Comment intégrer une start-up attitude dans l’organisation

La réussite des start-up est associée à plusieurs principes suivis par leurs fondateurs. Certains sont universels et peuvent s’appliquer aux plus grandes entreprises. Par rapport à la majorité des entreprises, surtout des plus grandes et des plus anciennes, les approches privilégiées par les start-up se distinguent singulièrement.

Et ont même de quoi surprendre car elles sont, a priori, difficilement transposables dans des organisations marquées par la bureaucratie, la lourdeur, de multiples couches hiérarchiques et des degrés divers d’engagement des salariés. Cet ouvrage présente les grands principes retenus par les fondateurs de start-up pour développer leur entreprise.

Les dirigeants d’entreprises plus traditionnelles que les start-up peuvent s’inspirer de certains de ces « secrets de la réussite », à supposer qu’ils en aient besoin pour saisir de nouvelles opportunités. Dans sa préface, Xavier Niel, fondateur de Free, rappelle que, souvent, un entrepreneur ne comprend l’importance de certains événements qu’à mesure qu’ils se réalisent.

Cela complique la prise de décision : « Alors que vous pavez votre chemin, vous serez sans cesse confronté à des choix. La plupart sont réversibles ou révocables et leur impact est limité. Mais certaines décisions stratégiques peuvent impliquer de lourdes conséquences », assure Xavier Niel.

Parmi les 44 principes de réussite des start-up détaillés par l’auteur, nous pouvons en retenir sept :

  • Éviter le syndrome du « encore un peu ». Il faut savoir « se faire hara-kiri », assène Adrien Tsagliotis. Autrement dit, renoncer à reporter l’innovation afin de profiter « encore un peu » des anciens modèles qui ont fait leurs preuves. « Avant, bien sûr, que la concurrence ne mette les dirigeants devant le fait accompli et qu’il soit trop tard pour réagir », ajoute l’auteur, à l’image de Kodak ou de l’attentisme de la grande distribution face aux initiatives d’Amazon.
  • Parier sur l’imagination des clients. De la pâte à modeler au Viagra en passant par le Post-It, l’usage de nombreux produits n’a rien à voir avec ce qu’avaient imaginé leurs concepteurs. « Votre produit ou service a peut-être des usages que vous ne soupçonnez pas. Ne mettez pas de barrières et laissez votre communauté d’utilisateurs se l’approprier », conseille l’auteur.
  • Penser crowdsourcing et Open Source. Ce sont encore des approches issues des start-up que les grandes entreprises utilisent de plus en plus. Les modèles collaboratifs montrent leur efficacité, par exemple pour gérer des problématiques complexes, pour fédérer la connaissance ou pour gagner du temps dans le développement de produits et services.
  • Organiser des hackathons. Les hackathons sont un exemple de pratique courante dans les start-up que les grands groupes ont intégré. « En plus de donner la possibilité à tous les collaborateurs d’exposer leurs idées, les hackathons permettent de faire émerger une culture d’entreprise où l’échec est accepté, voire encouragé », explique Adrien Tsagliotis.
  • Ne pas recruter de spécialistes. Faut-il recruter des généralistes ou des spécialistes ? Il est préférable de privilégier les premiers, car « ils s’adaptent rapidement à un environnement en évolution et ont dans leur ADN une volonté d’acquérir toujours plus de connaissances », souligne l’auteur qui rappelle l’opinion des anciens dirigeants de Google pour qui « privilégier la spécialisation à l’intelligence est une erreur, surtout dans le secteur technologique. » Autres approches possibles, n’embaucher que des personnes pour qui on voudrait travailler ou recourir au test de l’aéroport, pratiqué chez Google : « Pouvez-vous rester coincé six heures dans un aéroport avec tel candidat ? Si la réponse est négative, aussi brillant soit-il, le candidat est recalé. »
  • Capitaliser sur les données. Selon le principe que « les données se fichent des stéréotypes et ne mentent pas, contrairement aux hommes », elles sont utiles pour la prise de décision, par exemple avec l’approche A/B testing dans le monde du Web.
  • Mettre l’égo de côté, en particulier pour l’interprétation des données. « Il est tentant de ne considérer que celles qui flattent votre ego », rappelle l’auteur. Ce que l’on appelle les « Vanity Metrics » peuvent masquer les vrais problèmes, par exemple lorsque l’on se focalise sur des chiffres de croissance, très flatteurs, mais que l’on oublie les causes d’insatisfaction des clients.

Quelques principes à retenir

  • Compter les échecs.
  • Privilégier les marchés de niche avant les marchés de masse.
  • Parier sur l’imagi­nation des clients.
  • Se trouver un ennemi.
  • Transformer les clients en attachés de presse.
  • Se lancer avec les moyens du bord.
  • Embaucher un designer.
  • Ne pas vouloir à tout prix être le premier sur un marché.
  • Ne pas jeter les créations à la poubelle, mais les recycler.
  • Devenir maître de son territoire.

 

Start-up attitude, adopter l’esprit start-up pour faire du business autrement, par Adrien Tsagliotis, Dunod, 2017, 214 pages.