Schneider Electric : la transformation digitale en trois coups

Lors de la Cloud Week 2017, Christel Heydemann, présidente de Schneider Electric France, a présenté les trois axes de la transformation numérique du groupe. Celle-ci est basée sur le collaboratif, la relation client et l’IoT.

Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electric, aime à répéter que le futur sera « plus électrique, plus digital et plus décentralisé », le numérique étant « la base de la quatrième révolution industrielle. » Le groupe n’a pas, à juste titre, jugé utile de nommer un CDO (Chief Digital Officer) : « C’est le PDG qui assume cette mission fondamentale, c’est lui le premier avocat de la transformation numérique », assure Christel Heydemann, présidente de Schneider Electric France. Le groupe est en fait confronté à deux types de transformation : énergétique et digitale.

Concrètement, Schneider Electric a initié trois chantiers. Le premier, orienté sur l’interne, concerne le collaboratif. « Il s’agit de transformer les équipes, avec des outils collaboratifs, une évolution des processus RH et de reporting », résume Christel Heydemann. Sur ce terrain, la DSI travaille en collaboration avec la direction des ressources humaines. Mais, selon la présidente de Schneider Electric France, ce n’est pas la partie la plus difficile, « même si elle est lourde de conséquences. » C’est le second chantier qui, selon elle, se révèle « le plus « challenging » » : celui de la relation client.

Des cibles B2B diversifiées : un casse-tête pour le marketing ?

Pour un groupe industriel comme Schneider Electric, la difficulté est double. D’une part, le positionnement B2B, qui ouvre moins de possibilités par rapport aux outils marketing utilisables pour des cibles grand public. D’autre part, la diversité des types de clientèles, depuis l’artisan électricien jusqu’aux grands acteurs du cloud. « Nous n’adressons pas ces différentes cibles de la même manière, c’est compliqué, notamment pour trouver les bons outils de marketing automation et la bonne organisation des forces commerciales, cela nécessite un travail d’accompagnement. »

Le troisième chantier concerne l’Internet des objets. « Lorsque les produits que vous vendez deviennent connectables et connectés, cela ouvre des champs d’opportunités et change la manière d’innover », explique Christel Heydemann. Dans le domaine des objets connectés, Schneider Electric a créé une plateforme technologique, baptisée EcoStruxure, qui combine énergie, automatisation et logiciels, pour concevoir des systèmes connectés.

Quatre difficultés potentielles à anticiper

Mais la réussite de la transformation numérique suppose de gérer quatre difficultés potentielles, selon Christel Heydemann. La première concerne le rythme d’adoption. « Nous avons créé de nombreuses applications, mais leur adoption n’a pas été assez rapide, car ce n’est pas facile de passer d’une culture d’ingénieur à une culture client », déplore la présidente de Schneider Electric France. Deuxième difficulté à anticiper : la maîtrise du temps. « Dans un contexte où tout s’accélère, il faut distinguer ce qui doit être global de ce qui doit être local », estime Christel Heydemann. Ou ce qui relève du court terme de ce qui relève du moyen ou long terme.

Troisième challenge : savoir accepter et gérer le droit à l’erreur. « Dans notre culture d’ingénieurs, valoriser les erreurs n’est jamais facile. Pour quelques projets, nous aurions dû appliquer le principe des start-up qui consiste à échouer vite », avoue Christel Heydemann. Enfin, tout est question de culture. Ce n’est pas seulement la culture d’ingénieur qui est en cause mais, plus globalement, la culture d’entreprise. « Et pour en changer, il faut au moins dix ans », assène la présidente de Schneider Electric France.

Une stratégie digitale doit reposer sur, au moins, trois piliers, qui constituent d’ailleurs l’ADN de toute entreprise : ses collaborateurs, ses clients et ses offres. Si ce découpage apparaît relativement facile à imaginer, il faut, sur le plan opérationnel, réussir trois chantiers pour lesquels le droit à l’erreur, s’il existe, est quand même limité.

Le premier concerne la synchronisation entre ces trois éléments (collaborateurs, clients, offres) : si l’un d’entre eux accuse un retard ou des dysfonctionnements, l’ensemble de la stratégie digitale se trouve remis en cause. Ensuite, il faut ajuster la profondeur de la transformation digitale au sein de ces trois ensembles : par exemple, des collaborateurs ou des clients très friands de digital face à des offres trop traditionnelles créent des désillusions, et inversement. Enfin, c’est une question de pilotage dans le temps, de manière de faire évoluer ces trois ensembles de manière homogène.