La prévention du risque épidémiologique est un enjeu sanitaire de premier ordre. Différentes approches sont expérimentées par les chercheurs pour prédire et détecter les épidémies le plus tôt possible, afin d’y faire face de la manière la plus efficace possible.
La santé fait partie des enjeux publics les plus sensibles. Dans un contexte d’échanges mondialisés, où chaque jour des millions de voyageurs empruntent l’avion, le train ou le bateau pour se rendre sur un autre continent, visiter d’autres pays ou simplement passer d’une ville à une autre, les épidémies trouvent un terrain propice à leur développement.
Face à ces menaces, les institutions chargées de la santé publique doivent rapidement mettre en œuvre des actions pour prévenir ou limiter la propagation des maladies, notamment en informant les populations concernées. Elles se sont donc dotées d’organes de surveillance, comme l’Institut de la Veille Sanitaire (INVS) ou le réseau de médecins Sentinelles à l’échelon national, ou, aux Etats-Unis, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (Center for Disease Control and Prevention). Ces acteurs ont pour rôle de détecter le plus tôt possible les signes d’apparition d’une maladie, et d’alerter si celle-ci dépasse un seuil épidémiologique (c’est-à-dire un nombre de malades défini à un instant t).
Pour prédire les épidémies, il faut tout d’abord collecter les données à l’aide d’outils spécialisés capturant les alertes sanitaires. L’INVS explique ensuite que ces données doivent être triées en se basant sur trois grands critères : « géographiques et populationnels, liés à la gravité de la menace et, enfin, aux caractéristiques de l’agent en cause ». Le temps d’incubation et la probabilité d’infection doivent notamment être pris en compte.
Inclure les déplacements aériens dans l’équation
D’autres données peuvent être utilisées ensuite pour déterminer où et comment l’épidémie risque de se propager. Ainsi, un article paru en octobre 2007 dans la revue CEA-Technologies présente un projet lors duquel des chercheurs du CEA, du CNRS et de l’Inserm ont travaillé avec leurs homologues de l’Université de l’Indiana sur un outil permettant de prédire le développement des épidémies en se basant sur le trafic aérien, grâce aux informations fournies par l’IATA (International Air Transport Association).
Testé en se basant sur l’épidémie de SRAS, cet outil développé par l’équipe de Marc Barthélémy était notamment capable d’identifier pour chaque pays les canaux les plus susceptibles de propager la maladie, par exemple les vols venant de Hong-Kong pour Paris et ceux venant de Paris et Londres pour Madrid. Il a également aidé à évaluer l’efficacité des stratégies de lutte contre l’épidémie, en montrant qu’il était plus efficace de combattre les foyers d’infection à la source que de restreindre le trafic aérien.
L’observation par satellite fournit des indices précieux
Une autre approche intéressante est la télé-épidémiologie, sur laquelle travaille notamment le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales). Les chercheurs ont en effet constaté que les épidémies sont fréquemment liées à des modifications de l’environnement ou du climat, les fièvres étant souvent corrélées à la déforestation ou à la mise en place d’un nouveau réseau d’irrigation par exemple.
Les données cliniques recueillies sur le terrain (taux de vaccination, développement agricole, pluviométrie, etc.) sont alors combinées à des observations par satellite, des données météorologiques et environnementales et des mesures scientifiques comme la température à la surface de l’eau. Tous ces paramètres aident à prédire l’apparition et l’évolution d’épidémies.