Circularité et intégration au cœur de la Supply Chain durable 

Le cabinet de conseil Kepler a publié la deuxième édition de son baromètre de la Supply Chain durable, à partir des opinions de plus de de 120 directeurs et responsables Supply Chain. Logiquement, les résultats traduisent une progression de la maturité des entreprises dans ce domaine.

Ainsi, plus de 85% des entreprises ont des projets de Supply Chain durable en cours. « Jugés, stratégiques ces projets sont pilotés directement par la direction générale ou la direction RSE reportant à la direction générale », souligne Alain-Bernard Duvic, directeur associé chez Kepler.

Une maturité qui progresse

Le baromètre souligne par ailleurs une progression majeure des pratiques avec l’ensemble des parties prenantes avec quelques disparités selon les secteurs d’activités distribution, service ou industrie. « Les pratiques RSE s’intègrent progressivement dans les critères de performance et les objectifs contractualisés. Cette progression se comprend jusque dans les échanges de données entre partenaires, ce qui était loin d’être le cas en 2021 », poursuit Alain-Bernard Duvic.

Au cœur de ces problématiques RSE figure la circularité. Le baromètre montre que pour l’instant la circularité porte plus sur l’amont que sur l’aval. « La Supply Chain durable n’est efficace que dans une approche circulaire, qui ne peut se faire seul, il faut privilégier une logique de collaboration, c’est le véritable enjeu, amis nous n’y sommes pas encore. Mais, si la circularité est abordée et travaillée par les process amont de la Supply Chain (sourcing, relation fournisseur, revue des matériaux et des procédés de fabrication), mais trop peu en aval par manque de collaboration avec les équipes ventes et marketing », précise Alain-Bernard Duvic.

Selon le baromètre, le client n’est pas encore au centre des chaînes logistiques durables. « Les interactions entre les Supply Chains et les services commerciaux sont encore trop faible et les nouvelles offres ne sont pas encore nativement circulaires », déplore Alain-Bernard Duvic.

Pas de circularité sans collaboration

Si quelques secteurs affichent des maturités plus fortes comme le textile et l’habillement, le reste du marché ne co-conçoit pas sa circularité avec le client en préoccupation majeure. « Seule une vision systémique mettant le client au cœur de la réflexion permettra de construire le modèle opérationnel et le modèle économique permettant de réaliser le passage à l’échelle. En effet, le passage à l’échelle pose question, il y a un décalage fort entre grand groupe et startups nativement circulaires pour qui le passage à l’échelle semble possible au national mais plus questionnable au niveau international », explique le directeur associé de Kepler.

Le baromètre montre que la mise en œuvre de circuits courts n’est pas encore assez considérée dans les critères de performance Supply Chain (filières industrialisées, panels de sous-traitance).

Le contexte économique n’aide pas : la crise sanitaire l’a montré, les approvisionnements sont de plus en plus difficiles, les risques de récession sont réels en 2023 et l’inflation rebat les cartes et change les arbitrages (par exemple pour d’éventuelles relocalisations).

En effet les entreprises peuvent même se trouver confrontées à un « paradoxe de la volonté RSE », par exemple un choix de relocalisation en France peut entraîner une hausse des émissions de CO2 par la hausse du trafic routier vers le site de production. « Tant que les entreprises n’auront pas une parfaite maitrise de bout-en-bout de la Supply Chain, des effets collatéraux de ce type sont possibles », estime Alain-Bernard Duvic.

La circularité peut être lise en ouvre en se basant sur quatre principes : appréhender la complexité de la circularité (définir les schémas de flux, comprendre les enjeux dans une logique de « bout en bout », intensifier l’éco-conception), collaborer avec l’ensemble des parties prenantes dans la mise en œuvre de la circularité (en interne et en externe), s’appuyer sur des données solides et embarquer les équipes ainsi que l’ensemble de l’écosystème.


Supply Chain durables : les treize actions à privilégier

  1. Incitation à l’emploi des minorités et des travailleurs handicapés
  2. Optimisation des efforts de R&D
  3. Géolocalisation et mutualisation des parcours de livraisons
  4. Traçabilité des matières premières et composants
  5. Visibilité sur la chaîne d’approvisionnement et limitation de l’empreinte carbone
  6. Modes de transports alternatifs
  7. Diminution de la consommation liée à l’outil de production / d’exploitation
  8. Réduction des gaspillages et des non-qualités
  9. Programmes de recyclage liés aux opérations
  10. Optimisation du footprint industriel et logistique
  11. Optimisation des entrepôts et opérations d’entreposage
  12. Livraison jusqu’aux clients finaux
  13. Gestion de la fin de vie des produits