Les éditeurs de logiciels tentent ou vont de plus en plus tenter d’imposer à leurs clients le passage au mode cloud, à l’image de la stratégie d’Adobe, qui abandonne progressivement les licences perpétuelles. Pour les éditeurs, c’est une façon de verrouiller leurs bases installées et, au passage, d’augmenter les prix. Certes, une telle approche (prévisibilité des revenus, baisse du piratage, réduction des coûts de distribution…) est intéressante pour les éditeurs.
Mais, à terme, cette stratégie s’avère risquée, au moins pour trois raisons. D’abord, le risque de mécontenter une partie des clients existants, ceux qui ne sont pas favorables au mode cloud et ceux qui vont être lassés d’augmentations de tarifs sous prétexte de nouvelles versions dont ils n’ont pas besoin, mais qu’ils devront quand même acheter. C’est ce qui se passe avec Adobe, nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet. Est-ce vraiment le moment d’aggraver la situation qui est déjà tendue entre éditeurs et clients, surtout sur des marchés oligopolistiques ? Ensuite, cela suppose que les éditeurs soient transparents dans leurs modes de tarification.
C’est probablement un changement culturel auquel la plupart des éditeurs (et leurs forces commerciales) ne sont pas préparés. Enfin, il leur faudra garantir une sécurité optimale sur les données de leurs clients, sujet qui fait toujours débat, surtout lorsque les données sont hébergées aux Etats-Unis. Bien sûr, il est certain que dans quelques dizaines d’années, toutes les applications seront dans le cloud. Mais est-ce une raison pour forcer la main aux clients ? Comme disait Cervantès, « il faut laisser du temps au temps »…