« La croissance demande une élévation de la productivité, la technologie permet une rupture et les DSI sont des leviers pour aider à ce besoin d’augmenter la productivité », résume Graham Waller, analyste chez Gartner, qui est intervenu sur ce thème lors du Symposium Gartner 2023. Depuis les années 1970, la croissance de la productivité dans les pays de l’OCDE ralentit de manière significative : supérieure à 3 % par an dans les années 1970, la croissance de la productivité se situe autour de 1,5 % par an depuis les années 2000.
La productivité, sujet délaissé par les DG
Les dirigeants d’entreprises n’ont apparemment pas porté suffisamment d’attention à cette décélération. « Ils ont négligé ce facteur et poursuivi d’autres routes de croissance, notamment en profitant des dérégulations dans les années 1980 et 1990 et de l’argent bon marché dans les années 2000 », souligne Graham Waller.
Résultat : l’amélioration de l’efficience des organisations n’a jamais dépassé la neuvième place dans le classement annuel des priorités des directions générales, publié tous les ans par Gartner. Même si, en 2023, ce focus a gagné quelques places, passant de la douzième en 2022 à la dixième, le même niveau qu’en 2020 et 2021.
Des pressions conjoncturelles et structurelles
Mais plusieurs tendances imposent aux dirigeants de porter leur attention sur la productivité : d’une part, des pressions conjoncturelles (inflation, coût des capitaux, contexte de guerre, tensions sur les chaînes logistiques…) et, d’autre part, des pressions structurelles, liées aux évolutions démographiques, à la fiscalité, au développement durable ou à la globalisation des activités économiques.
« La productivité constitue le carburant au service de la priorité des dirigeants qui est la croissance », estime l’analyste de Gartner. Autrement dit, les marges générées par l’élévation de la productivité permettent, entre autres, de réduire les prix pour gagner des parts de marché, de réaliser des acquisitions, d’entrer sur de nouveaux marchés, d’affecter davantage de ressources à la R&D ou à mieux rémunérer les actionnaires.
Pour atteindre ces objectifs par le biais d’un accroissement de la productivité, l’intelligence artificielle est indispensable. Elle est d’ailleurs considérée, par les directions générales, comme la première technologie susceptible d’avoir un impact significatif sur leurs marchés au cours des trois prochaines années, devant la transformation digitale, l’automatisation, l’analytique et le cloud. Et loin derrière l’IoT et la Blockchain.
Trois approches pour capitaliser sur l’IA
Les DSI ont ainsi « un rôle clé de leadership à jouer », assure Graham Waller, pour qui ils ont intérêt « à provoquer l’intérêt des métiers pour ensuite les accompagner. » Pour cela, l’analyste suggère trois approches. D’abord, « il est pertinent de raisonner au-delà du coût unitaire pour privilégier la valeur unitaire », poursuit l’analyste.
L’autre approche clé consiste à rendre plus autonomes les collaborateurs : « Cela facilite l’apprentissage croisé entre les humains et les machines, dans un contexte où il faut automatiser tout ce qui peut l’être. »
Enfin, Graham Waller recommande de reconfigurer les produits et d’inclure la productivité des clients. « Les produits et services « As a Service » augmentent leur utilisation, d’autant que beaucoup de produits digitaux peuvent être fabriqués à coût marginal nul et que les techniques « Software Defined » ont des coûts d’upgrade moins élevés que les autres », ajoute l’analyste.