En matière de transformation des organisations, en particulier dès lors qu’il s’agit de transformation numérique, les injonctions paradoxales foisonnent. Rappelons que ce phénomène désigne deux obligations (injonctions) reçues par un individu, mais qui, se contredisant mutuellement, induisent une impossibilité logique à les résoudre ou les exécuter sans contrevenir à l’une des deux.
Ainsi, on peut affirmer à la fois que le numérique est source d’opportunités et qu’il ne faut pas s’y engouffrer parce que c’est trop risqué… Qu’il faut privilégier les méthodes agiles mais, en même temps, ne pas transformer les compétences de ses équipes de développement… Qu’il convient d’atteindre un degré de sécurité absolue du système d’information, mais qu’il ne faut surtout pas sanctionner les comportements à risques… Que DSI est la fonction la plus importante de l’entreprise, mais la cantonner à un rôle subalterne… Que les fournisseurs rêvent de rencontrer des DSI, mais qu’ils ne passent pas à l’action parce que les commerciaux n’ont rien de pertinent à leur dire…
On pourrait multiplier les exemples. Les psychologues montrent que la multiplication d’injonctions paradoxales peut perturber psychologiquement les individus, soumis à des incohérences qu’ils ne peuvent pas toujours gérer. L’injonction de « faire plus avec moins » est typique de ce phénomène. Les DSI sont probablement les premières victimes, et depuis longtemps, de cette injonction paradoxale. N’allons pas jusqu’à suggérer que le métier de DSI rend fou… Mais on peut, en revanche, affirmer que ceux qui occupent la fonction ont intérêt à être psychologiquement forts pour résister le plus longtemps possible…