Prévenir les accidents industriels par l’étude du passé

La prévention des risques industriels est un domaine qui ne souffre pas d’à peu près. A ce titre, l’expérience collective des industriels est une source précieuse d’informations sur les causes d’accidents. Ces données peuvent être exploitées pour améliorer les dispositifs prédictifs.

Centrales thermiques et nucléaires, plates-formes pétrolières, raffineries, usines chimiques ou même installations agricoles manipulent régulièrement des produits dangereux. Ces sites ne sont pas à l’abri des défaillances. Dans de tels contextes, celles-ci peuvent potentiellement avoir des conséquences graves, aussi bien pour le personnel, directement exposé, que sur la santé des populations vivant à proximité ou sur l’environnement naturel. La prévention des risques est donc un sujet particulièrement vital pour les industriels de la chimie ou de l’énergie, qui doivent tout mettre en œuvre pour prévenir les accidents.

Cette prévention passe notamment par l’analyse des défaillances et accidents passés. En France, 40 000 événements de ce type, tous secteurs confondus, sont ainsi recensés dans la base de données ARIA (www.aria.developpement-durable.gouv.fr/), gérée et alimentée par le Bureau d’Analyse des risques et Pollutions Industriels (BARPI).

Ce dernier est rattaché à la Direction Générale de la Prévention des Risques du Ministère du développement durable. Les données proviennent des organismes publics chargés de la surveillance des installations classées, mais aussi de la presse, de certains organismes industriels et d’instances étrangères. Dans ce domaine, on peut également citer la base néerlandaise FACTS, son équivalent allemand ZEMA ou encore les travaux du CSB (U.S. Chemical Safety Board).

De telles informations sont précieuses pour les industriels qui mettent au point des plans de prévention des risques. Elles permettent notamment de recenser les défaillances matérielles, humaines ou organisationnelles à l’origine d’accidents, ainsi que le degré de gravité de ces derniers.

Si certains facteurs sont spécifiques à une industrie donnée, d’autres peuvent concerner l’ensemble des acteurs évoluant dans les secteurs sensibles, en particulier pour les accidents dont les causes sont d’origine humaine ou organisationnelle. Il peut donc s’avérer pertinent de ne pas se limiter aux accidents recensés dans son domaine d’activité, et d’étudier aussi ceux survenus dans des secteurs connexes.

Des données pour prédire le niveau de risque

Tous ces éléments pourront alimenter des solutions d’analyse prédictive afin d’établir des profils de risques à surveiller, en déterminant par exemple que la corrosion des réservoirs se retrouve comme cause dans 20% des accidents, ou qu’à partir de telle quantité de produit manipulée, les accidents ont plus de probabilité d’avoir des conséquences graves.

Ces données pourront ainsi aider les entreprises à identifier ce qui doit être rectifié ou amélioré dans leurs stratégies de prévention des risques, par exemple :

  • Quelles sont les interventions de maintenance à mener en priorité ? Sur quels équipements ?
  • A quelle fréquence planifier les contrôles techniques ?
  • Faut-il revoir les modes opératoires existants ?
  • Sur quoi mettre l’accent pendant la formation des nouveaux opérateurs ?
  • Quelles mesures de sécurité prévoir ?
  • Comment établir un plan de secours adapté ?