Quatre acteurs français du numérique, soutenu par l’Ademe, réunis au travers du consortium NegaOctet, ont construit la première base de données d’analyse du cycle de vie dédiée à l’évaluation de l’impact environnemental des services numériques. Elle regroupe 15 000 données, allant des derniers modèles de smartphones aux infrastructures de datacenter.
Le consortium NegaOctet est composé d’APL Data Center, LCIE Bureau Veritas, du collectif GreenIT.fr et de DDemain qui œuvrent ensemble depuis plus de 10 ans sur des projets d’écoconception de data center et cloud, de calcul des impacts réseaux ou encore des travaux d’affichages environnemental des terminaux et l’évaluation de l’empreinte de services numériques.
Ce projet de recherche et développement est lauréat de l’appel à projet de l’Ademe de 2018. Il permet de réaliser des analyses du cycle de vie conforme aux standards et aux référentiels d’affichage environnemental sur l’ensemble du périmètre Terminaux – Réseau – Datacenter. Le consortium a mené trois projets collaboratifs publics de PCR : sur les fournisseurs d’accès internet, les datacenters et services cloud et sur les réseaux et téléphonie d’entreprise.
La base de données NegaOctet répond au besoin de disposer d’outils, de méthodes robustes et consensuels pour mesurer, réduire et permettre le développement du secteur dans une optique de durabilité. Il s’agit du premier référentiel mondial qui tient compte du cycle de vie complet des différents équipements de la chaîne de valeurs. Aussi dynamique soit-il, le secteur du numérique est de plus en plus challengé concernant ses impacts sur l’environnement : épuisement des ressources, bilan énergétique, tensions sur l’eau, émissions de gaz à effet de serre, production de déchets, etc.
Le référentiel regroupe 15 000 données et est composé de quatre niveaux :
– Des données sur les composants numériques (mémoire vive, microprocesseur, etc.).
– Des données sur les équipements (que les utilisateurs pourront enrichir eux-mêmes)
– Des données systèmes (donnée générique de service de cloud public, datacenter type, …)
– Des données sur les services numériques (visioconférences, utilisation d’objets connectés, stockage de données dans le cloud).
« Les impacts environnementaux du numérique vont tripler entre 2010 et 2025. Alors que la France et l’Europe légifèrent sur le sujet, les entreprises privées et publiques doivent se préparer aux obligations d’affichage environnemental à venir. L’objectif de NegaOctet est de leur permettre d’avoir un train d’avance », précise Frédéric Bordage, fondateur de GreenIt.fr et membre du consortium NegaOctet.
Concrètement, dans les impacts calculés, la base donnée permet d’évaluer une dizaine d’indicateurs dont le changement climatique, l’épuisement des ressources abiotiques minérales et fossiles, l’épuisement de la ressource en eau, les émissions de particules fines, les radiations ionisantes, la consommation d’énergie primaire, la production de déchets et le sac à dos écologique (MIPS). « Pour produire 1 500 données pour 10 facteurs d’impacts, il faut aller jusqu’à démonter des serveurs, des écrans… C’est un projet de plusieurs années représentant plus d’un millier de jours-homme », précise Frédéric Bordage, pour qui « l’enjeu est de donner les moyens au secteur du numérique de mettre en place un équivalent du Nutriscore sectoriel pour répondre, notamment, aux objectifs réglementaires. »
Pour Robert Bouchard, président d’APL, « toutes les entreprises sont concernées mais c’était jusqu’à présent relativement difficile de décliner cette problématique au niveau de l’IT. Heureusement, de plus en plus d’entreprises ont compris qu’il est pertinent d’afficher les performances environnementales. On peut considérer que 20 % des entreprises sont plutôt en avance, mais les 80 % du marché restant vont rapidement s’appuyer sur le levier environnemental, notre base va leur simplifier considérablement le travail, de même que pour les prestataires, qui disposent désormais des outils adaptés. »
La base Negaoctet est proposée dans une version simplifiée (un fichier Excel) et dans une version plus complexe, basées sur 25 configurateurs. Le tarif varie selon le profil des entreprises, de 5 000 euros pour un consultant à plus de 100 000 euros pour une ESN qui souhaiterait proposer des prestations de services à ses clients. Une sélection de données sera accessible gratuitement dans les prochaines semaines depuis la Base Impact de l’Ademe. La base complète et l’accès à l’ensemble des travaux menés par le consortium depuis trois ans sont commercialisés en deux jeux de données : facteurs d’impacts environnementaux et inventaire du cycle de vie.