La création de valeur en question

La huitième édition du Top 250 des éditeurs de logiciels français, réalisée par Syntec numérique et EY auprès de 350 éditeurs, révèle que le secteur se porte très bien. La croissance du chiffre d’affaires a atteint 12 % en 2017.

Avec 15 milliards d’euros, c’est un doublement par rapport à 2010. Un tel dynamisme est évidemment une bonne nouvelle. Même si l’on enlève le poids des trois premiers éditeurs qui tirent la croissance (Criteo, Dassault Systèmes et Ubisoft), elle atteint les 8 %. « Les éditeurs ont su développer des modèles économiques pérennes, qui mènent à la rentabilité, 81 % d’entre eux ont été profitables en 2017 », souligne Jean-Christophe Pernet, associé EY en charge de l’étude. Cette tendance pose la question du partage de la valeur dans la chaîne de production d’un système d’information.

Tout comme on mesure, au niveau macroéconomique, le partage de la valeur ajoutée entre le capital et le travail, autrement dit entre les profits et les salaires, si l’on évaluait le partage de la valeur ajoutée générée par la mise en œuvre de solutions technologiques, que constaterait-on ? On ne le sait pas, en l’absence de chiffres consolidés. Il serait toutefois intéressant de mesurer si un déséquilibre ne se crée pas : les 12 % de croissance des éditeurs sont-ils équivalents à 12 % (ou plus) de création de valeur chez leurs clients ?

Si c’est le cas, alors le système est vertueux, avec de forts effets de levier des technologies sur la performance économique des entreprises. Si ce n’est pas le cas, le déplacement de la valeur du consommateur (l’entreprise) vers le producteur (l’éditeur de logiciels, l’ESN) devrait inquiéter…