Comment motiver une équipe de testeurs : l’exemple de BNP Paribas Cardif

Comment vraiment motiver une équipe IT ? Sébastien Marcel, responsable du centre de tests de BNP Paribas Cardif, a présenté son retour d’expérience, lors de la Journée française des tests logiciels. La DSI de BNP Paribas Cardif, entité assurance du groupe bancaire, compte 600 personnes (internes et externes) pour gérer environ 300 applications.

Le groupe dispose d’un centre de tests, implanté sur deux sites (France et Portugal), et représentant l’équivalent de 13 000 jours-homme. « En 2013, vous êtes testeur et on vous annonce la fusion des équipes de tests MOE et MOA, la suppression de cinq postes de management, le développement du nearshore, un plan pour augmenter l’efficacité des tests et l’obligation de réduire les coûts de 20 % sur deux ans », se souvient Sébastien Marcel, responsable du centre de tests de BNP Paribas Cardif.

Trois ans plus tard, ces objectifs ont-ils été atteints ? « En tant que manager, j’ai observé que, au final, la réduction des coûts a atteint 25 %, qu’il y a eu seulement 5 % de turnover des collaborateurs, que 90 % des clients du centre de tests sont satisfaits et que neuf collaborateurs sur dix estiment que leur entité fonctionne de façon efficace », soutient Sébastien Marcel.

Partir d’un contexte a priori difficile, déstabilisant pour les équipes, et parvenir à une situation plutôt flatteuse était loin d’être un pari facile à gagner. Pour Sébastien Marcel, ce résultat a été atteint par un travail sur cinq axes : le rôle des managers, la communication, la créativité, les moyens et la culture du partage.

1. le rôle des managers : créer un effet d’entraînement

Pour Sébastien Marcel, le rôle du manager est de travailler sur trois leviers. D’abord le soutien aux équipes : « Cela signifie avant tout développer l’empathie, savoir déléguer et dire « non », mais avec du sens, parce qu’il faut assumer les décisions et savoir mener des combats », résume Sébastien Marcel, qui se souvient avoir bataillé longtemps pour que ses équipes disposent d’un poste de travail avec un double écran. Ensuite, le rôle du manager est de donner à ses équipes les moyens adaptés aux objectifs, avec, insiste-t-il, « un objectif principal associé à des moyens sécurisés. » Enfin, le manager doit instaurer la culture du feedback, c’est-à-dire « être en capacité de collecter les besoins, les entendre et y répondre », ajoute Sébastien Marcel.

2. La communication : pour sortir de l’ombre

Face aux opinions couramment émises par les métiers et les utilisateurs à l’égard des équipes de tests (voir encadré), la communication s’impose. « Elle mêle la communication interne, externe et les retours d’expérience », précise Sébastien Marcel. Concrètement, les actions les plus efficaces consistent à réunir très régulièrement les collaborateurs, à capter ce qui se dit à l’extérieur de l’équipe et à capitaliser sur les meilleures pratiques identifiées sur le marché. « Il est également pertinent d’inciter les collaborateurs à s’exprimer sur leurs activités, pas toujours très bien comprises », ajoute Sébastien Marcel.

3. La créativité : pour prouver que l’on a tout essayé

Même un domaine aussi normé que les tests, avec ses procédures, ses méthodologies et ses bonnes pratiques, peut laisser une place à l’innovation. « Si quelque chose ne fonctionne pas, c’est déjà que l’on a tenté quelque chose et cela incite à réessayer autrement ! », résume Sébastien Marcel, qui privilégie l’approche Test and Learn, « car il faut apprendre de l’échec, qui n’est pas une faute, ce qui compte c’est de ne pas perdre de vue l’objectif. »

4. Les moyens : pour gagner en efficacité

Les moyens à disposition d’une équipe se regroupent en trois catégories. D’abord un outillage adapté et utile. « Il faut que les outils facilitent la vie des collaborateurs, qui doivent disposer des bonnes compétences pour s’en servir », souligne Sébastien Marcel. Ensuite, cela nécessite de développer les expertises, de les mettre en avant et d’en intégrer de nouvelles : « Je suggère de disposer d’un manager dédié à la gestion des compétences. Nous en avons un pour soixante personnes, qui a un vrai rôle de manager, par exemple pour allouer les meilleures ressources aux meilleurs endroits », conseille Sébastien Marcel. Enfin, il convient de s’appuyer sur des méthodologies, comme le standard TMMI (Test Maturity Model Integration). « Les méthodologies ne doivent pas pour autant s’ériger en dogmes, mais elles sont nécessaires pour éviter de commettre des erreurs », prévient Sébastien Marcel.

5. La culture du partage : pour maintenir la motivation

La culture du partage consiste à privilégier l’esprit d’équipe par rapport aux logiques de conflits, en mixant par exemple des objectifs collectifs et des objectifs individuels, en mélangeant les équipes, les profils et les expériences. « De fait, assure Sébastien Marcel, lorsqu’un problème survient, c’est le problème de l’équipe qui voit que l’important, c’est le résultat. Il ne s’agit pas de clouer quelqu’un au pilori, tout le monde peut flancher un jour ou l’autre. » La culture du partage passe également par l’usage d’un langage commun et une homogénéité des pratiques de fonctionnement. Sans oublier de cultiver le sentiment d’appartenance et la convivialité : « Malgré les difficultés du métier, favoriser un contexte « où il fait bon travailler » et des moments, hors contexte professionnel, cimente une équipe et favorise la cohésion », soutient Sébastien Marcel. Les challenges culinaires qui se déroulent chaque mois sont particulièrement plébiscités…


Les chiffres clés du test dans les entreprises françaises

  • 50 % des testeurs font partie intégrante de l’équipe projet (42 % en 2013).
  • Dans 49 % des entreprises, la politique RH comprend une filière des métiers du test et un plan de formation.
  • 61 % des entreprises disposent d’une solution de gestion des tests (+9 % par rapport à 2013).
  • 48 % des entreprises sont équipées d’une solution d’un éditeur.
  • 57 % des professionnels du test travaillent sur des projets de tests dédiés au système d’information (incluant un ou plusieurs ERP et d’autres types d’applications), 48 % sur des plateformes Web et 25 % sur des projets de tests dédiés aux applications mobiles.
  • 50 % des professionnels du test utilisent une approche agile (de type SCRUM, Kanban ou autre) dans leurs projets.
  • 45 % des professionnels du test utilisent des exigences, des User Stories ou spécifications formalisées pour concevoir les tests (+25 % par rapport à 2013).

Source : Observatoire 2017 du Comité français des tests logiciels.


Les opinions très répandues sur les tests

  • « C’est un mal nécessaire dans les projets »
  • « Tu as été puni ? »
  • « C’est long, c’est cher… »
  • « Pourquoi ce n’est pas automatisé ? »
  • « Le test, c’est exécuter »
  • « Cela doit être vraiment difficile de motiver les individus pour faire des tests ! »
  • « Mais pourquoi vous testez ? »
  • « Vous êtes rabat-joie ! »

Source : BNP Paribas Cardif.


Communication : les bonnes pratiques de BNP Paribas Cardif

  • Réunir très régulièrement les collaborateurs.
  • Communiquer sur l’écosystème de l’entreprise et décrypter l’environnement.
  • Savoir ce que disent les autres entités de l’entreprise.
  • Identifier les meilleures pratiques du marché et communiquer.
  • Faire parler les collaborateurs sur leurs activités.