Évolution du business, nouvelles technologies, progrès de l’état de l’art ou simplement vieillissement des infrastructures : nombreux sont les facteurs qui conduisent les entreprises à devoir s’interroger sur l’avenir de leurs salles informatiques. Quels scénarios envisager ? Comment établir ses priorités ? Sur quels critères d’évaluation ?
Malgré la prise en compte des besoins futurs lors de sa conception, une salle informatique peut, avec le temps, ne plus répondre précisément aux besoins de ses utilisateurs. L’accélération de la transformation numérique de ces dernières années, qui a conduit à des changements des usages et des besoins, couplée aux évolutions technologiques et des matériels, sont autant de facteurs qui creusent cet écart. Selon Cisco, en 2021, 95 % du trafic global des datacenters proviendra des services et applications cloud.
Pour faire en sorte que le datacenter s’adapte au fur et à mesure aux besoins, il faut procéder régulièrement à l’évaluation objective de la salle informatique. Ce qui n’est pas toujours évident car les datacenters sont des environnements complexes du fait des nombreux lots techniques qu’ils comportent et de leurs interdépendances. Mais également parce qu’ils se situent à la frontière entre les services de la DSI et de l’immobilier. Il s’agit, notamment, de mesurer l’obsolescence respective des équipements (électriques, climatiques et sécuritaires), ainsi que la charge globale du datacenter. Et ce n’est pas forcément dans le sens d’une surcharge : avec l’évolution des équipements IT ou l’externalisation de certains services numériques dans le cloud, par exemple, les salles IT peuvent, au contraire, devenir surdimensionnées avec le temps.
En parallèle, la fiabilité de la salle (résilience de l’alimentation électrique et du refroidissement des serveurs), aussi bien que sa sécurité physique (protection contre la malveillance et les sinistres) et son environnement (implantation du site, emplacement dans le bâtiment, etc.) sont des critères à prendre en compte dans l’évaluation d’une salle informatique. Enfin, l’organisation de l’exploitation, les contrats de maintenance et bien sûr l’efficience énergique permettent de compléter l’analyse et de disposer d’une vision exhaustive de l’état d’une salle informatique.
Définition des priorités : besoins, contraintes et stratégie de l’entreprise
Une fois ce diagnostic établi, il s’agit d’analyser et de définir les besoins et contraintes de l’entreprise en terme de production informatique. Ce qui passe en premier lieu par la continuité de service : quelles exigences de disponibilité, sur quel périmètre du SI ? Ou encore quelle stratégie de sauvegarde : back up, PRA, PCA ? Ensuite, la question des capacités est généralement cruciale : elle implique une certaine anticipation, sans exagérer pour éviter le risque de surdimensionnement, qui conduit à un surinvestissement et une majoration de l’empreinte environnementale. D’autres éléments de l’organisation entrent également en ligne de compte : stratégie financière (CAPEX/OPEX), démarche RSE, ressources internes disponibles, etc. Sur l’ensemble de ces données, la précision autant que l’exhaustivité sont de mise, pour laisser le moins de place possible à l’interprétation. Entre l’existant et les besoins, les mesures d’écart permettent ensuite d’évaluer les niveaux de risques associés, d’autant plus si l’entreprise est soumise à des obligations, liées à son secteur ou non (RGPD, HDS, PCI-DSS…), ou à des certifications ou référentiels (ISO 27001, 14001 ou 50001, Uptime Institute, Code of Conduct for Data Centres…). Les éventuels écarts constatés permettent d’établir des priorités d’action et d’identifier des « quick wins », afin de gommer un risque majeur sur l’intégrité du SI ou sur la continuité de service, grâce à un investissement limité.
Les trois grands scénarios : rénovation, nouvelle salle ou externalisation
Selon les résultats de l’analyse, qui permet de disposer d’une connaissance précise et complète du niveau de son installation, plusieurs scénarios sont envisageables. La plus classique étant la rénovation de la salle existante. Si cette solution permet bien sûr de limiter le montant des investissements et les temps de réalisation, la question de la durabilité de ces investissements est à prendre à compte. Tandis que les limites imposées par l’existant et les contraintes liées à l’intervention sur une salle en production ne sont pas anodines. La seconde option consiste à repartir de zéro et à construire ou aménager une nouvelle salle serveurs conforme à l’état de l’art, y compris en matière de performances énergétiques, et adaptée aux besoins immédiats et futurs. Ce scénario réclame toutefois des investissements significatifs (projet, décommissionnement, déménagement…) et implique des délais de réalisation généralement importants. Enfin, la troisième possibilité est une externalisation partielle ou totale de l’infrastructure datacenter. Dans ce cas, la délégation de l’exploitation, des risques et responsabilités peut être une opportunité pour l’entreprise. Mais les coûts de départ (projet, décommissionnement, déménagement…), associés aux coûts récurrents (OPEX) dans le cadre d’un contrat qu’il faudra gérer, ne sont pas à négliger dans la réflexion.
Cet articler a été rédigé par Sébastien Ollier, directeur conseil et ingénierie datacenters chez APL, et Marine Cetina, ingénieure commerciale France et Suisse chez APL.