérience, plutôt que sur des plateformes externes. Le prochain combat sera-t-il celui de l’expérience ?
Même si l’inventeur du smartphone et de la marketplace d’application semble technologiquement en bonne position pour intégrer l’IA générative, n’oublions pas aussi qu’il est défié sur les aspects économiques et monopolistiques de ses pratiques business.
Une inconnue reste par ailleurs le coût pour les développeurs et éditeurs d’applications pour pouvoir continuer d’“accéder” à ses clients, et ses règles d’acceptations pour être publié par la marketplace. Pour le consommateur, la question se posera aussi sur l’obsolescence des smartphones “sans IA” qui peut favoriser une obsolescence accélérée de nos “vieux” smartphones.
Ces questions appellent à une vigilance accrue des consommateurs et du législateur européen (l’IA se nourrit de données personnelles) sur les conditions d’accès et le coût de ces innovations.