Le laboratoire Ipsen a développé des solutions de BI mobile pour ses utilisateurs. Quels critères faut-il prendre en compte pour construire la solution et la déployer ? Les explications de Raphaël Pousset-Bougère, directeur Enterprise Performance Management d’Ipsen.
En 2012, le laboratoire pharmaceutique Ipsen (1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires, 4 600 collaborateurs), a engagé un plan de transformation IT, avec trois objectifs principaux : d’abord, un objectif d’optimisation et de réduction des coûts, ensuite un objectif d’amélioration de l’accompagnement des métiers, notamment avec l’innovation et la mesure de performance, et, enfin, une évolution de l’approche de gestion de projet.
Cette initiative fait partie d’une stratégie globale du laboratoire pharmaceutique visant à doubler son chiffre d’affaires et à multiplier par trois son résultat d’exploitation à l’horizon 2020. « Notre secteur connaît une forte pression sur les prix du fait, en particulier, de l’émergence des produits génériques et des règlementations, les laboratoires pharmaceutiques doivent donc se transformer pour accroître leur performance », indique Raphaël Pousset-Bougère, directeur Enterprise Performance Management d’Ipsen, qui a témoigné lors de la dernière conférence client de Microstrategy, début juillet 2014 à Barcelone. « La DSI se doit de renforcer son orientation métier », ajoute Raphaël Pousset-Bougère.
Le décisionnel dans le cloud pour accroître l’autonomie des utilisateurs
L’un des leviers consiste à transformer l’approche décisionnelle. « Il s’agit de passer d’une BI descriptive à une BI prédictive, accessible depuis n’importe quel terminal », résume Raphaël Pousset-Bougère, qui a privilégié le mode cloud . Dans un premier temps, début 2013, Ipsen a sélectionné une solution logicielle (Microstrategy a été retenu face à SAP-BO et Qlik). Dans un second temps, un projet pilote a été développé, en une semaine, pour les études cliniques de la division R&D.
Les tests ont duré trois mois et la migration définitive s’est déroulée en un mois, mi-2013, de sorte que les utilisateurs peuvent eux-mêmes élaborer leurs rapports sans être dépendants de la disponibilité des équipes de la DSI. Et dans la mesure où Ipsen est implanté dans 35 pays, le mode cloud permet de s’affranchir de la nécessité de créer des infrastructures locales.
Aujourd’hui, la solution est utilisée par 200 personnes en Chine, 70 en Russie (pour le CRM et les ventes) et une trentaine en Australie (pour les ventes). « Seule la plateforme de traitement est en mode cloud, les données, par nature confidentielles, restent en interne », précise Raphaël Pousset-Bougère.
Des « fenêtres de décision » de plus en plus courtes
Selon une étude du cabinet américain Aberdeen Research, les entreprises font face, de plus en plus, à des « fenêtres de décision » de moins en moins larges, c’est-à-dire la période de temps durant laquelle l’information disponible impacte les activités métiers. Selon les consultants, les deux-tiers des entreprises américaines sont dans ce cas, confrontées à des situations d’urgence face auxquelles la rapidité d’accès à l’information pertinente est cruciale. Notamment avec des outils mobiles : selon l’étude Aberdeen, un tiers des entreprises affirment que leurs besoins d’informations pertinentes ne peut souvent pas attendre plus d’une heure, 37 % se contentent de la journée et 29 % d’un délai d’une semaine.
La business intelligence mobile permet de raccourcir le cycle entre la collecte d’une information et sa consommation pour la prise de décision. Et ce cycle peut encore être réduit si l’on donne aux utilisateurs l’autonomie pour créer leurs propres rapports. « C’est le besoin métier qui devient déterminant pour créer ou modifier des rapports », observe Raphaël Pousset-Bougère.
Un modèle de déploiement au niveau international | ||||
Phases du projet | Matériels | Logiciels | Services | Types de gains |
1. Projet pilote | Peuvent être fournis en local | Fournis en central | Si fournis en local, il faut combiner développement ET support | Budgets (pour les logiciels) |
2. Tests | Best practices définies en central | Qualité | ||
3. Migration | Offre cloud centrale avec données locales | Best practices définies en central avec budget local | Agilité | |
4. Déploiement dans les filiales | Intégrateur ou application des bonnes pratiques | Budgets, qualité | ||
Source : Ipsen. |
Comment démarrer dans le cloud : les conseils d’Ipsen
- Le cloud ne signifie pas qu’il n’y a pas de modifications dans le système d’information existant, par exemple pour le provisioning des utilisateurs, l’intégration des annuaires LDAP, la configuration du VPN…
- Dédier une ressource pour la configuration des applications cloud, surtout pour un déploiement généralisé.
- Dédier un ingénieur expert pour résoudre les éventuels dysfonctionnements lors des premiers mois après le déploiement.
- Demander au fournisseur un accès complet à l’environnement cloud et anticiper le fait qu’il faut gérer de multiples comptes administrateur.
- Prendre en compte les liens avec des tiers qui peuvent affecter la qualité de service et des interfaces.
BI Mobile : les points d’attention selon Shell
- Les développements sont très consommateurs de temps, surtout pour les composants non standards et la navigation à l’écran.
- Ce n’est pas parce qu’on ajoute des ressources humaines à l’équipe que le projet avance plus vite.
- Les upgrades des applications ont un impact sur les tableaux de bord.
- Rester très pragmatiques si les infrastructures ne sont pas au niveau.
- Le syndrome « Apple » augmente les exigences des utilisateurs sur la simplicité, l’intégration fluide et les possibilités de collaboration.
- La BI mobile n’est que « la cerise sur le gâteau » qui ne doit pas faire oublier le besoin d’accroître l’adoption des solutions et de travailler la qualité des données.
- Si une DSI ne propose pas de solutions de BI mobile, les utilisateurs se débrouilleront toujours pour la trouver ailleurs…
Source : Rad Parvin, manager BI Mobile, Shell International.