Le Cigref a tenu sa 52ème assemblée générale et, à cette occasion, a présenté sa vision du numérique. Sobriété, sécurité, talents, régulations européennes, féminisation des métiers du numérique, souveraineté et numérique de confiance : les sujets d’importance ne manquent pas pour les grandes entreprises et administrations publiques françaises, sur lesquels le Cigref a souhaité réaffirmer son engagement, éclaircir ses positions ou présenter ses travaux.
Jean-Claude Laroche, président du Cigref, a réaffirmé les quatre convictions collectives du Cigref. La première concerne la crise environnementale et climatique. « Notre écosystème doit prendre sa part. » Le numérique représente environ 2,5 % des émissions de gaz à effet de serre et ce pourcentage atteindrait 7 % à l’horizon 2040. L’essentiel (70 %) est généré par la fabrication et le transport, 20 % par les réseaux, les datacenters et le cloud, le reste par les usages.
La fabrication et le transport : 70 % de l’empreinte environnementale du numérique
« Lorsqu’un PC neuf ou un smartphone arrive sur votre bureau, il a déjà produit l’essentiel de son empreinte environnementale », rappelle Jean-Claude Laroche, pour qui « c’est à ce niveau qu’il convient d’agir si l’on veut être sérieux », ce qui suppose « de la créativité, de l’engagement et de l’expertise de la part des fournisseurs. » Notamment pour limiter l’obsolescence (souvent artificielle) de ce qui est produit de manière à prolonger la durée de vie des matériels et favoriser l’économie circulaire.
Deuxième conviction : la « souveraineté numérique », terme auquel le Cigref préfère substituer celui de « numérique de confiance ». « Nous restons prudents sur ce sujet, rappelons que la souveraineté est l’attribut des Etats », précise Jean-Claude Laroche.
Le numérique de confiance suppose « un cadre légal réglementaire pour renforcer la protection des données sensibles, y compris non personnelles, l’Europe a besoin d’un schéma de certification du cloud, avec des offres européennes », estime le président du Cigref.
De fortes inquiétudes sur la disponibilité des compétences
La troisième conviction concerne la problématique des compétences et de la formation des générations futures. « On observe un recul de la part des filles dans les filières scientifiques, c’est une véritable catastrophe dans un contexte de pénurie de compétences », assène Jean-Claude Laroche. Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications a rappelé l’objectif de formation de 400 000 experts du numérique d’ici à la fin du quinquennat.
Enfin, la quatrième problématique mise en exergue par le Cigref concerne les tensions inflationnistes qui se traduisent, par exemple, par une hausse de 10 % des matériels utilisés dans les datacenters. « Pour l’instant, l’inflation ne freine pas les projets de transformation, mais c’est une variable d’ajustements pour les budgets et il y aura davantage de priorisation », constate Jean-Claude Laroche. Si la crise s’aggrave, « nous devrons agir avec nos fournisseurs pour limiter les hausses, nous discutons d’ores et déjà dans ce sens avec Numeum. »
Des scénarios revisités sur fond de crise
L’assemblée générale du Cigref a également été l’occasion de dévoiler les analyses de l’association sur « futurs numériques ». En 2020, le Cigref avait identifié cinq champs de transformation afin de qualifier et d’analyser les différentes tendances numériques qui vont façonner notre environnement économique, sécuritaire, social et sociétal, ou encore écologique, à l’horizon d’une quinzaine d’années : enjeux technologiques et nouveaux usages, numérique et environnement, risques cyber et enjeux géopolitiques, fournisseurs et services numériques, nouvelles formes de travail et d’engagement des collaborateurs.
En 2021, le Cigref a développé quatre scénarios prospectifs contrastés pour 2035 afin de caractériser les futurs possibles qui pourraient structurer, au cours de la quatrième décennie de ce siècle, l’activité des États et des entreprises :
- Mondialisation régulée par les équilibres géopolitiques.
- Vers une « Europe puissance » dans un monde régionalisé.
- Une Chine conquérante dans un monde bipolaire.
- Far West, colonies digitales et cartels numériques.
En 2022, après une mise à jour des champs de transformation et un ajustement des scénarios, l’essentiel des travaux d’orientations stratégiques de l’Association a consisté à évaluer les conséquences générales de ces analyses prospectives pour ses membres, et plus généralement pour les grands organismes, publics et privés, et leurs directions du numérique.
Vers une influence renforcée des directions du numérique ?
Selon le Cigref, d’ici 2035, celles-ci ne devront plus simplement se préparer aux crises mais à leur enchaînement, voire à leur conjonction. Elles devront donc « réinventer leur système de gestion des risques, dont leurs systèmes de protection face aux cyberattaques et aux risques hybrides, si les assurances traditionnelles ne sont plus en mesure de couvrir ces risques. » Elles seront donc de plus en plus partie prenante des systèmes de sécurité des États en temps de crise. De même, les directions du numérique devront de plus en plus « pondérer leurs choix d’investissements technologiques avec des critères tant environnementaux que de maîtrise des dépendances stratégiques. » La forte composante géopolitique et stratégique du numérique et sa contribution croissante à la performance économique de l’entreprise conduira à réévaluer le positionnement des directions du numérique au sein de la direction générale. Avec une influence renforcée.
Un renouvellement de la gouvernance du Cigref
Lors de l’assemblée générale ordinaire, les représentants des organismes adhérents du Cigref ont procédé à l’élection de nouveaux membres du Conseil d’administration du Cigref, afin de renouveler son instance de gouvernance. Ont été nouvellement élus :
– Olivier Cail, administrateur (Maïsadour).
– Marie-Anne Clerc, administratrice (Malakoff Humanis).
– Carlos Gonçalves, administrateur (Société Générale).
– Agnès Mauffrey, administratrice (Sodexo).
– Bastien Mirault, administrateur (Unibail Rodamco Westfield).
– Emmanuel Sardet, administrateur (Crédit Agricole).
Deux administrateurs ont également été renouvelés dans leur mandat :
– Jean-Christophe Lalanne, vice-président (Air France KLM).
– Laurent Tréluyer, administrateur (AP-HP).
Le Bureau du Cigref se compose désormais de :
– Jean-Michel André, vice-président (Seb).
– Alice Guehennec, vice-présidente (Saur).
– Jean-Christophe Lalanne, vice-président (Air France KLM).
– Jean-Claude Laroche, président (Enedis).
– Christophe Leray, vice-président (Groupement des Mousquetaires).
– Stéphane Rousseau, vice-président & trésorier (Eiffage).
Pour lire le rapport d’activités du Cigref : https://www.cigref.fr/rapport-dactivite-2022-du-cigref
Pour lire le rapport d’orientation stratégique du Cigref : https://www.cigref.fr/rapport-dorientation-strategique-2022-du-cigref-futurs-numeriques-incertitudes-et-consequences
Crédit photo : copyright© Mélanie Robin pour le Cigref.