Affaire SAP-Diageo : le Cigref prend position

Après l’USF (association des utilisateurs francophones de solutions SAP), c’est au tour du Cigref de prendre position vis-à-vis de l’affaire qui oppose le groupe agroalimentaire britannique Diageo à SAP. Motif du litige : le traitement des accès indirects, que l’éditeur entend soumettre à droit de licences, ce que contestent ses clients, arguant du fait que leurs données leur appartiennent.

Le 16 février 2017, dans un jugement rendu par la cour royale de justice, un juge britannique a condamné le groupe agro-alimentaire Diageo au bénéfice de SAP.

Rappelons que, client de SAP depuis 2004, Diageo a lancé en 2012 deux projets de relation clients, autour de la solution Salesforce, et connectés à SAP via une infrastructure d’échange disposant d’une licence légitime pour accéder aux données. SAP a estimé que cette licence était insuffisante et a assigné son client en justice, exigeant que tous les utilisateurs qui accèdent aux données SAP via l’infrastructure d’échange s’acquittent d’un droit d’usage. Dès lors la facture SAP de Diageo s’en trouverait multipliée environ par deux. SAP réclame ainsi en reprenant l’historique 64 millions d’euros à Diageo, montant que doit encore confirmer la justice britannique.

« Dans ce cas précis, la justice britannique a suivi l’interprétation de SAP sur la notion d’accès indirects. S’il reste encore isolé, et même si la décision ne concerne finalement que le Royaume-Uni, le signal envoyé par SAP à ses clients est particulièrement négatif et inquiétant », souligne le Cigref.

L’association entend rappeler sa position à SAP « afin de rétablir dans la durée une relation moins conflictuelle, et pourquoi pas de confiance, entre les entreprises et administrations publiques qu’il représente et l’un de leurs principaux fournisseurs. » Le Cigref rappelle ainsi cinq principes :

  1. Il est indispensable que SAP accepte enfin de définir, clairement et de manière univoque, dans un cadre partenarial avec les utilisateurs, la notion d’accès indirects, et remédie ainsi au flou actuel de sa politique de licensing.
  2. Les données confiées aux systèmes SAP n’appartiennent pas à SAP mais aux entreprises, et ce qu’elles en font une fois que ces données en ont été extraites ne regarde qu’elles.
  3. Les clients de SAP ne sont pas dupes de la situation et n’entendent pas faire les frais de la concurrence exacerbée entre cet éditeur et Salesforce.
  4. Le Cigref relève une grande convergence de vue entre sa position et celles que développent, sur ce même sujet, l’USF etEuroCIO.
  5. Le Cigref note le développement de solutions en open source qui offrent, dès aujourd’hui, des alternatives permettant de s’affranchir du modèle de licensing imposé par SAP, ou de le cantonner à quelques fonctions critiques pour lesquelles SAP serait encore jugé plus pertinent ; du reste, plusieurs adhérents du CIGREF ont d’ores et déjà engagé des réflexions dans ce sens.

Les adhérents du Cigref « souhaitant construire avec leurs fournisseurs des relations saines et équilibrées », l’association.