La Silicon Valley reste la zone géographique où l’innovation domine. Mais cette situation est-elle pérenne ? Ce n’est pas certain. Une étude intéressante du Altimeter Group et de Capgemini met en exergue la montée en puissance des « nouveaux empires », notamment en Asie, mais également en Europe.
Ainsi, entre mi-2015 et février 2016, pas moins de 56 nouvelles zones d’innovation ont fleuri dans une vingtaine de pays, en particulier en Asie (Singapour, Inde, Australie…), mais seulement cinq dans la Silicon Valley et une douzaine en Europe. Ces centres d’innovation, souvent créés par de grandes entreprises, se positionnent avant tout comme des accélérateurs de start-up (55 %) et des laboratoires internes d’innovation (un tiers des cas). Ils ont généralement trois objectifs : étendre les relations avec l’écosystème des start-up, favoriser le développement de produits et améliorer l’expérience client.
Même si, selon l’étude, le taux d’échec est significatif (plus de 80 %, essentiellement par manque de support des directions générales, de focalisation sur des objectifs clairs et de capacité à capitaliser sur l’innovation pour toute l’entreprise), c’est un mouvement réel : à l’image des plaques tectoniques, les « plaques d’innovation » se déplacent. Verra-t-on, un jour, la Silicon Valley détrônée de sa position de leader mondial de l’innovation ?
L’hypothèse n’est pas absurde. Car l’innovation, tout comme les plaques tectoniques, se caractérise par quatre éléments : le mouvement n’est pas brutal, mais des craquements se produisent régulièrement (d’où l’intérêt d’être en permanence en veille); il faut être prêt à en gérer les conséquences (sur les business modèles et l’organisation), les dégâts peuvent être irréversibles (perte de parts de marché, voire faillite…) et l’on ne sait jamais où les craquements vont se produire. D’autant que, dans chaque industrie, des « barbares » sont en embuscade…