Les DAF ne manquent pas de sujets d’inquiétudes. Selon une étude publiée par Blackline, menée auprès de 1339 cadres dirigeants et professionnels de la finance dans le monde dont 152 en France, ceux-ci se disent « très » ou « plutôt » préoccupés par la crise financière mondiale, le changement climatique, la cybersécurité et les technologies de rupture.
Outre ces événements externes, ils estiment également ne pas être suffisamment préparés à gérer des événements graves à faibles probabilité, manquer d’agilité et de capacités à l’analyse et la prévision financière, sans oublier la pénurie de compétences.
Mieux piloter
Pour progresser, les professionnels de la finance aimeraient une meilleure compréhension de la trésorerie en temps réel, un accès à l’analyse de données et un pilotage plus fin. Encore faut-il que les données financières soient fiables ! « Piloter sans temps réel, c’est quasiment impossible, d’autant qu’en période crise la gestion de la trésorerie est cruciale », rappelle Samuel Rouayrenc, Vice-Président Régional de BlackLine France.
Un problème récurrent de confiance dans les données
Or, un DAF sur deux n’a pas une totale confiance dans es données (contre 34 aux États-Unis). Plusieurs raisons expliquent cette défiance : l’erreur humaine, la disparité des sources, le manque de vérification automatisée, le doute quant aux compétences des équipes, le recours accru à des tableurs ou encore des processus de calcul de traitement des données trop complexes. Pourtant, « La finance reste la gardienne du temple, cela ne changera pas, même s’il y a une pression sur les coûts et sur la modernisation, avec des besoins d’agilité et des capacités d’analyse », note Anne-Claude Tessier, Partner chez KPMG Aviser.
L’IA, voie prometteuse ?
L’IA peut-elle être un recours majeur pour fiabiliser les données et faciliter le temps réel ? Les deux-tiers des DAF plébiscitent l’IA. « On ne voit pas un client qui ne met pas le sujet d’IA sur la table. L’IA augmente considérablement les capacités d’analyse, dont les DAF sont les pivots, c’est un formidable terrain de jeu pour la prise de décision », observe David Merignargues Partner Advisory, Finance Strategy & Performance/EPM chez KPMG. Ce que confirme Marie-Hélène Pebayle, Présidente de la DFCG (Association des Directeurs Financiers et de Contrôle de Gestion) : « Les DAF deviennent de plus en plus les numéros 2 dans les entrerprises, ce qui est différent d’il y a vingt ans, ils étaient moins positionnés sur l’accompagnement stratégique des directions générales. Ce sont des business partners capables d’anticiper.
Mieux prévoir pour fiabiliser les prises de décision
Parmi les avantages de l’IA pour les départements finance et comptable, sont évoqués une meilleure analyse (35%), ainsi qu’une amélioration des capacités de prévision (35%) grâce à la capacité de traitement du volume des données financières, une amélioration des capacités d’audit par l’analyse de données (33%) mais aussi une meilleure identification des modèles et la détection des fraudes potentielles (31%). 32% des directeurs financiers et comptables estiment également que l’IA favorisera l’évolution du métier de comptable tandis que 31% d’entre eux pensent qu’elle permettra une meilleure identification des lacunes en matière de conformité. Enfin, 30% des sondés déclarent que l’IA favorisera plus d’efficacité en automatisant les tâches répétitives et 24% d’entre eux qu’elle réduira les erreurs et améliorera la prise de décision. « L’IA a plutôt vocation à s’appliquer sur le prévisionnel, pour le réel, c’es davantage la gestion de risques », estime Samuel Rouayrenc.
Cependant, si les directions financières plébiscitent l’IA et lui reconnaissent des avantages certains pour favoriser la résilience de l’entreprise et l’évolution de leur métier, elles sont néanmoins moins enthousiastes quant à sa mise en œuvre dans l’entreprise (à cause de la fiabilité des données).
Des freins subsistent
Au-delà de la question de la fiabilité des données, les directions financières et comptables identifient des freins au déploiement de l’IA au sein de leur entreprise. Parmi les obstacles majeurs à lever, on retrouve le besoin de former aux modèles d’IA pour comprendre et interpréter avec précision les données financières complexes (34%), la nécessité de faire confiance aux résultats de l’IA (34%), la prise en compte des réglementations actuelles (31%), la résistance au changement (30%) et le manque de compétences (31%).
« Il y a une vraie appétence pour l’IA, mais cet engouement est toutefois freiné par un effet générationnel, que l’on retrouve également pour les cabinets d’expertise-comptable. « Les professionnels de la finance ne sont pas des natifs de l’IA », note Marie-Hélène Pebayle, pour qui les cas d’usage sont relativement plus nombreux dans la finance. Un constat confirmé par David Merinargues, associé Finance Strategy & Performance chez KPMG, pour qui « la finance n’a pas encore vraiment pris le virage de l’IA, même si c’est un véritable terrain de jeu pour améliorer la prise de décision »