Les DSI au cœur de l’entreprise augmentée

L’EBG (Electronic Business Group) vient de publier deux ouvrages sur les problématiques digitales. Illustrés par de nombreux retours d’expériences et synthèses des tendances à connaître.

La dernière édition des Digital Synergies, ouvrage publié par l’EBG, qui a également fait l’objet d’un événement avec remise de trophées, se focalise sur deux problématiques majeures : l’amélioration de l’expérience client et l’organisation augmentée. Chacune de ces thématiques est illustrée d’études de cas (Axa, Carrefour, BNP Paribas, Franprix, Lidl, La Poste, Air France, SNCF…).

Du côté de l’amélioration de l’expérience client, les entreprises évoluent « entre unité et ruptures ». Sont notamment décrits les initiatives de Bic pour vendre des rasoirs par abonnement, le modèle 100 % digital de l’assureur Alan, l’usage de la Blockchain par Axa pour assurer contre les retards d’avion, la réalité virtuelle chez Eurostar, l’exploitation des données non structurées par BNP Paribas ou la carte de crédit vendue dans les rayons de Carrefour, entre les lessives et les conserves…

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Digital synergies, 30 projets pionniers, EBG, Cognizant, Awakit, 2017, 43 pages.

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Digital marketing 2018, sous la direction de Laetitia Theodore et Brice Blanquier, EBG, 511 pages.

Qu’est-ce que l’entreprise augmentée ?

La problématique sur l’organisation augmentée est plus originale. L’un des effets de la transformation digitale et, plus généralement, de l’usage des technologies de l’information, est « d’augmenter » l’organisation. Cette évolution vers « l’entreprise augmentée », si elle est progressive, n’en est pas moins profonde. Ainsi, l’organisation augmentée est sous-tendue par quatre caractéristiques :

  • Une augmentation exponentielle des volumes de données. De nombreuses études mettent en exergue une réelle accélération du rythme de production des données, à la fois dans les entreprises et en dehors. Des données qu’il faut bien absorber, stocker, trier et restituer… L’entreprise augmente ainsi sa performance, grâce à sa capacité de la relier à la connaissance.
  • Une augmentation de la vitesse des traitements de données et des prises de décision. A l’heure de l’agilité, les flux d’informations circulent de plus en plus vite et permettent d’accélérer les prises de décision. L’entreprise augmente ainsi sa capacité à réagir.
  • Une extension des périmètres concernés par la trans­­formation digitale. La maîtrise du numérique n’est plus l’apanage des directions de systèmes d’information ou des directions les plus exposées vers les clients (marketing, commerciale), il s’infiltre à l’intérieur des organisations, augmentant ainsi leurs aptitudes à innover. L’entreprise améliore ainsi sa capacité à se transformer de l’intérieur.
  • Un foisonnement des usages du numérique. Il résulte principalement de trois éléments : d’abord, de l’appétence des consommateurs et des utilisateurs des systèmes d’information, encouragés par les millenials. Ensuite, des efforts de co-création de la part des grandes entreprises avec leurs clients, leurs partenaires et toutes les composantes de leur écosystème. Enfin, de l’imagination toujours féconde des start-up, qui proposent en permanence des innovations trouvant leur usage dans la vie quotidienne ou professionnelle. L’entreprise augmente ainsi sa capacité à innover.

Des ruptures dans tous les domaines

L’édition 2017 des Digital Synergies reflète cet ancrage du numérique dans la Société et dans l’entreprise. Cette symbiose entre le numérique et la réalité était d’ailleurs le fil rouge des critères sur lesquels le jury s’est basé pour sélectionner les lauréats de cette édition 2017. Il s’est ainsi focalisé sur l’impact des projets (sur le client final, sur le business modèle…), sur la maturité digitale (au-delà d’un prototype ou d’un simple test), sur le degré innovant (pas uniquement technique), sur la « dimension inspirationnelle » (génératrice d’idées pour les autres) et sur la capacité à changer les règles du jeu. Autrement dit à encourager les « trublions » qui bousculent la concurrence.

C’est le cas, par exemple, de Yuka, l’un des lauréats, qui propose aux consommateurs de scanner les code-barres de leurs achats et d’attribuer une note sur 100 liée aux qualités nutritionnelles des produits alimentaires. Ce qui évite au consommateur de procéder à de savants calculs, à supposer qu’il puisse décrypter aisément les étiquettes nutritionnelles obligatoires. On retrouve ces approches réellement disruptives par exemple dans l’immobilier, avec Homeloop, l’un des participants aux Digital Synergies, qui a créé un algorithme pour définir le juste prix d’un bien.

L’intelligence artificielle, terreau de l’innovation ?

Le foisonnement et la diversité des pratiques innovantes avec le numérique montrent bien que l’organisation augmentée ne sera jamais un état stationnaire. C’est d’autant plus vrai que les promesses de l’intelligence artificielle vont continuer à bousculer les positions acquises, à questionner les business modèles et à challenger les processus. Car l’intelligence artificielle constitue une formidable aide pour le cerveau humain, qu’elle ne remplacera jamais, tout simplement parce que les machines sont dénuées d’émotion, de curiosité, de raison et de sentiments.

En revanche, l’intelligence artificielle permet de dépasser les capacités du cerveau humain. On le voit, par exemple, dans le domaine de la santé, de la police ou de la justice. Parmi les candidats aux Digital Synergies figurent Anacrim, logiciel d’analyse de données pour rouvrir les « Cold Cases », et la Cour d’appel de Douai, qui se base sur le Big Data pour expérimenter la justice prédictive. De même, dans le domaine de la santé, Oncologie 4.0, du Cancéropôle Grand Ouest, l’un des lauréats des Digital Synergies, aide les médecins à tirer du sens dans des masses d’analyses génétiques croisées avec d’autres types de données, par exemple issues de l’imagerie médicale ou de l’environnement socio-économique du patient.

Le marketing digital, source d’inspiration pour les DSI

L’EBG a également publié son édition 2018 (la treizième) sur le marketing digital. Cet ouvrage volumineux, de plus de 500 pages, s’articule autour de 200 fiches pratiques, de 60 études de cas et de plusieurs infographies. S’il ne s’adresse pas spécifiquement aux DSI, il devrait figurer en bonne place dans leur bibliothèque. Pour au moins trois raisons : d’abord, parce qu’il est indispensable de connaître les principales problématiques au cœur des stratégies d’entreprises, qu’il s’agisse de l’engagement client, des médias sociaux, du commerce connecté, de la valorisation des marques, sans oublier l’inévitable transformation numérique.

Ensuite, parce que les différents chapîtres abordent la matière première de tout système d’information : les données et les différents moyens de la valoriser. Comme le souligne l’un des auteurs, dans un chapitre intitulé « Quel rôle pour la DSI quand les métiers utilisent leurs propres outils numériques ? », « la DSI a son rôle à jouer en intégrant les enjeux et contraintes du marketing, comme une meilleure compréhension du parcours client, afin d’accompagner le métier sur les solutions technologiques choisies par l’une ou l’autre partie et ainsi animer une dynamique propice à l’agilité, l’innovation et le changement. »

Enfin, parce que, dans cet ouvrage, on trouve quantité d’idées, à la fois pour que les DSI soient force de proposition vis-à-vis des directions marketing et commerciales, mais aussi dans le cadre de stratégies de valorisation du SI et de la DSI. Dans ce domaine, les techniques utilisées vis-à-vis des consommateurs sont tout aussi pertinentes pour les utilisateurs d’un système d’information, qu’il s’agisse du storytelling, de l’engagement, de la manière de créer des contenus, d’organiser une communication d’influence, de s’appuyer sur les réseaux sociaux…


Transformation digitale : cinq freins à lever

  1. Le sujet est glissant, aventureux et comporte une grande part d’exploration.
  2. La résistance au changement pour les habitudes de travail et les périmètres d’activités.
  3. La complexité du processus et l’absence de visibilité du retour sur investissement.
  4. L’excès de prudence pour la sécurité des données.
  5. Le manque de moyens (humains, financiers) et le coût élevé des ressources externes.

Source : EBG