Faut-il se débarrasser des vieux fournisseurs ?

La période actuelle est riche d’enseignements. Par rapport aux années 1990 et 2000, on observe trois tendances qui vont profon­dément remodeler le paysage des systèmes d’infor­mation dans les années à venir.

Le nouveau monde contre l’ancien monde

La première est dans la recomposition de l’offre : d’un côté, des acteurs historiques peinent à maintenir leurs positions et doivent gérer des périodes de décroissance. IBM, par exemple, a encore enregistré, au troisième trimestre 2015, une baisse de 7 % de son chiffre d’affaires en consulting et intégration de systèmes et de 3 % de ses ventes de logiciels.

En dix ans, de 2004 à 2014, IBM a perdu 3,5 % de son chiffre d’affaires total, ce qui contraste avec la décennie précédente, lorsqu’il avait bondi de moitié ! De même, HP, qui s’est coupé en deux, a perdu, entre 2010 et 2014, 11,6 % de son chiffre d’affaires. Les revenus d’Oracle ne progressent quasiment plus depuis 2012 (+ 3 % en quatre ans, – 0,1 % en 2015)… Il faut bien sûr nuancer : des acteurs historiques comme Microsoft ou SAP ne s’en sortent pas trop mal.

D’un autre côté, des acteurs plus « neufs » connaissent, eux, des taux de croissance élevés et gagnent des parts de marché, qu’il s’agisse d’Amazon, de Salesforce (+32 % de croissance du chiffre d’affaires en 2015, après +33,5 % en 2014…). En 2015, 40 % des entreprises américaines ont investi dans des solutions proposées par des acteurs de niche, d’après le dernier CEB IT Budget Benchmark, signe que de nouveaux arbitrages sont à l’œuvre dans les DSI.

Le numérique contre l’informatique

La seconde tendance marquante concerne les nouveaux challenges auxquels doivent faire face les DSI dans leurs organisations, en particulier de la part de tous ceux qui préemptent le domaine du numérique comme l’une de leurs nouvelles responsabilités, surtout dans les secteurs les plus confrontés à la concurrence de nouveaux entrants (banques, finance, services, médias…).

D’ores et déjà, aux États-Unis, un tiers des budgets IT des entreprises n’est plus contrôlé par les DSI, selon l’étude « State of the CIO 2015 ». En France, selon une étude Accenture, 55 % des budgets numériques ne sont pas entièrement ou directement gérés par la DSI.

L’innovation contre l’immobilisme

La troisième tendance notable, par rapport aux décennies précédentes marquées par une relative stabilité, concerne la perte de visibilité sur les évolutions technologiques, caractérisée par le dynamisme des écosystèmes des start-up. Pour l’heure, celles-ci se concentrent davantage sur le segment B2C que sur le B2B, de sorte qu’il est quelquefois difficile d’identifier ce qui relève des vraies innovations de ce qui relève du gadget connecté ou de l’application dont la durée de vie sera relativement courte. Il n’empêche : les start-up peuvent bousculer le paysage technologique, même si c’est un processus très long.

Tout cela crée un climat d’incertitude qui, pour beaucoup de DSI, peut se révéler anxiogène. Ces trois recompositions ne s’observent toutefois pas au même rythme : à court terme, les DSI vont d’abord devoir gérer et accompagner les velléités des métiers de s’investir davantage dans le numérique. À moyen terme, se poser des questions sur la stratégie et les roadmaps de leurs grands fournisseurs historiques.

Et à plus long terme, imaginer comment intégrer durablement dans les systèmes d’information des doses de plus en plus fortes d’innovations issues des nouveaux acteurs. Pouvoir Différencier les stratégies technologiques des fournisseurs, faire évoluer ses Savoir-faire et Inclure davantage les métiers dans le numérique : cela pourrait être la nouvelle signification de l’acronyme DSI…