En 2017, affirment les consultants de Gartner, un quart des entreprises auront développé des App stores pour proposer des applications à leur utilisateurs ou à leurs clients. Plusieurs raisons militent pour envisager la mise à disposition d’un tel service :
- Les besoins d’applications simples, interactives et faciles à installer, soutenus par l’explosion des ventes de smartphones et de tablettes. Selon IDC, il s’est encore vendu, au second trimestre 2014, 295 millions de smartphones et 50 millions de tablettes dans le monde, dont beaucoup sont utilisées pour des usages professionnels.
- L’offre d’applications, accessibles depuis n’importe quel terminal, s’étend. « Les applications constituent la roue de la révolution digitale », estime Eric Grotefeld, vice président App Delivery chez CA Technology. Le cabinet américain Portio Research estime qu’en 2013, 83 milliards d’applications ont été téléchargées sur les plateformes de type App store, pour un marché mondial estimé à 20 milliards de dollars, mais qu’il atteindra 63 milliards à l’horizon 2017.
- L’évolution des plateformes technologiques (voir tableau page 7) entraîne une inflation d’utilisateurs et d’applications. « Le développement de ce que nous appelons la troisième plateforme est déterminé par les applications et non, comme par le passé, par les infrastructures », précise Andrew Buss, analyste chez IDC.
- Le BYOA (Bring Your Own Application) constitue la suite logique du BYOD (Bring Your Own Device), dans les contextes de mobilité.
- Les App stores publics, sur lesquels les utilisateurs téléchargent des solutions, posent des problèmes de sécurité des applications et de confidentialité dans les entreprises, ainsi que de contrôle des usages. La DSI peut ainsi mieux vérifier l’usage d’applications qui respectent les principes de la politique de sécurité des systèmes d’information. Par ailleurs, un App store d’entreprise participe à conforter l’image de la DSI en termes d’innovation et d’agilité.
- La multiplication des nouvelles versions d’applications nécessite de revoir les modes de distribution aux utilisateurs et de l’accélérer. « Nous devons parfois gérer simultanément jusqu’à 500 projets d’intégration pour le compte de nos clients, la pression du Time-to-market et de la qualité reste très forte », explique Joe Butler, responsable de l’intégration de services chez DHL Supply Chain.
- Cela permet aux équipes de la DSI d’automatiser la diffusion d’applications qui ne nécessitent pas d’intégration spécifique, et, donc, de réduire leur charge de travail. Cela va aussi dans le sens de la simplification pour les utilisateurs.
- L’utilisateur peut mieux adapter les solutions à ses propres besoins. C’est lui qui choisit et non la DSI qui impose. « L’expérience utilisateur devient plus importante que la richesse des fonctionnalités », souligne Eric Grotefeld.
- Un App store d’entreprise permet de mesurer, grâce à un système de rating, la popularité d’une application par rapport à une autre et son degré d’appropriation.
- Les DSI risquent de se faire déborder par les métiers. Selon Andrew Buss, analyste chez IDC, « les métiers participent directement à 58 % des nouveaux investissements IT, au niveau mondial et, en 2016, seront impliqués dans 80 % des décisions d’achats, dont 40 % en tant que décideurs principaux ; si les DSI ne transforment pas la façon de développer et de délivrer les applications, la situation deviendra très difficile pour eux. » Ben Wootton, analyste au cabinet de conseil Contino estime, pour sa part, qu’entre « une entreprise et un client, il y a une application, le DSI risque de perdre son pouvoir face aux directions métiers et, compte tenu du contexte business difficile, ces derniers savent qu’il faut aller plus vite pour délivrer les applications à leurs clients. »
Garder le contrôle
Mettre en œuvre un App store d’entreprise nécessite de prendre en compte plusieurs points d’attention : vérifier la sécurisation les applications, formaliser les relations avec les développeurs et éditeurs de logiciels, préciser les procédures de sourcing, vérifier les conditions du support, implémenter une solution de MDM (Mobile Device Management)…
Sur le plan organisationnel, deux éléments sont déterminants. D’une part, la nécessaire cohérence dans les applications : un App store avec trop peu d’applications ne sera pas plébiscité par les utilisateurs. À l’inverse, une profusion d’applications pourra les dérouter, entraîner des surcoûts et une faible appropriation.
Tout comme la notion de catalogue de services est fondamentale pour organiser les activités d’une DSI autour des solutions qu’elle a à proposer aux métiers, la notion de catalogue est aussi importante pour la mise en œuvre d’un App store. D’autre part, se pose la question du business case d’une application. C’est encore le point faible des initiatives dans ce domaine : « À l’horizon 2016, 75 % des applications mobiles seront toujours développées sans qu’un business case ait démontré un retour sur investissement positif, voire sans aucun business case », affirme Richard Marshall, analyste chez Gartner.
Les cinq points-clés à prendre en compte | |
Points-clés | Critères |
L’audience |
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La création de valeur |
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Les coûts |
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Les risques |
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Les indicateurs de performance |
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Source : Gartner, Digitalonomics. |
Les trois plateformes IT historiques | |||
Caractéristiques | Nombre d’utilisateurs | Nombre d’applications | |
1ère plateforme | Mainframe + terminal | Plusieurs millions | Plusieurs milliers |
2ème plateforme | LAN/Internet + client/serveur | Plusieurs centaines de millions | Plusieurs dizaines de milliers |
3ème plateforme | Cloud + mobilité + réseaux sociaux + Big data | Plusieurs milliards | Plusieurs millions |
Source : IDC. |
App store d’entreprise : les types de solutions | ||||
Caractéristiques | Exemples | Valeur créée pour l’entreprise | Stratégie à adopter pour un App store d’entreprise | |
Applications cœur de métier | Fonctionnalités exclusivement orientées métiers | SAP BusinessObjects Explorer | Forte à très forte | Intégration systématique, après étude du ROI |
Applications de productivité |
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Documents To Go Office Suite | Moyenne | Proposer un choix limité en fonction des usages (bureautique, gestion de projets, saisie de notes de frais, gestion des temps…) |
Applications de confort | Utiles pour un usage en mobilité | Glossaire, outils de traduction… | Faible | Proposer un choix large, puis rationaliser en fonction des usages observés |
Applications grand public | Peu ou pas d’utilité pour un usage en entreprise | Météo, réseaux sociaux, jeux… | Inexistante | Ne pas proposer |
Source : Research2guidance, Digitalonomics. |