Cloud : cinq incertitudes, cinq constats et cinq prérequis

Best Practices a présenté, lors d’un dîner organisé le 9 avril 2015, la première édition du Benchmarking du cloud, publication issue des données collectées par le service de veille Best Practices Spotlight. Le filtrage et l’analyse de plusieurs centaines de chiffres et de plusieurs dizaines d’études permettent de dégager les grandes tendances qui marquent les usages du cloud.

Lors du dernier dîner organisé par Best Practices Systèmes d’Information, une quinzaine de DSI ont débattu de leurs expériences respectives concernant le cloud computing. En préambule, il a été rappelé les grandes tendances qui se dégagent de l’analyse du marché. Issus du service de veille Best Practices Spotlight, les principaux chiffres permettent de dégager cinq constats principaux :

1. Le marché du cloud affiche des taux de croissance très élevés
Alors que la dépense informatique française, environ 40 milliards d’euros par an, reste globalement stable (et baissera de 1,3 % au niveau mondial, selon Gartner), les dépenses en matière de cloud connaissent des taux de croissance supérieurs à 25 %, voire 30 %, selon les différents cabinets d’études.

2. Le cloud hybride va dominer
Une entreprise sur deux, au niveau mondial, utilise une approche hybride combinant centres de données et cloud privé ou public, d’après une étude IDG-Interxion, et 72 % des entreprises françaises admettent que le déploiement d’une stratégie de cloud hybride sera au cœur de leurs préoccupations en 2015, selon une étude Wakefield Research – Avanade.

3. Le cloud constitue un levier de modernisation du SI et de réduction des coûts
Selon une étude IBM, 60 % des entreprises françaises utilisent le cloud pour moderniser des applications existantes et 63 % pour gérer des applications critiques. Côté réduction des coûts, d’après le cabinet américain Computer Economics, les entreprises qui utilisent le cloud computing dépensent 16 % de moins, avec un coût par utilisateur plus faible de 18,5 %.

4. Des résistances persistent
Ainsi, selon une étude F-Secure, 45 % des entreprises qui n’utilisent pas de solution dans le cloud évoquent le manque de contrôle et de sécurité comme principale raison de leur choix.

5. Le cloud change le positionnement du DSI
Le renforcement de l’usage du cloud contribue à modifier le positionnement et les missions du DSI, notamment dans la mesure où 48 % du budget informatique des entreprises françaises sont contrôlés par des directions métiers plutôt que par la direction informatique, cette proportion atteindra 55 % d’ici à trois ans (étude Vanson Bourne – CA Technologies).

Face à ces constats, on peut identifier cinq prérequis pour les DSI :

1. Reprendre le contrôle sur le système d’information et les données
Selon une étude Research in Action-Compuware, 75 % des professionnels de l’IT redoutent que la perte de contrôle les empêche de pleinement optimiser leurs applications et réduise leur retour sur investissement dans le cloud. Par ailleurs, 44 % des données d’entreprise stockées sur le cloud ne sont pas administrées ou contrôlées par la DSI, selon une étude Ponemon Institute – Safenet.

2. Intégrer de multiples offres
En moyenne, 508 applications cloud (Google drive, Facebok, Twitter, Dropbox, Evernote…) sont utilisées dans les entreprises américaines, dont neuf sur dix ne sont pas configurées pour des usages en entreprise, selon Netskope. De même, en matière de partage de fichiers, 37 services différents et 125 services de collaboration sont utilisés, en moyenne, par les entreprises européennes (enquête AIIM – Iron Moutain).

3. Maîtriser les coûts
Si le cloud est généralement associé à une réduction des coûts, celle-ci n’a rien d’automatique. Ainsi, 90 % des entreprises françaises ont été confrontées à des coûts non planifiés pour le fonctionnement de leur cloud, tels que l’intégration, la maintenance, le déploiement, selon une étude de Sungard Availability Services.

4. Rassurer les métiers, les équipes de la DSI et les directions générales sur la sécurité
Face à la résistance qui s’exprime essentiellement sur le terrain de la sécurité, les DSI doivent communiquer et rassurer, par exemple en expliquant que 53 % des entreprises françaises ont constaté une augmentation de la sécurité avec le cloud, d’après une étude de Sungard Availability Services.

5. Comprendre l’économie du cloud
Entre les potentialités de réduction de coûts, de nouveaux usages et des business modèles innovants, la compréhension de l’économie du cloud est indispensable si l’on veut en saisir toutes les opportunités. Mais 41 % seulement des entreprises françaises estiment réagir de manière efficace à l’économie des applications (cloud, mobile, réseaux sociaux…), selon une étude Vanson Bourne – CA Technologies.

Au-delà de ces cinq constats et des prérequis sur lesquels les DSI peuvent s’appuyer afin de réussir une transition vers le cloud, il subsiste cinq incertitudes. Il ne s’agit pas tant de problèmes qui ne seront jamais résolus, car ils le seront en grande partie, mais de l’échelle de temps qui s’appliquera. Ces cinq incertitudes peuvent être résumées sous la forme de « 5 C » :

1. Les compétences
La conduite d’un projet cloud nécessite des compétences spécifiques, par exemple pour les aspects contractuels, la gestion des licences (lire pages 4 et 5), le sourcing, l’intégration avec le système d’information existant… Mais, selon IDC, 56 % des DSI européens ont des difficultés à trouver les compétences pour gérer les projets cloud.

2. La confiance
C’est le critère essentiel pour les projets cloud, en particulier pour garantir la sécurité des données et des transactions. Mais 72 % des entreprises ne font pas confiance aux fournisseurs de services cloud pour respecter les lois et réglementations en vigueur sur la protection des données, selon une étude Ponemon Institute – Netskope.

3. Le cadrage juridique
Aujourd’hui, 43 % des éditeurs de logiciels, en France, proposent des offres cloud, ce qui génère en moyenne 24 % de leurs revenus, selon IDC. Le mouvement va s’accélérer, les éditeurs ayant bien compris que leurs modèles de génération de chiffres d’affaires et de marges ne peuvent plus reposer uniquement sur un modèle traditionnel « On premise ». Mais les contrats cloud comportent encore beaucoup d’incertitudes, par exemple pour les engagements de services, la flexibilité des licences, la réversibilité, le TCO…

4. La création de valeur
Si, selon une étude Sungard Availability Services, 41 % des entreprises françaises recherchent, avec le cloud, un plus grand avantage compétitif par rapport à leurs concurrents, il reste à le concrétiser. Sur ce point, la réalité de la création de valeur dépend de nombreux paramètres et l’on ne peut déduire, a priori, un retour sur investissement positif du cloud, sauf pour des applications spécifiques, pour lesquelles on connaît les coûts, par exemple la messagerie électronique.

5. Les coûts
C’est l’argument principal des fournisseurs : le cloud réduit les coûts dans des proportions significatives. Certes, c’est souvent vrai, mais pas systématique. Ainsi, 47 % des entreprises françaises ont constaté une réduction des coûts avec le cloud, mais 43 % estiment avoir échoué sur ce point, selon une étude Sungard Availability Services.