Il convient de distinguer deux sujets. En ce qui concerne les téléphones 5G, il est normal que l’on découvre des failles sur ces matériels, qui commencent à peine à être disponibles sur le marché.
La technologie 5G et les couches de protocoles sont très différentes des précédentes (4G, 3G), la séparation entre les couches réseau et les couches Internet est beaucoup plus fine qu’auparavant. Le réseau 5G doit être considéré comme un réseau Wi-Fi étendu, qui réduit efficacement la latence et augmente la bande passante. Mais il s’accompagne d’une préoccupation accrue de sécurité. Les hackers n’ont pas nécessairement besoin d’une application mal sécurisée pour exploiter ce genre de failles. Cela peut se faire par SMS ou par e-mail, comme sur le Web.
La responsabilité des éditeurs
Cela nous amène au deuxième sujet : même si des faiblesses 5G peuvent être exploitées en dehors des applications, les éditeurs ont toujours une responsabilité maximale pour garantir qu’ils ne lisent pas ou n’envoient pas à un serveur des données privées qui n’ont pas été explicitement choisies par l’utilisateur final. Les systèmes d’exploitation doivent exposer un ensemble d’API pour que les applications puissent lire certaines informations (la géolocalisation, les informations spécifiques à l’utilisateur, la configuration du périphérique…), qui sont utiles pour ce que l’application veut faire. Il y aura un opt-in, avec approbation explicite de l’utilisateur dans certains cas, via un pop-up obligatoire provenant des couches inférieures du système d’exploitation, chaque fois que ce type d’API est utilisé par une application. Mais il est inévitable que des applications fassent un mauvais usage de ces données, en les envoyant à un serveur même si l’utilisateur a déjà fait un opt-out auparavant.
Il n’existe pas aujourd’hui de chaîne de traçabilité inviolable, même si on peut imaginer une chaîne de blocs partagés qui collecterait les opt-in et enregistrerait toute utilisation explicite de données personnelles. Mais qui est légitime de proposer cela ? Néanmoins, l’éditeur d’application qui utiliserait des données personnelles sans le consentement explicite de l’utilisateur, prend des risques énormes. En Europe, les cas récents de mises en service de drive-to-store notifiés par la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) leur ont coûté beaucoup d’argent et des pertes de revenus. L’application de la réglementation doit être là pour protéger la vie privée de l’utilisateur final en effrayant les développeurs d’applications qui tenteraient d’abuser des données personnelles.
Un standard à cinq ans
Selon Ericsson, 45 % de la population mondiale devrait être couverte par un réseau 5G d’ici la fin 2024 (65 % fin 2025) et 35 % du trafic global de données mobiles seront acheminés par cette technologie (la moitié en 2025). Les utilisateurs de smartphones devraient consommer en moyenne 24 giga-octets par mois en 2025, contre 7,2 giga-octets aujourd’hui, grâce à l’augmentation de l’usage de la vidéo et à la disponibilité de nouveaux services. Par ailleurs, le nombre total de connexions IOT cellulaires devrait passer à 5 milliards d’ici la fin 2025, contre 1.3 milliard à fin 2019. 2019 a été l’année où les principaux fournisseurs de services de communication ont mis en service leurs réseaux 5G en Asie, en Australie, en Europe, au Moyen-Orient et en Amérique du Nord. La Corée du Sud a déjà connu une forte croissance de la 5G depuis son lancement en avril 2019. Plus de trois millions d’abonnements ont été enregistrés collectivement par les fournisseurs de services du pays à fin septembre 2019. Compte tenu de sa dynamique actuelle, l’adoption de la 5G devrait être nettement plus rapide que celle de la 4G. Le rythme le plus rapide est attendu en Amérique du Nord avec 74 % d’abonnements mobiles en 5G à fin 2025. L’Asie du Nord-Est devrait suivre avec 56 %, et l’Europe avec 55 %.
Cet article a été écrit par Cédric Nicolas, CTO de Herow.
5G : 50 % des entreprises sont optimistes
Une étude Infosys réalisée auprès de 850 managers conclut que 50 % des entreprises estiment que la 5G aidera leurs clients à générer et acquérir plus de revenus. Et neuf entreprises sur dix étudient activement les analyses de rentabilisation 5G ou définissent divers cas d’utilisation et portefeuilles de services avec des partenaires de l’écosystème. Près de 60 % des répondants ont mentionné le coût et l’efficacité comme principaux critères d’adoption des cas d’utilisation, tandis que 59 % mettent en exergue la sécurité comme principal obstacle à l’adoption de la 5G.
Source : State of 5G, the road ahead, Infosys.