Cloud, quand faut y aller…

Si le cloud computing n’existait pas, il faudrait l’inventer. Cela tombe bien, c’est fait… Et tous les DSI ont vu le résultat en matière de couverture médiatique (y compris dans Best Practices SI), d’efforts de communication de la part des milliers de fournisseurs qui se positionnent sur ce créneau que tous les cabinets d’études, sans prendre de grands risques, estiment très porteur.

Reste à apprivoiser le cloud computing et à mener à bien les projets. C’est le mérite de cet ouvrage, écrit par Romain Hennion, directeur gouvernance chez Global Knowledge, Hubert Tournier, DOSI adjoint du groupement des Mousquetaires et Éric Bourgeois, consultant, que de proposer les bonnes pratiques pour les projets basés sur le cloud computing. Autrement dit de « passer du buzz aux perspectives métier ». Le cloud computing, pour ceux qui l’ont oublié, consiste à « déporter sur des serveurs distants des traitements informatiques habituellement effectués en local, en les gérant via un navigateur Web ». Pour les auteurs, ce n’est évidemment pas un concept marketing. Au contraire, ils soulignent : « Il s’agit d’un changement radical dans la manière dont la puissance de calcul est produite et consommée. Cette transition est profonde, inévitable et irréversible. »

Les auteurs articulent leur ouvrage en quatre parties. Ils rappellent tout d’abord les concepts et les enjeux du cloud computing: les trois modèles de services (IaaS, PaaS et SaaS), les quatre modèles de déploiement (privé, public, communautaire et hybride) et ses cinq grandes caractéristiques : des services à la demande, mesurés, une bande passante élevée, un partage des ressources informatiques et une élasticité/flexibilité des ressources.

Pour les DSI, le cloud computing a plusieurs conséquences : c’est une nouvelle perception des systèmes d’information (améliorer l’efficacité des processus métiers), c’est un changement majeur pour les DSI, avec la pression pour une réduction des dépenses opérationnelles, un nouveau positionnement pour passer du « Cheap Information Officer » au « Chief Innovation Officer », c’est également une voie vers la banalisation des systèmes d’information et vers des environnements 100 % services. Pour l’entreprise, le cloud computing présente, selon les auteurs, quatre avantages : la standardisation, l’indépendance vis-à-vis des fournisseurs, la mise en œuvre rapide des services et la redéfinition du périmètre de la DSI.

Dans la deuxième partie, les auteurs s’intéressent à la gestion de portefeuille de projets, aux critères d’éligibilité d’une solution de cloud computing, à la gouvernance et au choix des fournisseurs. Il convient de se poser les bonnes questions : « Faisons-nous le bon investissement ? Cherchons-nous à optimiser notre capacité existante ? Le projet en cours est-il exécuté comme convenu ? Dans quelle mesure pouvons-nous absorber les changements liés au projet ? Les bénéfices escomptés se réalisent-ils ? »

La gouvernance d’un projet cloud computing est a priori plus difficile à mettre en œuvre : « Elle est aussi indispensable que complexe, car l’architecture de ce type de solution repose sur des services qui peuvent être hébergés aussi bien sur site que par des prestataires externes, ou encore qui passent de l’un à l’autre. »

La troisième partie concerne le business case et les différentes manières de calculer le retour sur investissement (valeur nette actuelle, méthode des flux de trésorerie, taux de retour interne, taux de réutilisation…), les contrats (avec différents types d’engagements de services : orientés service, client ou multiniveaux), l’architecture et la virtualisation. Le cloud computing se caractérise par un empilement de couches spécifiques.

Les auteurs expliquent : « Le cloud computing s’appuie sur une architecture client-serveur et des applications accessibles depuis des réseaux distribués à grande échelle. À des protocoles standard réseaux, s’ajoute une couche de virtualisation qui propose un système de ressources partagées sous forme de partitions, accessibles au maximum de clients, et qui s’adapte à la demande ou à la consommation réelle. C’est cette combinaison unique de services virtuels qui distingue le cloud computing des solutions Web classiques. »

Enfin, dans une quatrième partie, les auteurs détaillent le pilotage des services, avec les indicateurs et les tableaux de bord appropriés, et l’optimisation des services. Dans ce domaine, soulignent-ils, les indicateurs sont souvent inappropriés (ils reposent sur la promesse de réduction de coûts sans vraiment tenir compte de la valeur perçue ou des risques stratégiques) et les coûts de pilotage représentent une charge significative, entre 1 et 5 % du coût annuel, et « ils peuvent rapidement tripler en cas de problème ».