Le quotidien Les Échos nous rappelle, dans son édition du 10 juin 2015, que 40 % des entreprises du CAC 40 se sont dotées d’un chief digital officer, en se basant sur une étude publiée par un cabinet de conseil.
Nul doute que les 60 % restants vont s’y mettre, même sans se poser la question préalable de savoir à quoi cela sert de créer une fonction de chief digital officer dans les grandes entreprises. Certes, les promoteurs de cette fonction diront qu’elle est stratégique, donc indispensable, et que les entreprises qui ne l’ont pas créée sont à ranger dans la catégorie des ringardes, qui n’ont rien compris à la transformation numérique et à ses enjeux.
Si le rôle des chief digital officers est de canaliser les énergies, de mobiliser les différentes parties prenantes, de fédérer les compétences, on imagine que leurs missions ont vocation à devenir obsolètes à plus ou moins long terme. Soit les chief digital officers auront réussi dans ces missions, difficiles, et l’on aura plus besoin d’eux lorsque tout le monde aura été mobilisé et que le numérique, banalisé, se sera immiscé dans les moindres interstices organisationnels des entreprises.
Soit ils auront échoué et le chief digital officer fera partie des « vieux métiers » du numérique. Il restera toujours quelques titulaires du poste, que les directions générales auront pris soin de placer là pour leur éviter un placard trop dévalorisé, avec une carte de visite teintée de modernisme. L’acronyme CDO, pour chief digital officer, est plutôt à comprendre dans le sens Contrat à Durée Occasionnelle…