Cartographier les fournisseurs : les dix bonnes pratiques

Le risque de défaillance d’un fournisseur est bien réel. Chaque année, environ 800 éditeurs de logiciels et sociétés de services sont victimes d’un redressement ou d’une liquidation judiciaires. Créer un référentiel solide, mesurer le degré de dépendance, anticiper les risques de faillite font partie des mesures utiles pour limiter les risques.

L’an dernier, en France, pas moins de 876 éditeurs de logiciels ou sociétés de services informatiques ont fait faillite (sur un total de 63 000), soit 2,5 par jour en moyenne, selon les chiffres d’Altarés, qui mesure tous les trimestres cet indicateur. En dix ans, le nombre de défaillances d’éditeurs et de SSII atteint ainsi 8 294. Même si le chiffre est globalement stable d’une année sur l’autre (environ 800 défaillances par an), les conséquences sur les clients de ces entreprises sont significatives : logiciels qui ne sont plus maintenus, perte de code-source, projets qui ne sont pas terminés, surcoût pour organiser de nouveaux appels d’offres…

L’un des moyens de se prémunir consiste à cartographier ses fournisseurs de manière à anticiper les défaillances, soit pour limiter les dégâts, soit pour ne pas signer avec un prestataire trop fragile et qui a une probabilité forte de disparaître en quelques mois… voire en quelques semaines. Car cela peut aller très vite. « Les impayés et le manque de cash constituent la première cause de défaillance des entreprises », explique Charles Battista, directeur communication et marketing opérationnel d’Altarès.

Une approche de cartographie des fournisseurs concerne trois domaines : les sources d’informations sur les fournisseurs, le traitement de ces informations, la compréhension du contexte et des tendances.

Récolter les informations

  • Créer un référentiel : cela évite une dissémination des informations hétérogènes sur les fournisseurs stockées dans de multiples fichiers et entités.
  • Faire « parler » les informations, notamment pour identifier tous les éléments manquants.
  • Enrichir les informations avec des sources internes et externes, de manière à disposer de toutes les informations de base sur les fournisseurs (n° Siren, chiffre d’affaires, localisation, contacts…).

Traiter les informations

  • Vérifier la qualité des informations : beaucoup de don­nées sont disponibles mais mal saisies, plus à jour, mal orthographiées… Un chantier de qualité de données est relativement lourd à mener, mais il est indispensable.
  • Mesurer le degré de dépendance à l’égard des fournis­seurs, avec la part du chiffre d’affaires réalisé par rapport au CA total : si le ratio est trop élevé (30 à 50 %), le prestataire est en situation de risque, car il n’a pas de portefeuille client suffisamment étoffé.
  • Identifier le degré de pérennité des fournisseurs : c’est l’intérêt d’une analyse financière qui porte sur l’évolution des ratios clés (endettement, procédure de sauvegarde, risque de cessation de paiements, impayés pour les dettes sociales…).

Comprendre le contexte et les tendances

  • Identifier les liens capitalistiques : l’intérêt est surtout d’identifier les montages complexes et de pouvoir négocier des accords cadre, plus avantageux financièrement.
  • Rationaliser le nombre de fournisseurs : la cartographie permet de se rendre compte de certaines redondances, par exemple, lorsque plusieurs filiales font appel à des prestataires différents pour répondre à un même besoin. C’est également l’occasion de rompre les liens avec des fournisseurs en situation de risque de défaillance, avant qu’il ne soit trop tard.
  • Analyser les roadmaps des fournisseurs stratégiques : ce n’est certes pas une garantie de pérennité, mais un éditeur sans roadmap est probablement en situation de risque, face à des concurrents qui peuvent capter ses parts de marché.
  • Analyser les retours d’expériences d’autres clients : cette source d’informations participe au recueil de signaux faibles, la non-satisfaction des clients fragilise un prestataire à plus ou moins long terme. N’oublions pas que lorsque les clients fuient, la trésorerie des fournisseurs s’assèche et l’on retrouve la première cause de défaillance d’entreprises…

Qu’est-ce qu’une défaillance d’entreprise ?

La défaillance d’entreprise correspond à l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire directe auprès d’un tribunal de commerce ou de grande instance. Cette procédure intervient lorsque le débiteur est en cessation de paiements, c’est-à-dire lorsqu’il est dans l’impossibilité de faire face au passif exigible avec l’actif disponible.

Source : Altarès