Les consultants de Ernst & Young ont présenté, lors du DSI Symposium 2009 organisé par IDC, dont Best Practices Systèmes d’Information était partenaire, un état des lieux de la gestion de projets lorsque ceux-ci connaissent des difficultés : pourquoi les dérives surviennent-elles et comment faire pour limiter les dégâts ?
Tous les DSI le savent. Toutes les directions métiers en sont persuadées. Tous les informaticiens en subissent les conséquences : les projets informatiques coûtent cher. Surtout s’ils sont mal maîtrisés. Comment faire dès lors pour prévenir les dérives ?
Plusieurs études ont cherché à mesurer l’étendue des dégâts. La plus célèbre, celle du Standish Group publiée en 2004 et réalisée auprès de 365 organisations représentant 8 380 applications, montrait que 31 % des projets étaient arrêtés avant leur terme, 88 % des projets dépassaient les délais et/ou les budgets et que 44 % projets étaient terminés et opérationnels mais avec un dépassement des budgets et des délais initiaux, souvent avec une réduction du périmètre.
Pour Marie-Hélène Vedel, associée IT Advisory chez Ernst & Young, le constat est clair : les raisons génériques de dérives des projets sont souvent identiques, « même si chaque projet est un cas particulier, il n’y a pas de recettes miracles mais des bonnes pratiques de terrain ».
Quelques bonnes pratiques pour anticiper, limiter et contrôler les dérives
Tout d’abord, le sous-dimensionnement, pour faire accepter un projet, se paiera un jour ou l’autre. « Il est fondamental de mettre en adéquation le budget, les compétences et les plannings, ainsi que d’être inventif pour trouver comment faire au mieux avec les moyens disponibles », conseille Marie-Hélène Vedel. Deuxième constat : le temps perdu ne se rattrape plus.
« Au démarrage, on a toujours l’impression d’avoir le temps ou d’avoir du temps : or, les premières dates étant les plus faciles à tenir, il faut battre le temps dès le début, avec, pour prendre une image sportive, privilégier le départ lancé, avec un cockpit de pilotage prêt à fonctionner », résume Marie-Hélène Vedel.
Le troisième constat tient aux modes de management. D’une part, on observe des délais dans la prise de décisions et, d’autre part, « les mêmes mots sont utilisés par tous mais n’ont pas toujours la même signification », déplore Marie-Hélène Vedel, pour qui il importe « d’établir une culture commune dès le début du projet, avec de la méthode qui se positionne en complément de l’expérience. »
Enfin, « la faute de l’autre constitue toujours une bonne raison de dérive, ce qui suppose, pour contrer ce phénomène courant, de contractualiser les relations interprojet », propose Marie-Hélène Vedel. Marie-Hélène Vedel identifie deux cultures de management par rapport à l’annonce des difficultés. Le messager est soit « tué », ce qui a pour conséquence de retarder le plus longtemps possible l’annonce de la mauvaise nouvelle.
Soit on lui « offre à boire », c’est-à-dire que l’on se sert de la situation créée pour optimiser les délais et les coûts. La manière de prendre en compte les difficultés, et notamment les retards, varient selon le sort que l’on réserve au « messager » : « Dans le premier cas, celui-ci va trouver de bonnes raisons, des excuses de ne pas avoir pu réaliser le projet dans les conditions prévues », explique Marie-Hélène Vedel.
D’où la tentation bien légitime, et logique, d’octroyer de nouveaux budgets, d’ajuster le périmètre du projet et de donner plus de temps pour le réaliser, sans analyser les causes profondes. Au contraire, « dans une logique d’optimisation, le bon chef de projet va percevoir rapidement le degré de gravité et agira, après la recherche de la cause réelle, tout aussi rapidement par des actions de correction, de suivi rapproché ou des contournements, c’est un signe incontestable de maturité », précise Marie-Hélène Vedel.
Comment, dès lors, une équipe projet peut-elle faire la différence ? Selon Marie-Hélène Vedel, trois éléments se révèlent fondamentaux. « Tout d’abord, la qualité des équipes, caractérisée par l’implication d’un pilote, une crédibilité, de la détermination et de l’endurance.
Ensuite, il est utile d’impulser une dynamique de résultats et de succès, c’est une spirale positive, surtout si elle est appuyée par une gouvernance qui fluidifie la prise de décision. Enfin, il est inutile de fuir les problèmes : il faut au contraire systématiquement prévoir un plan B et la gestion des risques devient un outil de pilotage. » assure Marie-Hélène Vedel.
Surtout dans un environnement de crise : « Il ne s’agit pas de se demander comment conserver des projets en temps de crise (approche défensive), mais, au contraire, de repenser les projets permettant de faire face aux conséquences immédiates et différées de la crise (approche offensive), c’est une opportunité historique, pour les DSI, de redonner à leur fonction la place qu’elle mérite », assure pour sa part Michel Richard, associé chez Ernst & Young Advisory.
Que faire lorsque… | |
Toutes les « bonnes raisons » sont avancées pour changer de périmètre, de coûts de jalons… |
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La crise menace… |
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La fatigue se fait sentir dans les équipes… |
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Le court terme et le long terme sont incompatibles… |
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Le projet dure et dure encore malgré le fait qu’il soit déjà en exploitation… |
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Source : Ernst & Young. |
Trois études de cas | |||
Cas n° 1 Une date fixe pour l’ouverture à la concurrence |
Cas n° 2 Un projet Open Source, avec refonte à l’identique |
Cas n° 3 Reprise d’une intégration de projet ayant échoué |
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Le contexte |
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Les actions entreprises |
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Le résultat obtenu |
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Les best practices |
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Source : Ernst & Young |