Des datacenters en voie de modernisation

Selon Gartner, les dépenses dans les datacenters vont repartir à la hausse en 2014, après une légère baisse en 2013. Les exigences de modernisation poussent aux investissements. Les retours d’expériences et les bonnes pratiques de Swiss Life, des Voies navigables de France et d’Aviva.

Swiss Life : moderniser deux datacenters en neuf mois

À l’image des organismes vivants, les datacenters vieillissent… À plus ou moins long terme, les DSI sont confrontés à deux types de difficultés : d’une part, des problèmes de dimensionnement, en particulier pour les capacités de stockage et les volumes de serveurs à gérer ; d’autre part, des problèmes de performance, qui se traduisent notamment par des décalages entre les technologies à l’état de l’art et celles qui sont en usage, et par une inadaptation des procédures de sécurité et des plans de secours. L’assureur Swiss Life France s’est retrouvé dans ce cas de figure, avec ses deux datacenters situés à Roubaix (Nord) et à Levallois (Hauts-de-Seine).

« Nous devions mettre en conformité nos systèmes pour faire face à une explosion du nombre de nos serveurs, à une infrastructure de stockage en limite de capacité, de performance et en fin de maintenance, ainsi qu’à une infrastructure de sauvegarde également vieillissante, en limite de capacité, et avec un périmètre de sauvegarde restreint, encore gérée sur bandes », précise Denis Bourdon, directeur des opérations IT de Swiss Life France, pour qui l’urgence était de traiter la problématique liée aux serveurs et à la sauvegarde. « La croissance du nombre de serveurs augmente la consommation électrique, donc les besoins de refroidissement, ce qui nécessite des investissements additionnels », explique-t-il.

Autre contrainte pour Swiss Life France : des délais serrés. « Nous souhaitions réussir cette modernisation en six mois », se souvient Denis Bourdon qui a opté pour les technologies EMC et Cisco. Pour le DSI de Swiss Life France, « les technologies sont aujourd’hui plus ou moins équivalentes, ce qui fait la différence et qui conditionne la réussite du projet, c’est la qualité de l’intégrateur. » Swiss Life a fait appel à MTI, intégrateur spécialisé dans la fourniture de solutions d’infrastructures. « Avec un intégrateur unique, qui répond seul à l’appel d’offres, nous avons un seul interlocuteur et on gagne en coordination et en pilotage, par rapport à des configurations où l’on fait appel à plusieurs intégrateurs, ou à un seul mais qui répond avec des constructeurs », précise Denis Bourdon.

Pour ce dernier, trois éléments ont contribué à la réussite du projet : « Les bonnes technologies, le bon intégrateur et, surtout, un pilotage serré car on trouve toujours de bonnes raisons de dévier de la cible (solutions, délais, coûts). Même si le décalage n’est que de quelques pourcents, au bout de plusieurs mois, les dérives sont réelles, il faut toujours tenir le cap. » Les équipes de Swiss Life ont ainsi organisé un point hebdomadaire, « car il faut une implication des équipes des deux côtés », ajoute Denis Bourdon.

En 2014, c’est la totalité des datacenters qui aura été modernisée : « Nous sommes tranquilles pour quatre à cinq ans », assure le DSI de Swiss Life, qui reste vigilant : « Si l’on veut rester compétitif pour les directions métiers, il nous faut être agile, industriel et pas cher, les directions métiers nous challengent en permanence sur les coûts et les délais de tous les services qu’elles utilisent, c’est une exigence de performance pour la DSI. Il nous reste à adresser le volet réseau/sécurité de notre infrastructure, mais nous avons d’ores et déjà atteint nos principaux objectifs : disponibilité du service, performance et capacité à mettre en place un PCI dans des délais toujours plus courts. »

Swiss Life France : l’essentiel du projet    
 Les besoins  Les points essentiels du cahier des charges Neuf mois pour moderniser  Le projet en quelques chiffres 
  • Une explosion du nombre de serveurs.
  • Une infrastructure de stockage en limite de capacité, de performances et en fin de maintenance.
  • Une infrastructure de sauvegarde également vieillissante en limite de capacité et un périmètre de sauvegarde restreint.
  • Amélioration des performances et augmentation de la capacité.
  • Amélioration de la réac­tivité à délivrer des environ­nements virtualisés.
  • Mise en œuvre d’outils d’aide au diagnostic et à la gestion de la capacité.
  • Sécurisation du PCI sur un site distant (Levallois).
  • Décembre 2012 : choix du prestataire.
  • Février 2013 : réception du matériel.
  • Mars 2013 : démarrage de la phase d’intégration.
  • Juillet 2013 : première mise en production.
  • Septembre 2013 : derniers réglages.
  • DSI SwissLife : 250 personnes (180 internes + 70 prestataires).
  • 600 serveurs et 3 000 postes de travail.
  • 150 applications principales.
  • 20 personnes de la DSI formées sur ce projet par MTI et EMC.
  • 60 % d’économie d’énergie.
  • 70 % de gain de place.
  • 80 % de câbles en moins.

 

128 REX 1
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook
  • Gmail

Voies navigables de France : optimiser la performance du SI

Créé en 1991, Voies navigables de France a pour mission, avec près de 4 700 agents, de gérer le plus grand réseau européen de voies navigables, c’est-à-dire assurer la gestion, l’exploitation, la modernisation et le développement d’un patrimoine comprenant, entre autres, 6 700 kms de voies navigables, 494 barrages, 1 595 écluses…

Le siège, situé à Béthune (Pas-de-Calais), et les sept directions territoriales de VNF travaillent en collaboration avec de nombreux partenaires : ports, fédérations professionnelles, organismes publics, organisations environnementales, etc. Pour faciliter leurs échanges, la DSI de VNF a mis en place des applications spécifiques à chaque demande des métiers. « Dès qu’un besoin émergeait, on créait une nouvelle application avec une nouvelle base de données », explique Benoît Hollebecq, DSI de VNF. Si bien que la DSI s’est rapidement retrouvée avec un système d’information très morcelé et difficilement maintenable « puisque les données étaient éparpillées à travers toutes les bases de données ».

« Le nombre de nos applications métiers n’a cessé d’augmenter, passant de cinq à près de quarante », confirme Eric Baranek, coordonnateur du pôle exploitation de Voies navigables de France. Cela a entraîné la multiplication des serveurs par trois, contraignant la DSI à revoir totalement son infrastructure. Car même si VNF dispose d’une salle serveurs, celle-ci n’est plus adaptée face à cette nouvelle contrainte. Pour y remédier, l’établissement public a réaménagé la salle afin de pouvoir gérer ce surplus et centraliser l’ensemble de ses 100 serveurs. Mais surgit un nouveau problème : la solution de gestion de la capacité alors en place devient difficile à maintenir. D’où la décision de lancer un projet de surveillance, de diagnostic et de gestion des performances.

Le projet s’est déroulé en trois phases (avec les solutions d’Orsyp). La première phase consiste à mettre en place un outil de supervision d’infrastructure dédié au diagnostic de problèmes de performance. « Ce module nous permet de visualiser, en temps réel, les problèmes de performance de notre infrastructure et de la totalité de nos serveurs, d’où une meilleure qualité de service », explique Eric Baranek. Durant cette phase, VNF procède à l’audit de son infrastructure, installe des agents avec les métriques de base (Windows, Oracle, Exchange, etc …), met en place les alertes spécifiques et organise le transfert de compétences.

La deuxième phase est dédiée à la mise en place d’un outil de reporting et de gestion prévisionnelle de la capacité. « Ce logiciel analyse l’état de santé de nos infrastructures physiques et virtuelles et nous signale tout risque éventuel, en cas de surexploitation des serveurs par exemple », poursuit Eric Baranek. Ce bilan de santé, élément essentiel, est d’ailleurs transmis chaque semaine au comité de direction des Voies navigables de France. Enfin, pour des raisons d’astreintes informatiques, l’équipe projet déploie une solution de supervision de type applicative. Ce logiciel mesure, en temps réel, l’impact des incidents sur les services proposés par l’infrastructure. « On peut ainsi remonter et filtrer toutes les alertes au niveau d’une seule console », rapporte le coordonnateur, qui précise que cet outil étant plus complexe à réaliser, c’est Orsyp qui pilote cette partie, en collaboration avec VNF dans la mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage.

Parmi les bénéfices les plus marquants cités par Eric Baranek figure un gain de temps qui se traduit par une réduction des coûts en terme de jour/homme. « Désormais, on ne perd plus une minute avec notre outil de supervision. On dégage ainsi du temps pour notre équipe qui peut alors se focaliser sur des projets à plus forte valeur ajoutée ». Autre avantage clé : le filtrage des alertes collectées, dans une seule brique en cœur de réseau, permet à VNF d’effectuer son service d’astreinte via un seul téléphone portable. « L’opérateur reçoit les alertes directement sur le mobile et peut donc gérer plus rapidement les problèmes de performance et de gestion de la capacité », assure Eric Baranek qui ajoute que la direction informatique dispose aujourd’hui d’une visibilité totale sur le parc de serveurs et sur les applications, sans avoir besoin de personnel supplémentaire.

« Nos processus informatiques sont exécutés au bon moment avec les ressources nécessaires et selon les besoins des métiers. Et le service est ainsi toujours disponible ». L’établissement public envisage, dans le cadre d’un projet de mise en place d’un ordonnanceur, de faire des tests (avec l’outil Dollar Universe d’Orsyp), lui permettant de disposer d’une traçabilité des traitements informatiques et de centraliser la planification. « Aujourd’hui, nous disposons au sein de notre infrastructure de multiples outils capables de remonter les alertes, précise Eric Baranek, mais nous recherchons un seul et unique outil capable de récupérer les alertes. C’est un projet complexe à mettre en place, mais nécessaire. »

Dernière évolution au sein de la DSI de VNF qui poursuit la restructuration de son système d’information, initiée suite au schéma directeur informatique 2011-2014 : l’ajout de la plateforme d’intégration (Ensemble d’InterSystems, intégrée par CGI). La solution centralise la gestion des processus métiers permettant à VNF de gagner du temps dans le traitement des nouvelles demandes de flux. Derrière cette solution d’intégration s’inscrit un projet de construction d’un catalogue de services comprenant notamment la mise à disposition de flux de données sur terminal mobile et l’installation d’un outil de GMAO (Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur) accessible sur tablette pour les agents de terrain. •

Aviva : un seul datacenter

En 2009, Aviva s’est réorganisée par régions et a initié un projet de concentration des datacenters (un millier de serveurs) sur un seul site. « Le projet devait être finalisé fin 2010 avec une feuille de route claire : respecter les délais, respecter le budget et que la DG n’entende pas parler de ce projet », se souvient Philippe Gibert directeur delivery services Europe, qui est intervenu lors du dernier Forum EMC, en novembre 2013. « Dans les datacenters, 25 % des serveurs ne servent à rien, soit parce qu’ils ne sont pas sous tension, soit parce qu’ils sont obsolètes », assène Philippe Gibert. Aviva a atteint un taux de consolidation de 95 % et un taux de virtualisation de 90 %. La réussite d’un tel projet suppose, pour Philippe Gibert, de prendre en compte plusieurs éléments : « Tout projet de transformation demande du temps, une unité de commandement et de passer à l’acte rapidement, en particulier en arrêtant de créer des slides pour justifier chaque décision ! »

Ensuite, il suggère « de se focaliser sur le delivery pour rendre les actions concrètes. » La gestion des problématiques techniques ne pose guère de difficultés. « Le plus délicat, c’est de gérer l’après-projet : les contrats de service, qui, souvent, restent dans les cartons, la conformité, les relations avec les DRH et les juristes, la protection des données… », liste Philippe Gibert. Sans oublier les problèmes politiques : « Cela fait 35 ans que je travaille dans l’informatique. Les dirigeants ne se sont jamais préoccupés de l’endroit où étaient les datacenters ni les machines. Mais quand il a été question de centraliser tous les serveurs dans un seul datacenter, ils souhaitaient tous qu’il soit installé dans leur région ! »