Prise de parole sans prise de tête

Les DSI sont de plus en plus amenés à intervenir non seulement au sein de leur organisation, par exemple dans le cadre de comités de direction, de conventions internes ou de réunions avec les métiers ou les équipes de la DSI, mais également dans des salons, des conférences organisées par les fournisseurs ou des clubs utilisateurs.

Si beaucoup, par expérience, sont plutôt à l’aise dans cet exercice, pour d’autres, en revanche, c’est une épreuve dont ils aimeraient bien se passer. Les sondages montrent que « l’exposé oral arrive en tête des calamités les plus redoutées, devant les serpents, les montagnes et même la mort », rappelle l’auteur, Chris Anderson, qui organise et dirige les célèbres conférences TED.

Toujours avoir quelque chose à dire

Il a regroupé dans cet ouvrage toutes les techniques, trucs et bonnes pratiques qui permettent à n’importe qui de maîtriser sa prise de parole en public. Le principe de base, rappelé par l’auteur, est qu’il n’existe pas qu’une seule façon de donner une bonne conférence : « L’important, c’est d’avoir quelque chose à dire, de le formuler en restant authentique, à votre façon à vous, qui est unique. »

L’auteur évacue une idée reçue selon laquelle l’éloquence serait innée : « Ce n’est pas un don réservé à quelques privilégiés qui ont eu la chance de voir de bonnes fées se pencher sur leur berceau, l’éventail des talents oratoires est très large (…). L’idée n’est pas de devenir un Winston Churchill ou un Nelson Mandela, mais d’être simplement soi-même. »

Tout est affaire de construction mentale. Partir d’un sujet qui importe vraiment à l’intervenant « et lui donner vie dans l’esprit de son public. Cette construction mentale, les auditeurs pourront s’y accrocher, pour repartir avec », précise Chris Anderson, qui certifie que toute personne ayant une idée méritant d’être partagée est capable d’une telle performance : « La seule chose vraiment importante dans la prise de parole en public, ce n’est ni votre degré d’assurance, ni votre présence sur scène, ni non plus votre côté enjôleur, ce qui compte c’est d’avoir quelque chose à dire. »

Lorsque l’on assiste à de nombreuses conférences de fournisseurs, on est quand même frappé de voir que ce principe n’est pas encore bien assimilé : les discours creux, sans informations utiles, ou si peu, restent très répandus… Et c’est évidemment contre-productif : « Ne soyez pas ce type assommant qui cherche d’abord à se mettre en valeur. Toute forme d’autopromotion est à proscrire. Les spectateurs ne sont pas là pour se faire fourguer un produit », suggère Chris Anderson.

Autre travers très répandu : le délayage : « Bâcler une présentation est une chose, le montrer ouvertement en est une autre. Cette façon de se moquer du temps que les spectateurs vous accordent a quelque chose d’insultant. » L’auteur insiste : « Vous seriez étonné du nombre effarant de conférenciers qui se perdent dans les méandres de leurs pensées sans avoir de ligne directrice, croyant fasciner leur auditoire en explorant vaguement quelques facettes d’une réflexion qu’eux-mêmes, bien sûr, jugent absolument brillante. » Il ne faut donc pas improviser…

Travailler l’épine dorsale de son propos

Chris Anderson suggère de se baser sur la notion d’épine dorsale, fil conducteur qui relie tous les éléments, à l’image d’une pièce de théâtre, d’un film ou d’un roman. Il faut s’obliger à rédiger ce fil conducteur en une quinzaine de lignes, de façon ni trop prévisible, ni trop commune. « Quand le public sait où vous allez, il est beaucoup plus facile de vous suivre », résume l’auteur, qui propose une check-list pour élaborer son fil conducteur.

« On n’introduit pas de force les connaissances dans la tête des spectateurs, il faut que quelque chose les attire et qu’ils vous délivrent une sorte de laissez-passer », estime Chris Anderson. L’être humain n’étant pas un ordinateur, « il a conçu des armes redoutables pour se protéger des idées susceptibles de polluer sa vision du monde : le scepticisme, la méfiance, l’aversion, l’ennui, l’incompréhension. Vous devez avant tout établir un lien de confiance avec le public, pour qu’il accepte de laisser de côté cet arsenal défensif. »

Ce que savent bien faire les grands orateurs, qui privilégient le déplacement sur la scène, le contact visuel, le sourire, voire l’humour, qu’il faut toutefois manier avec précaution.

Expliquer les phénomènes complexes

Les DSI sont souvent confrontés à l’explication de concepts complexes. Face à cette situation, Chris Anderson suggère quatre principes : éveiller la curiosité, introduire les concepts un par un, recourir à la métaphore et utiliser des exemples.

Pour illustrer les technologies, comme une innovation, on peut également se baser sur quatre principes : un élément déclencheur, un contexte ou un historique, une démonstration et une conclusion évoquant les répercussions (une vision du futur…). L’auteur livre dans cet ouvrage de nombreux conseils pratiques, sur la mémorisation des idées, l’usage des slides, les répétitions, la manière de conclure, la préparation psychologique, l’habillement, la voix et la présence sur scène…

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Parler en public, TED, le guide officiel, la méthode qui va révolutionner vos prises de parole, Flammarion, 347 pages.