Plusieurs études révèlent un engouement des entreprises pour la fonction de Chief Digital Officer (CDO), dont la mission principale est d’accompagner la transformation numérique. Selon notre propre recensement dans les groupes du CAC 40, la moitié ont déjà nommé un CDO.
On peut bien sûr s’interroger sur la pérennité d’une telle fonction dans les organisations et sur ses missions opérationnelles, dès lors que la transformation numérique se sera immiscée dans tous les métiers et tous les processus.
Si le rôle des CDO est de canaliser les énergies, de mobiliser les différentes parties prenantes, de fédérer les compétences, on imagine que leurs missions ont vocation à devenir obsolètes à plus ou moins long terme. Soit les CDO auront réussi ces challenges, difficiles, et l’on aura plus besoin d’eux lorsque tout le monde aura été mobilisé et que le numérique, banalisé, sera intégré dans les moindres interstices organisationnels des entreprises. Soit ils auront échoué et le CDO fera partie des « vieux métiers » du numérique.En attendant, on peut considérer leur utilité par leur rôle d’évangélisation, de coordination et d’appui stratégique.
Reste à gérer un risque, commun à toutes les fonctions : celui de la qualité du recrutement. Retenons trois erreurs à éviter. La première est de recruter un CDO qui sera trop « lisse » dans l’organisation et qui n’osera pas bousculer l’existant, la culture, les bastions et autres pré-carrés qui foisonnent dans les entreprises, notamment dans les couches de management intermédiaire.
La deuxième est de recruter un CDO paresseux, qui consacrera trop de temps et d’énergie à piloter des réunions au cours desquelles de bonnes idées seront émises, mais jamais mises en œuvre, ou à régler des problèmes diplomatiques entre les métiers, jaloux de leurs prérogatives et de leurs données, dont le partage pourrait pourtant créer de la valeur pour l’entreprise. La troisième erreur est de recruter un CDO trop aventurier, qui mènera l’entreprise à la catastrophe, par exemple en voulant croiser des données dans tous les sens « juste pour voir ce que ça donne ».