Le ministère chargé de la transition numérique et des télécommunications a publié la nouvelle édition de son baromètre du numérique, réalisé avec l’Arcep, l’Arcom, la CGE (Conseil général de l’économie), l’ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires) et le Credoc.
« Si durant les deux années qui viennent de s’écouler, du fait de la pandémie, de nombreux usages et outils ont été amplifiés chez la plupart de nos concitoyens (télétravail, vidéoconférence, streaming), nous notons que désormais, ils s’installent de manière plus durable dans leur quotidien », souligne Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications.
Ce dernier pointe toutefois le fait que « les inégalités se creusent également quant à la maitrise numérique, particulièrement chez les retraités et les non-diplômés qui rencontrent des freins importants pour bénéficier pleinement des opportunités offertes par le numérique. »
Les utilisateurs du numérique toujours plus équipés et satisfaits des services sur les réseaux
Les équipements numériques continuent de se diffuser dans la population et notamment les équipements qui sont apparus plus récemment sur le marché. En 2022, la proportion de détenteurs d’objets connectés a fortement progressé : + 7 points pour les utilisateurs d’objets connectés relatifs à la santé, la sécurité, la domotique ou à l’électroménager et pour les utilisateurs d’enceintes connectées.
Désormais 40% des répondants utilisent au moins un objet connecté et 27% une enceinte connectée. Les équipements déjà présents au sein des foyers depuis de nombreuses années se développent également.
Le smartphone, qui a fait son apparition à la fin des années 2000, est l’un des équipements numériques les plus utilisés en 2022, avec 87% de la population équipée (+3 points par rapport à 2020). Sur les réseaux fixes, même si le taux d’abonnements en accès internet se stabilise à 85% de la population, la connexion en fibre devient pour la première fois majoritaire.
La proportion d’utilisateurs équipés d’un accès fibre ou câble atteint 56 %, soit +17 points par rapport à 2020. Cette croissance a été permise par le déploiement rapide des réseaux en fibre optique en 2020 et 2021. La qualité ressentie par les consommateurs pour les services qu’ils utilisent sur les réseaux fixes et mobiles s’améliore et atteint des niveaux élevés.
Le taux d’utilisateurs satisfaits de leur connexion mobile s’échelonne de 85 % pour le passage d’appels vidéos à 92 % pour l’usage de messages textes. De la même manière, sur les réseaux fixes, 85 % des utilisateurs sont satisfaits de leurs services fixes. Ce taux atteint 92 % chez les utilisateurs disposant de la fibre, un niveau de satisfaction pratiquement identique quelle que soit la taille de la commune.
L’accès par internet est prédominant pour la télévision et minoritaire pour la radio
83% des Français équipés d’un téléviseur et possédant une connexion fixe à domicile déclarent recevoir la télévision via la box d’un fournisseur d’accès à internet sur au moins un poste.
Cet usage est principalement motivé par la qualité de réception (53 % d’entre eux), la diversité des services proposés (39 %) et l’accès direct à des abonnements (38 %). A l’inverse, 17% des équipés en téléviseur et connexion internet à domicile n’ont pas recours aux offres TV des FAI. Les deux tiers (66 %) d’entre eux se déclarent satisfaits de l’offre de chaînes et de services de la TNT. Une proportion quasiment équivalente (63%) ne se dit pas prête à payer pour regarder la télévision.
Si trois Français sur 4 (75 %) écoutent la radio ou des contenus audio comme des podcasts ou de la musique, diffusés en direct ou disponibles à la demande, le poste de radio avec réception hertzienne (FM ou DAB+) reste le mode d’écoute principal par rapport à l’écoute par internet : 65% des auditeurs écoutent le plus souvent la radio grâce à ce canal, contre seulement 35% via internet.
La satisfaction (75%) et l’habitude (70%) des auditeurs du poste de radio constituent les principales raisons de l’écoute de la radio ou de contenus audio via le réseau hertzien. Le choix de la consommation par internet s’explique principalement par la liberté offerte par ce canal dans le choix des contenus et le moment de l’écoute, pour 51 % des auditeurs par internet.
La moitié des internautes a déjà consulté les CGU des réseaux sociaux et plateformes de partage de vidéos
Les conditions générales d’utilisation (CGU) d’un réseau social ou d’une plateforme de partage de vidéos ont été consultées par 52 % des internautes.
Parmi les internautes ayant pris connaissance au moins une fois des conditions générales d’utilisation, 77% indiquent que ces informations sont facilement accessibles. La facilité de compréhension semble en revanche moins au rendez-vous et 53% des internautes qui ont consulté ces CGU estiment qu’elles sont aisément compréhensibles.
Le numérique s’est imposé dans la vie quotidienne des Français
En dessous de 70 ans, la part des internautes dépassent 96% dans chaque catégorie d’âge. Seules les personnes de plus de 70 ans se démarquent, avec tout de même 63% d’internautes. En moyenne, les Français regardent un écran 32 heures par semaine, soit près d’un cinquième du temps hebdomadaire ou un peu moins d’un tiers éveillé. Plus de la moitié de la population passe en moyenne plus de trois heures par jour devant un écran.
Les usages anciens sont installés, les nouveaux usages décollent
Certains usages montrent des signes de reflux comme les réseaux sociaux (62% contre 67% en 2020), déjà rejetés par les plus jeunes depuis quelques années (68% contre 84% en 2017). Mais les usages anciens sont bien installés, ainsi la recherche d’emploi progresse lentement (29% contre 26% en 2017).
À noter que les actifs au chômage sont eux 83% à utiliser internet pour chercher un emploi. Les démarches administratives et fiscales n’évoluent plus beaucoup sur le long terme, mais connaissent déjà un niveau élevé (71% de la population comme en 2020, contre 67% en 2017).
La part des acheteurs en ligne avait bondi pendant la crise sanitaire, cette habitude n’est pas retombée (77% contre 76% en 2020). Si 7% de la population possède un casque de réalité virtuelle, un Français sur cinq a déjà essayé cet outil numérique nouveau et 1 sur 5 aimerait le faire.
La sécurité et la confiance sont au cœur des usages
L’actualité montre que le numérique comporte des risques (attaques informatiques, arnaques, perte des données, etc.), la majorité des individus estiment qu’ils ont certainement (18%) ou probablement (38%) été personnellement victime d’un accès indésirable à leurs données personnelles par internet.
C’est sans doute pourquoi presque tous les utilisateurs prennent des précautions avec une vigilance plus (55%) ou moins (38%) constante.
Le numérique de plus en plus indispensable
Les Français utilisent internet tous les jours, y compris dans les interstices de la vie quotidienne, les « temps morts » comme les moments d’attente ou de trajet sont de plus en plus mis à profit pour saisir son smartphone, pour naviguer sur internet (70%) ou regarder des vidéos (50%), jouer (47%), envoyer des SMS (76%) et bien d’autres usages encore, au détriment des activités plus traditionnelles comme la lecture d’un livre ou d’un journal papier (53% contre 63% en 2013).
Cet attrait pour le numérique provoque même une sensation de manque dès les premières heures pour 31% de la population. Mais cette sensation gagne la majorité de la population au bout d’une journée et les quatre cinquièmes de la population après deux ou trois jours !
Davantage de personnes rencontrent des freins à la pleine utilisation du numérique
48% des Français éprouvent au moins une forme de difficulté qui les empêche d’utiliser pleinement les outils numériques et internet (+ 13 points par rapport à 2020).
Plus que l’équipement ou l’accès à internet, c’est la complète maîtrise des outils numériques qui reste le premier frein à la pleine utilisation du numérique (25%, + 7 points par rapport à 2020).
Cela pourrait paraître à première vue contradictoire avec la progression des usages du numérique des Français, mais une utilisation plus importante des outils numériques peut aussi s’accompagner d’une prise de conscience de ses limites et donc d’une identification d’une marge de progression dans la maîtrise de ces outils.
Des inégalités en compétences numériques qui s’accentuent
Les périodes de confinements qui se sont succédées depuis 2020 et le début de la crise Covid ont rendu les outils numériques indispensables dans de nombreuses démarches et activités du quotidien.
Maintien des liens avec les proches, télétravail, cours en ligne, démarches administratives dématérialisées : l’ensemble de la population a été amenée à prendre main des outils parfois peu familiers. Deux ans après le début de la crise sanitaire, en moyenne, plus d’un Français majeur sur deux estiment mieux maîtriser 10 ces outils (56%).
Toutefois, cette moyenne est sous-tendue par de grandes disparités. En effet, si le sentiment de s’être mieux approprié les outils numériques avec la pandémie est marqué chez les cadres et professions intellectuelles supérieures (71%), à l’inverse, les Français parmi les plus vulnérables (non diplômés et âgés de 70 et plus), quant à eux, sont une majorité à ne pas avoir l’impression de gagner en maîtrise depuis ces deux dernières années (respectivement 53% et 56%). Par conséquent, l’écart se creuse sur le sentiment de monter en compétences chez les Français.
Un accompagnement humain et pédagogique plébiscité face aux difficultés rencontrées dans le cadre des démarches en ligne
La dématérialisation des services publics se déploie depuis deux décennies avec une forte accélération récente. Celle-ci semble créer quelques difficultés.
On constate en effet une augmentation de la part de personnes ayant au moins parfois des difficultés à effectuer des démarches administratives en ligne (54%, + 16 points par rapport à 2020). Face à ces difficultés, la solution la plus plébiscitée est de demander des explications pour réussir à réaliser la démarche seul (40%, + 16 points par rapport à 2020).
Par conséquent, lorsqu’ils font face à des difficultés en ligne, en moyenne, les Français préfèrent apprendre et monter en compétence pour gagner en autonomie, d’autant plus que ces démarches en ligne mobilisent souvent des données personnelles sensibles et peuvent avoir des effets importants sur la vie quotidienne.