Lors du dixième anniversaire du Club Européen de la Gouvernance des SI, qui s’est déroulé en octobre 2018, le consultant Claude Salzman a présenté les dix recommandations pour que la transformation numérique crée de la valeur.
1. Définir des orientations claires
Pour réussir leur transformation numérique les entreprises doivent définir une politique. Il s’agit de savoir comment vont évoluer les clients, les prospects, les marchés, les produits et services, ainsi que les processus mis en œuvre. « L’absence de politique se traduira par de nombreuses tentatives, dont peu ont des chances d’aboutir », note Claude Salzman.
2. Énoncer une vision stratégique
Sans vision, il n’y a pas de mobilisation possible. Cette vision permet, d’une part, de définir une stratégie et de fixer des objectifs et, d’autre part, de communiquer avec les clients, les prospects et les salariés. Elle s’exprime par une série de messages clairs, décrivant ce que sera l’entreprise après le succès de la transformation numérique. « Cela permet également de rassurer, de présenter le changement comme positif, selon le principe « On ne casse pas, on développe » », précise Claude Salzman.
3. Réfléchir à la valeur créée par le système d’information
Les gains n’apparaissent pas à la DSI, ni dans les métiers, mais s’expriment au niveau global de l’entreprise, notamment avec une augmentation du chiffre d’affaires (gain d’efficacité) et/ou une baisse des coûts (gains de productivité). « Si ce n’est ni l’un ni l’autre, est-on certain qu’il y a vraiment création de valeur ? », s’interroge Claude Salzman.
4. Définir ce qui doit être transformé
La transformation numérique ne consiste pas à construire une nouvelle entreprise sur les ruines de l’ancienne, ni à en développer une à côté de l’ancienne. « Le but de la transformation numérique consiste à faire évoluer, par étape, les offres et le mode de fonctionnement de l’entreprise, afin de bénéficier des évolutions des technologies numériques », détaille Claude Salzman. Ce qui suppose de revoir les fonctions, les processus et les systèmes d’information.
5. Adapter les organisations
L’évolution des produits et des services amène une évolution profonde de l’organisation, des processus (approche transversale), des données (clients, produits…) et des systèmes d’information. De nombreux leviers facilitent cette évolution : plateformes, cloud, intelligence artificielle, Blockchain…
6. Réfléchir de manière systémique et non de manière analytique
Traditionnellement, le développement des applications a consisté à appliquer un traitement informatique sur une organisation existante. « On a ainsi informatisé des fonctions, mais, aujourd’hui, si l’on s’inspire de ce que font les plateformes type GAFA, une approche système est beaucoup plus pertinente », résume Claude Salzman.
7. Renforcer le rôle des dirigeants
La transformation numérique relève évidemment de la responsabilité des dirigeants. « Les changements et les investissements nécessaires ne peuvent être décidé et mis en œuvre que par les entrepreneurs, ce rôle ne peut pas être délégué », assure Claude Salzman, à l’image de ce qu’avait écrit, en 1942, l’économiste Joseph Schumpeter : « Le rôle de l’entrepreneur consiste à réformer ou à révolutionner la routine de production en exploitant une invention ou, plus généralement, une possibilité technique inédite. »
8. Faire évoluer la culture de l’entreprise
Chaque entreprise se caractérise par un état d’esprit (Mindset) hérité de son histoire : c’est la culture de l’entreprise. « Or, il peut arriver qu’elle ait tendance à freiner les évolutions, selon le principe « on n’a jamais fait comme ça ». L’objectif est d‘avoir des salariés actifs et responsables », suggère Claude Salzman.
9. Faire évoluer le rôle du DSI
Avec le développement du cloud et de la sous-traitance, le domaine d’action des DSI se réduit. D’où la nécessité de faire évoluer le rôle du DSI, « chargé du bon fonctionnement des grands processus de l’entreprise et de leurs systèmes d’information », rappelle Claude Salzman.
10. Créer de la valeur pour l’entreprise
Actuellement, « il est probable qu’une partie des applications ne sont pas rentables, la création de valeur se fait chez les fournisseurs », soutient Claude Salzman. Selon lui, à terme, la transformation numérique va être créatrice de valeur et va finir par faire mentir le paradoxe de l’économiste américain Solow qui voyait des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de productivité. On l’observe pour des entreprises comme Google, Amazon, Facebook, Apple, mais aussi Netflix, Spotify, Uber, Airbnb…