Le salut des DSI passe par la maîtrise des écosystèmes

Lors du dernier symposium Gartner, qui s’est tenu début novembre 2016 à Barcelone, l’accent a été mis, notamment, sur la nécessité pour les DSI de mieux s’insérer dans l’écosystème de leurs entreprises.

Pour Andy Rowsell Jones, vice-président de la recherche chez Gartner, la révolution numérique des entreprises passe par trois phases : une phase de construction du leadership numérique, une phase d’élaboration des plateformes numériques et une phase qui consiste à saisir les opportunités liées aux écosystèmes. Selon Gartner, les entreprises (et les DSI) qui sont les plus performantes sont également celles qui sont le plus intégrées dans leur écosystème numérique.

Ainsi, c’est le cas de huit entreprises sur dix parmi les plus performantes, contre une sur deux en moyenne et une sur quatre pour les entreprises les moins performantes. Une entreprise travaille le plus souvent avec 63 partenaires numériques, chiffre qui passerait à 127 en 2018. « La plupart des entreprises devront évoluer d’un modèle linéaire, dans lequel elles travaillent avec partenaires établis et réputés, vers un modèle davantage basé sur un écosystème numérique en réseau », prévoit Andy Rowsell Jones.

Trois approches permettent de travailler avec un écosystème : le co-construire et le co-gérer, en consommer les ressources ou le considérer comme un canal de vente. « Les entreprises les plus performantes sont aussi celles qui ont pris des initiatives pour co-créer leur écosystème », précise Andy Rowsell Jones. « L’atteinte des objectifs business est souvent hors de portée des seules capacités et ressources d’une entreprise, c’est la densité des interactions qui crée la valeur », justifie Remi Gulzar, consultant chez Gartner.

Pour réussir, la stratégie vis-à-vis des écosystèmes a trois dimensions : technologique, organisationnelle et de leadership. Sur le plan technologique, cela suppose, par exemple, de travailler en collaboration avec les start-up en utilisant leurs technologies, en investissant directement ou en les acquérant. « Parmi les entreprises les moins performantes, une sur deux ignore complètement le monde des start-up, contre seulement 6 % des entreprises les plus performantes », note Andy Rowsell Jones.

Ce dernier suggère de repenser les priorités technologiques : « Dans un écosystème numérique, les plus performants investissent dans des outils de Business Intelligence et pas dans les ERP ! » Les entreprises interrogées par Gartner (2 598 dans 93 pays) mettent en avant cinq technologies qui ont le plus fort potentiel pour changer les organisations au cours des cinq prochaines années : l’analytique, cité par huit entreprises sur dix, l’Internet des objets (une entreprise sur deux), la cybersécurité (43 %), les algorithmes (40 %) et la machine learning (22 %).

Sur le plan organisationnel, c’est l’approche bi-modale, crédo de Gartner, qui serait la plus pertinente. Elle serait privilégiée par 68 % des entreprises les plus performantes. Rappelons que l’approche bi-modale consiste à positionner le système d’information selon deux éléments : un SI industrialisé, prédictible, sécurisé, et un autre, davantage tourné vers l’innovation et la collaboration.

Selon les consultants de Gartner, cette approche procure plusieurs avantages : des relations plus étroites avec les métiers, une meilleure perception du SI par les utilisateurs, des projets livrés plus rapidement, une réduction des coûts et de la complexité du SI…

Dans le domaine du leadership, l’enjeu, pour les DSI, consiste à se positionner comme un réel « supporter » des écosystèmes numériques, si possible plus que les directions générales, les responsables innovation ou les chief digital officers. Un parcours qui peut se concrétiser en trois temps, selon Andy Rowsell Jones : « Identifier l’état actuel du leadership du DSI, élaborer un plan réaliste pour l’améliorer et définir quelques domaines sur lesquels se focaliser. »


Les caractéristiques des alliances dans les écosystèmes numériques

  1. La confiance, qui détermine l’attractivité pour intégrer un écosystème.
  2. Le contrôle, pour garantir la cohérence et la discipline par rapport aux objectifs.
  3. La transparence, qui conditionne la création de valeur.
  4. L’intégration, pour garantir un niveau minimum de coopération et de contribution.
  5. L’orientation client.
  6. La culture de l’innovation et de la prise de risque.