Pour la troisième année consécutive, le cabinet de conseil Julhiet Sterwen publie les résultats de son Baromètre Digital Workplace. Réalisé par l’Ifop, ce baromètre mesure la perception qu’ont les collaborateurs des entreprises de plus de 500 salariés de la transformation digitale.
De manière générale, les changements liés à la transformation numérique sont perçus de façon plutôt positive par l’ensemble des collaborateurs, tant pour eux-mêmes que pour l’entreprise. Les managers restent les plus sensibles, avec 74 % de réponses positives, contre 65 % pour les millenials et 58 % pour les non-managers.
Si les collaborateurs sont conscients des bénéfices apportés par la transformation digitale, s’ils ont l’impression que les efforts nécessaires se réduisent, des points d’alerte subsistent. Pour eux, les principaux obstacles sont liés à la mauvaise qualité des réseaux (1/3 des collaborateurs), à la multiplicité des outils et aux équipements pas toujours adaptés (27 %). « Pour les managers (à 37 %), c’est la résistance au changement qui reste le principal obstacle. Une différence de lecture qui s’explique par un vécu différent ! », commente Julien Lever, directeur général adjoint de Julhiet Sterwen.
Pour ce dernier, « les collaborateurs pointent toujours le manque d’accompagnement dans la transformation digitale. Leurs besoins se précisent avec la nécessité de davantage de communication avec l’ensemble des collaborateurs, de formations et de tutoriels pour une meilleure maîtrise des outils. »
« Les outils, logiciels et matériels, sont, plus que jamais, désignés comme marqueurs principaux de la transformation digitale », précise Isabelle Trévilly, qui a conduit l’étude à l’Ifop. Mais seuls 35 % des collaborateurs sont équipés en PC portables et téléphones mobiles. Cela reflète un déploiement et des usages encore limités. Et le télétravail est encore bien loin des attentes des collaborateurs au regard des équipements disponibles. Pour preuve, si 58 % des salariés y sont favorables, seulement 7 % d’entre eux le pratiquent. Qu’il s’agisse de l’appropriation des outils ou de la conduite du changement en terme d’organisation, l’ensemble des équipes souhaiterait plus d’accompagnement. Ils sont même plus nombreux que l’année dernière (55 % en 2018 contre 47 % en 2017). Ce sentiment a fortement augmenté chez les managers (51 % en 2018 contre 39 % en 2017).
Plus étonnant, il est aussi partagé par les millenials (47 %). « Les besoins se précisent : ils souhaitent un accompagnement individualisé qui part de leur niveau de compétences en intégrant leurs spécificités métier, le tout avec des modalités sur-mesure et différenciantes », assure Julien Lever. « Une nouvelle vision du rôle de manager et de ses pratiques commence à s’affirmer. La dimension de « manager coach » commence à prendre de la substance. Les managers perçoivent que leur rôle doit évoluer : il ne s’agit plus uniquement d’arbitrer et de piloter, mais d’adopter une posture plus centrée sur l’écoute, la montée en compétences et l’ »empowerment » des collaborateurs. »
Les millénials, catalyseurs de la transformation
Les millenials, jusqu’ici sous-exploités dans les organisations, pourraient se révéler être les catalyseurs de la transformation digitale. En effet, cette génération en comprend mieux les bénéfices, a moins de freins à la mettre en œuvre et sait la promouvoir. Ainsi, les millenials s’accordent à dire que le digital est un « véritable vecteur d’efficacité et de performance individuelle. »
Selon eux, la transformation digitale favorise l’échange, l’émulation d’idées et le travail collaboratif, elle leur permet d’exercer leurs fonctions plus efficacement et améliore la performance individuelle. Ils ont aussi moins de freins à la mettre en œuvre au sein de l’organisation : 28 % des managers millenials sont enclins à déléguer des tâches à un assistant virtuel contre seulement 19 % des managers.
« La question aujourd’hui n’est plus de savoir comment manager les millenials, mais plutôt de savoir comment l’organisation doit changer sa culture pour les accueillir et tirer profit de manière durable de leur dynamisme et de leur engagement », assure Julien Lever.