L’information et les données sous la loupe de la gouvernance

Dans son dernier ouvrage, Gérard Balantzian plaide pour une « cogouvernance » de l’information, celle-ci étant par définition « multiactrice », « multicompétente » et « multidomaniale », dans la mesure où l’entreprise numérique est marquée par une grande complexité.

Or, précise l’auteur, « dans un système complexe, les corrélations entre les variables sont ambiguës et certaines sont inconscientes, voire inconnues… Si la donnée est une matière brute, comme l’acier ou le bois dans d’autres corps de métier, la différence entre l’entreprise numérique dématérialisée et l’industrie est triple : tout d’abord, la circulation de l’information, qui est composée de données, est une des clés du succès ; ensuite, plus l’information circule, plus elle peut être partagée, et plus le partage intègre non pas seulement les faits mais également les nouvelles idées qui émergent de cette circulation et de ce partage (effet « pollinisant ») ; enfin, si l’innovation découle de cette réciprocité des échanges, la fertilisation des faits et des idées nourrit à son tour l’innovation collaborative. »

Gouvernance de l’information pour l’entreprise numérique, processus, architectures, risques et pilotage, par Gérard Balantzian, Hermès Lavoisier, 2013, 359 pages.

De fait, assure l’auteur, le relationnel est la pierre angulaire de la cogouvernance de l’information. « La nouvelle dynamique relationnelle des équipes pluridisciplinaires au sein des espaces numériques mérite d’être fondée sur un schéma de confiance autour des intérêts communs, car si on se limite à nommer des personnes à de nouveaux postes de proximité pour « sensibiliser les utilisateurs » à l’ouverture des données, nous ne regarderons l’avenir que par le petit bout de la lorgnette. »

Pour réussir un projet complexe, Gérard Balantzian suggère d’utiliser l’acronyme CRIC qui correspondent aux quatre clés de succès :

  • C comme « croyances culturelles et craintes » (pour remettre en cause les idées reçues) ;
  • R comme « reconnaissance et réciprocité » ;
  • I comme « intérêts communs » ;
  • C comme « communication » en vue de générer la confiance.

La gouvernance des données, composante de la gouvernance de l’information

Gérard Balantzian prévient : « Au sein d’une organisation devenue poreuse, il est nécessaire d’identifier les données de référence, de les harmoniser, de les définir, avant de penser à rendre interopérables les sous-systèmes. Mais à trop vouloir se limiter à l’approche opérationnelle classique des données alors que les enjeux se situent ailleurs, c’est-à-dire au niveau de l’information et de l’ingénierie des connaissances, nous risquons de manquer un rendez-vous historique : celui de la bonne transition tous ensemble vers le numérique. »

L’auteur propose une « carte d’orientation » avec deux axes : l’axe d’action et l’axe de la pensée (parce que l’entreprise numérique est apprenante). On en déduit quatre types de management (voir tableau). « Cette typologie devient opérationnelle lorsque chaque responsable se reconnaît dans chacun de ces quatre types et lorsqu’une équipe comprend son propre fonctionnement et la manière d’en assurer la métamorphose », explique l’auteur. De quoi se poser les bonnes questions…

Type de management Principes
Management par le centralisme
  • Le pouvoir se situe au centre et le chef a toujours raison
  • Primauté des règles et procédures
  • Priorité à la réduction des coûts
  • Le SI est évolutif par l’intérieur
Management par la collaboration transversale
  • Focus sur le client final
  • Autonomie d’action
  • Acteurs engagés et créatifs
  • Le SI est adapté et agie
Management par le « faire-faire »
  • Concentration sur le cœur de métier
  • Économie de moyens
  • Partage de savoir-faire
Auto-management et auto-apprentissage
  • Égalité des contributeurs
  • Agilité du système d’information
  • Partage de valeurs communes
Source : Gouvernance de l’information pour l’entreprise numérique, Gérard Balantzian, Hermès Lavoisier.