Covid : quels impacts pour les ESN et les cabinets de conseil ?

Selon le baromètre Inop’s de l’impact économique du Covid-19 sur les ESN et les sociétés de conseil, 69 % des projets IT et numériques sont maintenus, 72 % des effectifs des prestataires de services sont en télétravail et 75 % des ESN et des cabinets de conseil ont recours au chômage partiel.

L’objectif de ce baromètre est de mesurer toutes les deux semaines l’évolution du business et du moral des dirigeants d’entreprise, pendant toute la durée du confinement. Le premier baromètre a été lancé le mardi 31 mars, soit deux semaines après le début du confinement. 223 entreprises ont répondu entre le 31 mars et le 2 avril, 27 % des répondants sont des entreprises de moins de 10 salariés, 42 % ont entre 10 et 50 salariés et 31% ont plus de 50 salariés.

Selon ce baromètre, 69 % des projets et missions en cours sont maintenus, 22% sont suspendus et 9% sont annulés. Par ailleurs, 21 % des effectifs sont en chômage partiel et 4 % en emploi sur site. Côté chiffre d’affaires, 63 % des entreprises voient une chute de plus de 70 % de leur new business et 71 % des entreprises anticipent une chute du chiffre d’affaires global du secteur de plus de 10 % à fin décembre, par rapport à 2019. Les deux-tiers des ESN et cabinets de conseil parient sur une reprise lente, à partir de septembre

Après une première quinzaine en confinement, c’est l’attentisme qui semble prévaloir du côté des donneurs d’ordre. Pour les missions en assistance technique, la répartition entre les missions est de : 69 % de missions maintenues, 21 % de missions suspendues et 10% de missions annulées.  Sur cette première quinzaine, la majorité des missions sont donc maintenues : plus de 60 % des répondants ont plus de 60% de leurs missions maintenues. Si l’on s’intéresse au haut du panier, plus d’un tiers des répondants ont 80 % de missions maintenues et 11 % ont conservé 100 % de leur activité en régie. En contrepoint, 60 % des répondants ont entre 0 et 40 % de leurs missions suspendues.

Les annulations « pures et dures » sont encore très minoritaires : une entreprise sur deux a entre 0 et 20 % de ses missions annulées, et à quelques exceptions près, seules 10 % d’entre elles ont des taux supérieurs, entre 20 % et 40 %. « Il sera intéressant d’observer l’évolution de ces chiffres dans les prochaines semaines, pour voir si le « test » du travail à distance est positif et incite les donneurs d’ordre à remettre en route les missions suspendues en se projetant déjà dans la sortie de crise… ou au contraire si l’activité diminue progressivement », souligne l’étude.

Pour les projets au forfait la répartition entre les projets est de 69 % de projets maintenus, 23 % de projets suspendus et 8 % de projets annulés.

On notera qu’il n’y a quasiment pas de différence de traitement entre les missions en AT et les projets en mode forfaitaire.

Au global, la répartition des effectifs entre télétravail, chômage partiel, emploi sur site et autres est de 72 %, 2 1%, 4 % et 3 %, en moyenne pondérée, sur l’ensemble des entreprises. 56 % des entreprises ont la quasi-totalité de leurs effectifs en télétravail (+ de 80 %) et une entreprise sur 6 a 100 % de ses effectifs en télétravail.

La moyenne pondérée de 72% des effectifs en télétravail est en ligne avec les 69% d’activité maintenue. « Ce taux démontre que les entreprises du secteur sont parfaitement préparées et outillés pour fonctionner en télétravail total », estiment les auteurs de l’étude. Sur cette première quinzaine, 75 % des entreprises font appel au chômage partiel avec une moyenne pondérée de 28 % de leurs effectifs en chômage partiel.

L’emploi sur site est très marginal : il concerne un tiers des entreprises de services, avec une moyenne de 10 % des salariés concernés. Il s’impose de facto dans certains métiers liés à la gestion des infrastructures informatiques. A noter enfin que les autres formes d’inactivité (congés, RTT, mais aussi arrêts maladie…) restent marginales.

Plus de deux entreprises sur trois subissent une chute brutale des leads et des projets entrants. La priorité des grands donneurs la semaine du 16 mars a souvent été de mettre en place leur plan de continuité d’activité. Il est logique que les équipes aient donc suspendu leurs demandes de ressources externes le temps que se mette en place leur organisation à distance.

Si l’on regarde le verre à moitié vide, près de la moitié des entreprises ont gelé leurs recrutements. Si l’on regarde le verre à moitié plein, la moitié des entreprises restent à l’affût. Rappelons que nous sommes sur un secteur en pénurie de compétences. Avant la crise, 99 % des entreprises prévoyaient d’embaucher en 2020. La pénurie de talents était le principal frein à leur croissance pour 57 % d’entre elles. Dans un cas sur deux, elles ne trouvaient pas les profils dont elles avaient besoin.

Le freelancing fait désormais partie de la stratégie RH des entreprises du secteur : seule une entreprise sur quatre n’y a pas recours. Les experts indépendants sont dans leur grande majorité traités comme les salariés pour la réalisation des missions : seules 20 % des entreprises employant des freelances vont suspendre leur mission pour privilégier leurs salariés. Ils ne sont donc pas une « variable d’ajustement » mais une composante stratégique pour accéder à des experts autonomes et bien formés.

Les dirigeants interrogés ne croient pas à une reprise rapide qui permettrait d’effacer deux ou trois mois de sous-activité pendant le confinement. Même si le secteur IT est clairement moins impacté que d’autres pans de l’économie qui ne peuvent fonctionner en télétravail, à la fin de cette première quinzaine, 86 % d’entre eux prévoient une baisse du CA du secteur de plus de 10 % à fin décembre et plus d’un sur quatre la voit même supérieure à 30 %.

Au-delà de la baisse du CA durant le confinement, ils anticipent à la fois un redémarrage lent et des fortes coupes dans les dépenses des grands donneurs d’ordre au deuxième semestre. Cet indicateur du moral et de l’optimisme (ou de pessimisme) des décideurs en ce début de confinement est probablement aussi volatile que les anticipations des marchés financiers. Il va être amené à bouger dans les prochaines semaines, quand se précisera l’ampleur du plan de relance programmé par le gouvernement et la BCE.