Proxiserve apprivoise le Big Data sur le terrain

Le spécialiste français des services à l’habitat Proxiserve capitalise sur les énormes quantités d’informations générées par les compteurs « intelligents ». Avec deux portails basés sur les architectures orientées recherche.

Il est des révolutions technologiques diffuses qui, si elles ne revêtent pas un caractère spectaculaire au point de faire la une des grands médias, n’en constituent pas moins des ruptures pour la vie quotidienne de millions d’individus. Il en est ainsi des processus de relève des compteurs d’énergie dans les habitations, devenus « intelligents ». Une des particularités de cette évolution réside dans la production de volumes de données très importants, sans commune mesure avec ceux que pouvaient collecter, il n’y a pas encore si longtemps, les techniciens étaient envoyés sur le terrain avec leurs formulaires papier pour relever des index de consommation, ensuite ressaisis. L’approche s’est modernisée avec l’apparition du « walk-by » et du radiorelevé. Le « walk-by » a été une étape intermédiaire entre la relève des index sur papier et la radio-relève d’aujourd’hui. Elle consiste a faire des relèves radio en pied d’immeuble, sans entrer dans les logements. Chaque compteur est équipé d’un émetteur radio et le releveur, qui n’a plus besoin de visiter chaque habitation pour réaliser sa collecte, peut ainsi obtenir des informations sur plusieurs centaines de compteurs en seulement quelques minutes.

« La révolution est venue de la norme GPRS de téléphonie mobile : les compteurs d’un logement sont reliés à un ou des répéteurs, eux-mêmes connectés à des concentrateurs, qui envoient automatiquement les informations à une base de données centrale, en 3G, les relèves peuvant ainsi être programmées à n’importe quelle fréquence, même à quelques minutes d’intervalle », explique Patrick Dominici, DSI de Proxiserve, spécialiste français du service à l’habitat. La DSI de Proxiserve gère l’ensemble des activités du groupe, qu’il s’agisse des fonctions classiques (finance, paie…) ou métiers. « Le SI est spécifique selon nos deux grands métiers, même si les contrats sont gérés dans une même application, de même que la facturation, développée en interne », précise Patrick Dominici.

Problème : dès lors que l’évolution technologique du processus de relevé des compteurs produit des masses importantes de données, le système d’information n’est plus adapté. Le système d’information de Proxiserve a notamment dû intégrer deux contraintes majeures : l’importance des volumes et la restitution des informations en temps réel.

« Notre SI historique, avec des bases de données traditionnelles, menaçait d’exploser !, se souvient Patrick Dominici. Historiquement, nous avions prévu quatorze possibilités d’index par an pour un compteur, ce qui suffisait largement pour des relevés réalisés une ou deux fois par an. Aujourd’hui, il nous est demandé jusqu’à un relèvé par heure avec des analyses de consommation et de multiples indicateurs, consultables en temps réel par nos clients. Le nombre d’index est aujourd’hui illimité. Résultat : nous devons gérer des volumes gigantesques d’informations. On parle beaucoup de big data : nous sommes en plein dedans ! » Ces données sont liées à « l’intelligence » des compteurs : ceux-ci sont en effet équipés d’alarmes pour détecter par exemple les fuites, l’arrêt du compteur, les fraudes mécaniques ou magnétiques, les retours d’eau ou les sous-débits… Autant de points de contrôle qui génèrent des données.

Pour faciliter la consultation des données, Proxiserve met à la disposition de ses clients deux portails. Le premier, MyConsoPro, est destiné aux bailleurs et syndics de copropriétés qui gèrent de l’habitat collectif. Le slogan « ma consommation d’eau et d’énergie en un clic » qui apparaît sur la page d’accueil du portail Web résume bien l’objectif : permettre le suivi des consommations d’eau et d’énergie, la présentation des bilans énergétiques, et la gestion des alertes, par exemple pour les fuites d’eau. Ce portail a été développé avec les technologies d’Exalead (Cloudview), solution de type search based application, mise en œuvre en moins d’un an et qui permet le stockage et la restitution sur de très importants volumes de données (plusieurs centaines de millions de lignes).

Le second portail, Myconso, s’adresse aux occupants des logements pour le suivi individuel des consommations d’eau. « Le portail MyConsoPro est le plus complexe techniquement, car il faut gérer les informations sous des formes différentes,et ce n’est pas un extranet classique qui affiche des données, c’est un véritable outil de gestion », précise Patrick Dominici.

Le big data comme atout concurrentiel

Les utilisateurs ne s’y sont pas trompés, et encore moins les commerciaux de Proxiserve. Le DSI ne cache pas sa satisfaction : « Lorsque j’ai présenté la solution à nos directeurs régionaux, ils ont été unanimes pour reconnaître que cela constitue un vrai plus pour leurs clients, en particulier pour les temps de réponses, inférieurs à une seconde même sur des requêtes complexes en langage naturel. Et, pour un DSI, c’est quand même rare de voir des directions métiers aussi enthousiastes ! » Du côté des clients finals, « c’est un vrai succès auprès des bailleurs et des syndics qui peuvent désormais consulter les informations de manière globale, mais surtout descendre jusqu’au logement et même jusqu’au compteur dans le logement, comparer des immeubles, des appartements, ou encore identifier les fuites très rapidement », souligne Patrick Dominici.

Proxiserve, avec la version 6 d’Exalead, a pu intégrer la gestion des multi-énergies. La nouvelle norme RT2012 sur la réglementation thermique des bâtiments prévoit en effet une obligation de mesure des consommations énergétiques et de restitution de ces informations aux occupants des logements. « C’est l’une de nos motivations pour migrer vers la version 6 et cela nous donne clairement une avance sur le marché », précise Patrick Dominici.

Le choix de la solution s’est justifié par plusieurs éléments. « En premier lieu, le mode de gestion des données nous a plu, avec un accès rapide aux données. C’est une vraie solution native de big data, pas une solution déguisée comme celles qui promettent de gérer de telles problématiques de volumes avec des bases de données », précise le DSI de Proxiserve, particulièrement vigilant quant aux coûts, aux charges de maintenance et à la performance. « Je serais beaucoup moins rassuré sur ces points avec une solution de type base de données… »

Un changement de métier pour les DSI

Un des points d’attention concerne l’évolution des volumes de données. Que se passera-t-il lorsque le nombre de compteurs équipés de collecte automatique va générer des masses énormes d’informations qu’il faudra pouvoir restituer en temps réel ? Patrick Dominici a des raisons de se monter optimiste : « Aujourd’hui, les résultats des tris et des recherches sont instantanés, mais nous avons réalisé une simulation sur les informations générées par trois millions de compteurs avec un relevé quotidien et un historique de sept ans, plus 500 000 autres que nous avons relevé toutes les heures. Résultat : la base n’a pas été impactée et nous n’avons pas observé de détérioration des temps de réponse. »

Avec de telles applications emblématiques du traitement du big data, c’est un changement de positionnement du DSI qui se profile : « Deux éléments changent radicalement notre métier : le volume des données et l’instantanéité, insiste Patrick Dominici. C’est un réel enjeu économique pour l’entreprise : nous n’avons plus vocation à distribuer des données brutes, mais à restituer des informations pertinentes qu’il faut savoir chercher. » C’est donc la porte ouverte sur de nouveaux développements pour Proxiserve, par exemple pour exploiter les données de cartographie des implantations des immeubles ou les divers flux en temps réel…


Les dix conseils de Patrick Dominici

  • Se faire accompagner par un intégrateur lorsque l’on ne maîtrise pas les problématiques liées au big data.
  • Faire un POC (proof of concept) pour valider les choix technologiques.
  • Vérifier que la solution n’est pas une « fausse solution de big data ».
  • Privilégier une solution française.
  • Être attentif aux temps de réponse, élément de base pour forger une expérience utilisateur positive.
  • Anticiper les volumes en réalisant des simulations.
  • Étudier le retour d’expérience d’une autre entreprise ayant déployé la solution.
  • Mobiliser les équipes de la DSI pour démontrer les avantages aux directions métiers.
  • Faire preuve de pédagogie afin que le DG et le DAF comprennent les enjeux (à investir) et les risques (à ne pas investir).
  • Assurer une communication interne régulière, par exemple dans le journal interne ou des newsletters.

 

   Les avantages d’une architecture orientée recherche
 Architecture standard
(bases de données relationnelles)
 Architecture orientée recherche
 Utilisateurs
  • Nombre limité d’utilisateurs
  • Nécessité de développer des interfaces
  • Nombre d’utilisateurs illimité
  • Expérience utilisateur basée sur le Web
 Application
  • Performance limitées
  • Développements complexes et spécifiques
  • Développement agiles
  • Accès simplifié aux données
  • Technologies Web standard
 Infrastructures
  • Ressources dédiées et limitées
  • Bases de données lourdes
  • Investissements en serveurs
  • Traitement des données en temps réel
  • Temps de réponse très courts
 Données
  • Données structurées
  • Tous types de données y compris non structurées
  • Toutes sources de données
Source : Exalead.