Dans la continuité du FinOps, la démarche GreenOps tente de faire la chasse au gaspillage de ressources utilisées par les systèmes d’information, notamment dans le cloud. Mais en se focalisant encore principalement sur la consommation d’énergie en phase d’utilisation, le concept demeure incomplet, omettant les impacts environnementaux des autres phases du cycle de vie des équipements ainsi que les éléments constitutifs des bâtiments qui les hébergent : les datacenters.
FinOps et GreenOps : rationaliser l’utilisation du cloud
La promesse du cloud est un coût d’infrastructure réduit par rapport à une infrastructure IT on premise. Cependant, dans les faits, nombreuses sont les entreprises à utiliser plus de ressources qu’elles n’en ont réellement besoin, entraînant d’importants dépassements de coûts.
L’approche FinOps consiste, dans ce cadre, à monitorer et optimiser les coûts en matière de cloud computing, afin de faire correspondre l’utilisation du cloud aux besoins, et le coût à la valeur apportée. Une démarche qui doit être adoptée à la fois lors de la phase Build, afin de contrôler les coûts des nouvelles factures, mais aussi en Run, pour optimiser les coûts en continu et éviter les dérives dans le temps.
Le concept GreenOps constitue une prolongation de la démarche FinOps. Son objectif : identifier les ressources IT non ou sous utilisées, afin d’optimiser leur utilisation et de réduire l’empreinte environnementale du cloud. Certaines entreprises ont élargi la démarche : étroitement lié aux mondes du FinOps ou de l’ITAM (IT asset management), le GreenOps devient progressivement un modèle opérationnel qui englobe tous les efforts déployés pour maîtriser les coûts, tout en réduisant l’impact environnemental de toutes les infrastructures informatiques de l’organisation, qu’elles soient hébergées en interne ou dans le cloud. Selon le cabinet d’analystes Gartner, 50 % des DSI devraient d’ailleurs disposer d’indicateurs de performance liés à la durabilité de leur informatique d’ici 2025.
Les limites du GreenOps
Le GreenOps est un concept récent, il n’est donc pas étonnant que son périmètre soit encore variable, sans qu’un consensus n’ait encore été trouvé. Dans la plupart des définitions du GreenOps, l’accent est porté sur les phases d’utilisation des matériels, et donc sur leurs consommations d’énergie et les consommables utilisés. Or si ces données sont bien sûr fondamentales, cette approche est tout à fait incomplète pour calculer l’impact environnemental du numérique.
Il est en effet indispensable de prendre en compte l’ensemble du cycle de vie des matériels, de l’extraction des matières premières nécessaires à la fabrication des équipements informatiques jusqu’à leur recyclage. Ainsi, aux côtés des indicateurs de consommation en phase d’utilisation des matériels IT, des indicateurs en phase de fabrication (extraction de matières premières et leurs transports), en phase de transport (jusqu’à l’utilisateur) et en phase de fin de vie (traitement, recyclage…) sont à prendre en compte pour évaluer efficacement le poids environnemental réel de la chaîne du numérique.
Au-delà du GreenOps, le numérique responsable
Si de nombreuses disparités apparaissent entre les multiples définitions du GreenOps, toutes ont un point commun : l’absence systématique de la prise en compte de l’ensemble du cycle de vie du datacenter en lui-même, en tant que bâtiment et des équipements (IT, refroidissement…) qui y sont hébergés. Or, son implantation, sa conception et son urbanisation ont pourtant un impact environnemental non négligeable.
En d’autres termes, au-delà des apports du GreenOps, il semble aujourd’hui indispensable d’adopter une approche plus globale de numérique responsable. Selon l’Institut du Numérique Responsable (INR), il s’agit d’une démarche d’amélioration continue qui vise à réduire l’impact environnemental, social et économique du numérique.
Appliquée au datacenter, elle donne aux entreprises une méthodologie et des indicateurs pour réduire l’empreinte environnementale dans leurs projets de construction, d’exploitation, de maintenance et de fin de vie de leur datacenter : réduction ou évitement d’impacts environnementaux dès le choix du terrain, étude d’impact environnemental du datacenter dès la phase de conception, réutilisation de locaux préalablement dédiés à d’autres usages, matériels labellisés à faible empreinte carbone, etc.
Dans tous les cas, il s’agit d’adopter des cadres méthodologiques de référence tel que le référentiel d’évaluation environnementale des services d’hébergement en centres de données et des services cloud et des indicateurs normés (PUE, WUE, REF…) pour mettre en œuvre une démarche de numérique responsable. Et surtout, de ne pas se limiter au seul indicateur carbone, utile mais insuffisant pour refléter à lui seul l’ensemble des impacts environnementaux du numérique.
Cet article a été rédigé par Georges Ouffoué, responsable du pôle innovation chez APL DataCenter