La crise financière met sous tension les budgets informatiques. Avec des perspectives sérieuses de baisse, les DSI vont devoir travailler avec un nouveau référentiel, une nouvelle ressource rare : le cash !
Une crise financière en pleine préparation budgétaire, rien de tel pour mettre sous tension les budgets, les chiffres présentés. Mais concrètement, qu’est-ce qui va changer ? Ce qui ne change pas : on vous a demandé de revoir vos budgets à la baisse !
Est-ce une surprise ? Absolument pas, tout cela est maintenant complètement intégré à vos processus, par vos équipes, vous l’avez pris en compte, systématiquement on vous demande de faire plus avec moins ! Cependant, on vous demande en général un – 10 % sur votre copie…
Or, pour 2009, on risque de vous demander mieux, – 20%, voire plus dans certains secteurs d’activité ! Est-ce possible entre les dépenses « non influençables » et les projets absolument nécessaires. Comment réussir cela sans casser la qualité des missions réalisées par la DSI ?
Pour les projets, un bon dialogue avec les maîtrises d’ouvrage et une DG qui explique bien les contraintes budgétaires peut vous permettre un vrai travail de définition des priorités sur les projets, mais en absence de position claire de la direction générale sur les coûts, la DSI risque d’être responsable de tout.
Pour l’usine de « production informatique », vous n’avez pas le choix, cette usine de production doit, comme toutes les usines, travailler sa productivité et sa qualité de service et ceci en permanence. D’une part, si elle est interne, nous vous préconisons de réaliser un benchmark annuel des principaux coûts liés à vos services dits « standards » : mise à disposition d’un PC, mise à disposition d’une application financière, « prix du serveur »…
Cela vous permettra très vite de savoir où vous êtes et où vous devez aller en termes de cible, cela passera certainement par l’externalisation de certaines des prestations réalisées mais dans des conditions de qualité garantie. D’autre part, si la production est externalisée, vous allez entrer, si ce n’est déjà fait, dans une phase de négociation avec votre fournisseur.
Que va donc changer la crise financière ? Les DSI vont devoir travailler avec un nouveau référentiel, une nouvelle ressource rare : le cash !
La consommation de liquidités va faire l’objet, dans les mois à venir, de beaucoup d’analyses et de suivi, notamment pour le niveau de cash disponible et son utilisation, avec un nouveau discours du DAF et du DG vis-à-vis de toute demande d’engagement d’achat lourd…. On vous parle depuis longtemps de compte de résultats, de ROI.
Maintenant, on va vous parler de pay back, de montant de cash utilisé, de coût de financement de projet… L’argent n’était pas cher, il coulait à flots… La nouveauté 2009 est que l’argent devient plus cher, car plus compliqué à obtenir et à rentabiliser ! Le fameux « credit crunch » a également un impact sur vos projets informatiques.
DSI, vous êtes désormais en compétition avec le business. Pas directement, mais dans la tête du DAF et du DG. Dans leur esprit, lorsque vous présenterez vos projets, l’arbitrage sera le suivant : « Le cash que je bloque pour un projet informatique est autant de cash qui n’ira pas au business. » Comment utiliser la trésorerie disponible, quel choix faire entre un projet pur business et un projet informatique ?
Voilà où est la nouveauté ! Un grand projet informatique, c’est un engagement de cash out élevé, votre direction générale va vous demander de le regarder en termes d’investissement et de fonctionnement mais aussi, si possible, en termes de cash flow prévisionnel, exercice difficile !
Et vos contrôleurs de gestion vont également se transformer en trésoriers. En effet, les projets informatiques ont souvent des cash flow négatifs, autrement dit fonctionnent uniquement en cash out ! Pour réussir à maintenir vos projets dans cet arbitrage, vous devez trouver du positif, c’est-à-dire du revenu créé, ou des coûts en moins…
Cette crise rend nécessaire une compétence financière accrue du DSI s’il veut pouvoir dialoguer de manière équilibrée avec la direction financière et la DG. Elle va encore rapprocher ces deux fonctions qui ne peuvent travailler l’une sans l’autre.
Cet article a été écrit par Caroline Couesnon, directrice associée, Advese.