Face au poids de l’existant, l’obsolescence constitue un facteur de risque pour un système d’information. Dès lors, s’adapter et anticiper relèvent-ils de la mission impossible ? Telle est la problématique de départ de l’ouvrage de Sabine Bohnké, fondatrice du cabinet de conseil Sapientis.
Constat : la valeur des systèmes d’information réside d’abord dans les actifs immatériels, mais la course aux technologies s’avère contre-productive s’il y a un existant à gérer. Et sans visibilité, il n’est guère possible de faire évoluer un système d’information.
« L’existant logiciel ayant vocation à se complexifier inéluctablement, la capacité à le modifier nécessite de comprendre où réaliser une modification pour obtenir l’évolution souhaitée, quels sont ses impacts sur les différents programmes et comment garantir la non-régression, c’est-à-dire la continuité de services des anciennes fonctions avec la même qualité », explique l’auteur.
Moderniser son système d’information, par Sabine Bohnké, Eyrolles, 2010, 288 pages.
En respectant les interactions entre les applications. Le problème ne se limite d’ailleurs pas aux grandes entreprises, les PME se trouvent elles aussi fragilisées : « Elles n’ont ni la maturité en système d’information issue de l’expérience des grandes entreprises, ni les moyens financiers et humains pour investir dans des solutions relativement complexes à mettre en œuvre. »
S’adapter n’est évidemment pas une mission impossible. Selon l’auteur, l’évolution de l’économie immatérielle pousse à la modernisation des systèmes d’information, selon trois axes : géographique (les applicatifs sont devenus mondiaux), temporels (exigences de fonctionnement 24 heures sur 24 des systèmes d’information) et services (entreprise étendue). Face à ces exigences, les systèmes d’information ne sont pas configurés de façon optimale.
« Les SI hérités du passé sont loin d’avoir la flexibilité requise, en raison d’une architecture rarement pensée de façon globale, en particulier pour la sécurité, et pas assez orientée vers un usage de services partagés », précise l’auteur.
Prévenir les risques d’obsolescence revient à maintenir les bonnes conditions d’utilisation et d’évolutivité du système d’information. Sur le premier point, le système doit être connu (documentation complète et mise à jour), doit pouvoir être validé (en prouvant à tout moment qu’il est conforme aux spécifications), et ses accès (par les utilisateurs) et sa maintenance doivent être aisés.
Sur le second point, le système doit assurer les modifications sur des temps de développements courts, une prise en compte des pics de charge, une fiabilité, une ouverture des interfaces et une sécurité.
Dans ce contexte, le rôle du DSI est délicat puisqu’il doit être à la fois « passionné, technophile, stratège, charismatique, visionnaire, opérationnel, gestionnaire, communiquant, leader, fédérateur, porteur d’idées nouvelles », liste l’auteur, pour qui il vaut mieux voir la direction des systèmes d’information comme « une collégiale de compétences complémentaires plutôt qu’un individu unique, fût-il surdoué ».
Pour réussir le pilotage du système d’information, le DSI doit s’appuyer, selon l’auteur, sur plusieurs leviers classiques : rendre le SI intelligible, maîtriser les coûts et les budgets, optimiser les relations avec les autres directions de l’entreprise, gérer les ressources. Cela suppose de savoir choisir quand il est opportun d’abandonner, de réutiliser ou de rénover l’existant.