Quatre stratégies pour optimiser l’architecture des datacenters

Pour créer ou faire évoluer un datacenter, la stratégie repose sur quatre piliers : les composants, l’architecture, les besoins en communication et le sourcing.

L’engouement pour la virtualisation et le cloud computing a tendance à occulter le fait que, si l’infogérance a trouvé sa place dans la gestion des systèmes d’information, une majorité d’entreprises possèdent encore leurs propres datacenters. Qu’il faut bien faire évoluer. En juin 2010, IDC France avait publié une étude portant sur l’analyse des stratégies informatiques des grandes DSI françaises.

« Un des enseignements notables de notre étude est que l’infrastructure est au cœur des préoccupations des grandes DSI, explique Franck Nassah, ex-consulting manager chez IDC France. Cela concerne aussi bien des projets de consolidation-virtualisation de serveurs que de consolidation de datacenters et de standardisation des infrastructures. » L’intérêt plus marqué pour les Opex (dépenses de fonctionnement) au détriment des Capex (dépenses d’investissement) incite les DSI à optimiser leurs datacenters, à défaut de les externaliser complètement.

Les derniers résultats de l’Observatoire des directeurs d’infrastructures et de production, publiés en juin 2010 par le CRIP (Club des responsables infrastructures et production, www.crip-asso.fr) ont montré que pour 80 % des managers interrogés, l’industrialisation du système d’information et la réduction des opérations de maintenance internes aux infrastructures sont des « priorités élevées ». Car il s’agit de réduire les coûts non pas tant des immobilisations, mais de fonctionnement : selon une étude publiée par IBM en 2010, les coûts d’exploitation d’un centre informatique sont de trois à cinq fois supérieurs aux dépenses en immobilisations sur une période de vingt ans.

Faire évoluer un datacenter suppose de se concentrer sur quatre éléments essentiels : les composants (bâtiment, climatisation, énergie, câblage…), l’architecture (réseaux, serveurs, services), les besoins en communication (entre les datacenters) et les stratégies de sourcing, notamment pour opter ou pas pour l’externalisation.

Les composants du datacenter

Dans le domaine des infrastructures physiques d’un datacenter, plusieurs éléments sont à prendre en compte. D’abord les bâtiments : il s’agit de les protéger contre tous les risques qui peuvent survenir, depuis les risques naturels (inondations, foudre…) jusqu’aux risques sociaux et sanitaires (grève, attentat, pandémie…) en passant par les risques industriels (chimiques, électromagnétiques).

Ensuite, on s’intéressera à la climatisation, sujet qui doit être traité à part, dans la mesure où l’on imagine facilement que plusieurs centaines de machines dégagent énormément de chaleur. Dans l’édition 2009 de l’Observatoire des directeurs d’infrastructures et de production, consacré au « datacenter idéal », il est précisé que « le problème numéro un est celui de la climatisation, suivi de celui de la fourniture de la puissance électrique nécessaire aux matériels hébergés ». Problème : les dispositifs de climatisation sont aussi très consommateurs d’énergie.

La gestion de l’alimentation énergétique est donc également un sujet majeur, avec la recherche d’une sécurisation contre les risques de coupures ou de chutes de tension. Ce sujet est à prendre d’autant plus au sérieux que la facture est souvent lourde. Selon une analyse de Gartner publiée en septembre 2010, la facture énergétique pèse pour 12 % dans le coût d’un datacenter. Malheureusement, comme le soulignent les consultants de Navigacom dans l’étude Best Research : « Les consommations électriques sont souvent peu (voire pas !) étudiées : ce sont des coûts qui ne sont pas refacturés aux services IT mais plutôt aux services généraux et l’impact de ces coûts eu égard au budget global du datacenter est souvent négligé. » IDC estime qu’en 2008, pour chaque dollar consacré à l’achat d’un nouveau serveur, les entreprises ont dépensé 0,53 dollar pour l’alimenter et le refroidir. En 2012, ce chiffre sera de 0,67 dollar (contre 0,11 dollar en 1996).

En termes de coût total d’utilisation, les entreprises peuvent donc rajouter deux tiers du prix d’achat d’un serveur pour son alimentation et son refroidissement. Enfin, le câblage pose la question du choix des supports (cuivre, fibre monomode ou multimode) et des architectures de dessertes, domaine où l’on trouve deux types d’architectures : d’une part le « Middle of the Row », dans lequel les équipements actifs (SAN ou LAN) sont gérés sur des baies dédiées, et, d’autre part, le « Top of the Rack », qui repose sur le positionnement des équipements actifs dans chaque baie serveur.

L’architecture

En matière d’architecture, on s’intéressera à la fois aux réseaux locaux (LAN : Local Aera Networks), au stockage (SAN : Storage Aera Networks) et aux réseaux étendus (WAN : Wide Aera Networks). L’architecture d’un datacenter doit également prendre en compte les serveurs (avec les principes de consolidation et de disponibilité) et les services (infrastructures, liens télécoms, exploitation, gestion des matériels…).

Les besoins en communication

Outre les besoins de communication du datacenter aux autres sites clients sur le réseau à travers les réseaux étendus et Internet, les datacenters ont potentiellement besoin de communiquer avec d’autres datacenters. On retrouve notamment ce type de situation dans le cas de la constitution de PRA (plan de reprise d’activité) ou l’architecture classique retenue est la duplication des datacenters avec réplication des données entre les deux centres afin de garantir un redémarrage rapide en cas de désastre majeur sur le datacenter principal. Il s’agit donc d’assurer une bonne réplication des données, soit de manière synchrone (quasiment instantanée) ou asynchrone (entre une minute et une dizaine de minutes).

Les stratégies de sourcing

Les stratégies de sourcing se focalisent sur deux questions. D’une part, faut-il internaliser ou externaliser ? D’autre part, lorsque la décision d’externaliser est prise, comment identifier les bons prestataires, domaine où les acteurs sont très nombreux, entre les hébergeurs, les intégrateurs, les opérateurs de télécommunications, les infogérants et les fournisseurs de services en mode SaaS ?