Il n’y a pas que les DSI qui doivent, c’est le minimum, maîtriser les systèmes d’information. Les métiers également, car ils sont les premiers concernés, sans parler des directions générales, elles aussi en première ligne, car elles jouent leurs postes en cas de crise, en particulier liée à la cybersécurité ou à la performance des applications vers les clients.
Pour les auteurs de cet ouvrage de référence, Kenneth Laudon, professeur à l’université de New York et Jane Laudon, consultante en management, « les systèmes d’information sont aujourd’hui essentiels au fonctionnement, à la performance et à la compétitivité des entreprises. Tout manager doit en comprendre et en maîtriser les rouages, les potentialités et les risques essentiels. Il doit en effet savoir ce qu’ils sont, comment ils influent sur l’organisation, comment ils peuvent améliorer le travail de chaque collaborateur et de chaque équipe, et ainsi rendre l’organisation plus performante et agile. »
Ces dernières années, plusieurs frontières ont perdu de leur étanchéité, voire se sont brouillées. L’espace de la vie privée et celui de la vie professionnelle se sont partiellement mêlés. « La mobilité de nombreux managers et collaborateurs s’est accompagnée d’une accessibilité parfois permanente vis-à-vis de l’entreprise-employeur, quelle que soit sa localisation. Les technologies et SI prennent une part prépondérante à ces mutations, voire à ces révolutions de la vie professionnelle mais aussi de la vie tout court », expliquent les auteurs. Ils rappellent que « d’une façon ou d’une autre, les entreprises de la décennie 2020 qui rencontrent le plus de succès sont toutes des tech companies. Leur modèle économique, leur organisation, leur mode de fonctionnement, leur gestion de la data, sont adossés à des systèmes d’information à la fois robustes et innovants. »
Cette nouvelle édition (la seizième !) prend en compte l’ensemble des aspects de ces interactions entre les technologies, les organisations et les personnes, et en propose une approche pluridisciplinaire. « Elle vise à fournir les éléments clés qui permettront aux managers de tirer profit de ces technologies en actionnant les bons leviers et en contournant les risques identifiés, pour en faire ainsi un outil stratégique positif pour leurs entreprises », résument les auteurs.
L’ouvrage aborde, en quatorze chapîtres, les différentes problématiques, telles que le rôle des SI et des changements liés aux évolutions d’Internet et des outils informatiques, les plateformes matérielles et logicielles, les questions de stratégie et d’éthique, les technologies de gestion des données et des communications, les usages de l’intelligence artificielle, l’informatique quantique, l’Internet des objets et les processus de décision…
Pour les DSI, expliquent les auteurs, « le défi est dans la chaîne de valeur : savoir acquérir et stocker un volume important de données variées et mouvantes, et être capable de fournir les éléments (outils) aux métiers pour en tirer du sens et de la valeur. (…) La donnée devient donc essentielle, mais son importance ne met pas pour autant le DSI au placard, même si on voit apparaître la fonction de Chief Data Officer. » Autre défi : aligner le SI sur les besoins et les usages.
Pour les auteurs, au-delà du discours sur la nécessité de collaboration entre les DSI et les métiers, « les utilisateurs ont souvent un point de vue très limité sur les problèmes à résoudre et peuvent ne pas saisir toutes les occasions d’améliorer les processus ou les applications. Les habiletés et la vision des concepteurs de systèmes professionnels demeurent aussi nécessaires que les services d’un architecte lors de la construction d’une maison. »
Résultat : « Les utilisateurs et les spécialistes des SI ont généralement des expériences, des intérêts et des priorités différents, d’où des divergences de démarche dans la résolution des problèmes, révélées par des décalages de vocabulaire. » Les auteurs proposent également 28 études de cas, par exemple sur la face cachée du big data et sa fiabilité, les usages de l’IA dans le secteur financier, des réseaux sociaux dans le secteur pharmaceutique pour accélérer l’innovation, la décision collaborative, la migration d’un SIRH vers le cloud ou l’impact positif du Byod sur le business.
Management des systèmes d’information, manager l’entreprise digitale, par Kenneth Laudon et Jane Laudon, édition française par Serge Costa et Annie Falantin, Pearson, 2020, 643 pages.
Un exemple de divergence de dialogue entre les utilisateurs et les concepteurs | |
Préoccupations des utilisateurs | Préoccupations des concepteurs |
Le système délivrera-t-il les informations dont nous avons besoin pour effectuer notre travail ? | Quelles exigences ce système imposera-t-il à nos serveurs ? |
Pouvons-nous accéder aux données depuis nos smartphones, tablettes et ordinateurs ? | Quel genre d’exigences de programmation cela va-t-il imposer à notre groupe ? |
Quelles sont les nouvelles procédures nécessaires pour intégrer les données dans le système ? | Où les données seront-elles stockées ? Quel est le moyen de stockage le plus efficace ? |
Comment le fonctionnement du système va-t-il modifier la routine quotidienne des employés ? | Quelles technologies devrions-nous utiliser pour sécuriser les données ? |
Source : Management des systèmes d’information, manager l’entreprise digitale. |