On sait depuis longtemps que la plupart des grands projets n’atteignent pas la totalité de leurs objectifs métiers, dépassent les délais et explosent les budgets. C’est a priori normal tant la complexité inhérente à ce type de transformation rend les prévisions aléatoires, même en prenant toutes les précautions nécessaires et en appliquant la plupart des bonnes pratiques connues depuis longtemps.
Dernier exemple en date : l’arrêt d’un projet de refonte de la gestion de stock et de la chaîne logistique par le groupe allemand de grande distribution Lidl. Après sept ans (!) et un budget de 500 millions d’euros. La technologie n’est pas en cause, les solutions sont quasiment les mêmes pour tous, y compris pour d’autres groupes de distribution allemands qui n’ont pas connu de telles difficultés d’implémentation. Mais, d’après la presse allemande, trois raisons majeures ont abouti à ce fiasco. D’abord, le management de Lidl n’était pas préparé aux changements profonds dans les processus que nécessitait un tel projet.
Ensuite, la communication de la DSI sur le sujet aurait été insuffisante. Enfin, le manque de réactivité de l’intégrateur aurait contribué aux difficultés. On retrouve là les ingrédients qui, à coup sûr, augmentent la probabilité qu’un projet aille dans le mur : un périmètre trop ambitieux, un timing trop long (qui pourrait croire que, en sept ans, le paysage concurrentiel de la grande distribution ne serait pas bouleversé ?), une vision trop technologique et un mauvais choix d’intégrateur. Les seuls à avoir gagné dans cette affaire sont l’éditeur et l’intégrateur, car les 500 millions d’euros n’ont pas été perdus pour tout le monde…