La modernisation des datacenters est à double facette. La première, technologique, se traduit par des investissements (serveurs, stockage, infrastructures…), souvent conséquents, ou par des externalisations. La seconde, plus immatérielle, concerne les aspects humains et organisationnels.
Dans une étude sur les datacenters, publiée fin 2013, Gartner a listé les huit « leviers critiques » d’une stratégie datacenter (composants, architectures, processus, sécurité, gestion des volumes de données, consolidation…). Ces chantiers, plutôt complexes à mener, montrent l’ampleur de la tâche (*). On pourrait en ajouter un neuvième : la gestion des ressources humaines. L’actualité récente a rappelé qu’au-delà des transformations techniques, l’évolution des datacenters crée des turbulences sociales qu’il ne faut pas négliger.
En témoigne la grève des informaticiens du Crédit agricole. La banque a initié le projet NICE (Nouvelle informatique convergente et évolutive) afin de regrouper 39 caisses du Crédit agricole dans un seul système d’information. Cette évolution avait déjà donné lieu à une grève en 2009, contre la suppression d’un millier de postes. « Cette transformation a créé de l’incertitude, avec une pression forte pour respecter les délais », avait reconnu Laurent Kahn, directeur ingénierie de Crédit agricole technologies, lors du dernier EMC Forum de novembre 2013. Les informaticiens craignent aujourd’hui une mutualisation de la production informatique avec LCL. La transformation des datacenters ne pourra pas, de toute façon, se réaliser qu’avec des approches technologiques. Cela conduirait à vouloir aller trop vite, à négliger l’accompagnement au changement et à improviser la reconversion des informaticiens. Ce qui n’est jamais très malin, dès lors que l’on recherche la performance, l’agilité, la motivation…
(*) Eight Critical Forces That Will Shape Enterprise Data Center Strategies for the Next Five Years, novembre 2013.